Ces mots dits du jazz Par/by Marc Chénard
/ December 6, 2003
Version française...
All That Jazz : Un siècle d'accords et
de désaccords avec le cinéma
(Cahiers du cinéma / Festival international du film
de Locarno) août 2003 ; 231pp. Chronologie sélective commentée
ISBN 2-88642-363-1
Aussi nombreux soient-ils, les ouvrages dévolus au
jazz ne sont pas légion comme ceux consacrés au cinéma. Plus rares encore sont
les publications traitant de ces deux arts à la fois, d'où l'importance de
signaler toute nouvelle parution dans ce créneau particulier et somme toute
assez pointu.
Disponible depuis peu chez nous, le présent recueil
All That Jazz reprend, en version française, l'édition italienne, publiée
à l'occasion d'une importante rétrospective tenue en août dernier, en Suisse,
lors du Festival du film de Locarno. En neuf textes rédigés par autant d'auteurs
(incluant une préface par la directrice du festival, Irène Bignardi), ce tour
d'horizon recoupe autant d'aspects factuels dans ce rapport complexe que de
polémiques qui l'entourent. Essentiellement, les contributions proviennent de
personnalités du monde universitaire, bien qu'il y ait aussi deux essais par des
journalistes, l'un sur le cinéma, l'autre par le tandem français de Philippe
Clergeat et Jean-Louis Comolli, reconnus pour leur étude de 1971 sur le « Free
Jazz Black Power », rééditée l'an dernier dans la collection Folio. Et c'est
justement à ce sujet qu'ils avancent la proposition suivante : comme cette
musique est essentiellement collective de nature, elle est en quelque sorte
trahie par le médium visuel qui, lui, s'acharne à tout découper au moyen de
prises visuelles isolées.
Dans son ensemble, ce livre comporte d'une part,
des chapitres plus descriptifs, axés sur l'énumération et, d'autre part, des
écrits à caractère argumentatif, ces derniers d'abord fondés sur un point de vue
spécifique et appuyés d'exemples pertinents. Parmi eux, le texte de Ganpiero
Cane (« All Black Jazz ») soulève de nombreuses idées provocantes sur
l'évolution de l'idéologie des Noirs en Amérique, partant d'une acceptation
tacite du racisme en Amérique jusqu'à leur révolte des années 60 par le
militantisme politique et, plus indirectement, par la musique même. Entre autres
points, l'auteur met en doute toute l'importance accordée à cette prétendue
identification des Noirs avec l'Afrique, appuyant son propos ici de musiques de
Mingus, Coltrane, Coleman et Taylor, les trois derniers ayant ouvertement épousé
la cause du Free. D'un caractère plus sociologique et musicologique, ce texte ne
fait qu'effleurer le cinéma, ne lui réservant à vrai dire que les 4 dernières
pages sur 28. En dépit de cela, cet essai mérite une attention toute
particulière, puisqu'il cherche à dépasser les aspects purement factuels entre
ces deux arts et à mettre à jour d'importants enjeux idéologiques et
historiques.
Puisqu'il s'agit d'une traduction, le lecteur
attentif apercevra des coquilles par-ci, par-là, mais l'amateur de jazz, lui,
notera aussi quelques erreurs factuelles, entre autres l'identification du
clarinettiste en page 22 (il s'agit de Barney Bigard et non de Woody Herman),
l'inversion des instruments d'Art Taylor et d'Aaron Bell – batterie et
contrebasse respectivement, plutôt que le contraire (p.131). Et j'en passe...
Que dire sinon que les experts en cinéma n'ont pas toujours le bagage nécessaire
pour rendre justice au jazz (...et vice-versa sans aucun doute !).
Toutefois, il n'en demeure pas moins que ces
lectures substantielles, d'ailleurs agrémentées de plusieurs prises de vue
représentatives de toutes les époques, sont d'une aide précieuse pour embrasser
du regard cette aventure conjointe, et ce, depuis la parution du maintenant
risible Jazz Singner d'Al Jolson en 1927 (sans oublier une mention
furtive du film expérimental méconnu avec le pianiste ragtime Eubie Blake et le
chanteur Noble Sissle, tourné cinq ans plus tôt par l'inventeur du son optique,
Lee DeForest). En supplément, quatre entrevues offrent des perspectives
d'appoint présentées par des hommes du métier, la première avec le compositeur
Lalo Schiffrin (jadis jazzman avec Dizzy Gillespie et auteur de l'indicatif
musical de la télésérie Mission Impossible) et avec trois cinéastes
(Alain Corneau, Bertrand Tavernier et le réalisateur de la télésérie Jazz
de l'an 2000, Ken Burns). En conclusion, la chronologie sélective et
commentée de films à contenu jazzistique (regroupés par décennie et divisés en
catégories longs et courts métrages/films d'animation) boucle le tout avec
quelques sorties post 2000. Fortement recommandé à tous les amateurs de la note
bleue et fanas de la pellicule, bien sûr.
Reviews and Previews
Mark-Anthony Turnage / John Scofield:
Scorched
Deutsche Grammophon (20/21 Series) 474
292-2
For some, it may come as a surprise to find a
recording on the Deutsche Grammophon label reviewed in a jazz column, but with
increasingly fuzzy musical borders nowadays, anything and everything is
possible. On the one hand, we have Mark-Anthony Turnage, a British contemporary
composer whose œuvre is replete with jazz influences, including direct quotes
from be-bop tunes; on the other, we have jazz-fusion guitar hero John Scofield
with two accomplices, electric bassist John Patitucci and drummer Peter Erskine.
In between them are the Radio Symphony Orchestra of Frankfurt under the
direction of Hugh Wolff and the jazz big band of the Hessische Rundfunk (the
broadcast corporation in Hessen, Germany). Recorded live in Frankfurt, in
September 2002, this 63-minute side contains two-thirds of the actual concert.
As is the case with all such collaborations between jazz and the classics, the
paramount question, of course, has to do with the integration of both genres. It
is a thorny issue, which has dogged many attempts in the past, from the
basically stilted symphonic jazz works of the 1920s up to the much maligned
Third Stream experiments four decades later. For his part, Turnage has fared
pretty well in threading the guitarist and his music into his orchestral score,
at times letting the jazz unit strut its stuff by itself in its usual funky,
groovy fashion, while lifting some of their own musical tricks and scoring them
for the large ensembles. Of the thirteen tracks, the seventh, eighth and tenth
work pretty well in terms of integrating the guitarist within the larger musical
surroundings. It's worth noting that this collaboration is a follow-up of an
earlier one between these men, a smaller work of 1997 entitled "Blood on the
Floor", which was also performed in Germany. By no means off-the-mark, nor a
real ringer, this most ambitious undertaking is still a pretty clever one on the
whole, just like its title, which conceals its real intent, i.e. Scofield
Orchestrated.
Concert notes
With the holidays fast approaching and the
customary post New Year's lull in January, musical activity slows down on the
jazz/improv front, but here are a few items worth checking out in the next
couple of months:
- December 3 and 10: Lori Freedman (clarinets)
and guests in improvised music sessions
- (Casa Obscura, 8:30PM, 4381 Papineau, near
Marie-Anne)
- December 6: The Ken Vandermark Free Improvising
Trio from Chicago
- (Casa del Popolo, 4848, St-Laurent,
284-3804)
- December 12: The trio of pianist Michiel
Braam from Amsterdam (also at the Casa)
- Journées québécoises de l'impro en
musique
- (Théâtre de la Chapelle, 843-7738)
- January 29: Ensemble
Constantinople
- January 30: Thom Gossage and Other
Voices
- January 31: Steve Lacy and his Montreal
Ensemble (Malcolm Goldstein, Jean Derome, Lori Freedman, Gordon Allen,
Rainer Wiens, Nicolas Caloia, John Heward.)
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