Sorties côté disques... Sorties côté spectacles Par Marc Chénard
/ 3 septembre 2003
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À l'instar des deux ou trois dernières années, la
calendrier culturel montréalais s'annonce de nouveau bien chargé cet automne,
tant du côté du jazz que des musiques improvisées. Dès la rentrée, la première
semaine de septembre affiche deux noms, soit le R & B de Maceo Parker
(présenté le 5 au Metropolis dans le cadre des concerts hors-saison du festival
de jazz), puis les dix fous volants hollandais du Willem Breuker Kollektief
(de retour à la Sala Rossa de la Casa del Popolo le 7 après une prestation
enlevante au même endroit l'année dernière). Par contre, la grande rafale de
spectacles déferlera vraiment après l'Action de Grâce, inaugurée par l'événement
le « Nouveau Piano » de l'organisme Innovation en Concert. Au programme : 6
récitals de piano solo entre le 15 et le 19 octobre à la Chapelle Historique du
Bon-Pasteur, comprenant des performances de deux grands improvisateurs, le
Canadien Paul Plimley et sa réputée consœur américaine Marilyn
Crispell. (Cette série fera d'ailleurs l'objet d'un profil dans la prochaine
livraison de ce magazine). Dans cette même semaine, la série Silence on
jazze revient à la charge avec une treizième édition étalée sur neuf
jours... et bien campée dans le mainstream de cette musique. Outre une
participation pancanadienne, la programmation est étoffée de quelques visiteurs
de marque venus d'outre-frontière, dont entre autres l'alto Greg Osby, le
ténor Seamus Blake, le pianiste Geoff Keezer et la trompettiste
Ingrid Jensen. (Suite de cette histoire au prochain numéro). Pour les
plus audacieux, il y aura sept soirs de musiques improvisées et actuelles
présentées sous les auspices de la maison de production Super Musiques entre le
29 octobre et le 14 novembre dans la seconde édition de l'événement SuperOption.
La palette sera large, il va sans dire, soit du bruitisme des joueurs de tables
tournantes Martin Tétreault et Otomo Yoshihide jusqu'au funk
orchestral de Tom Walsh et son ensemble NOMA, le tout, encore une
fois, à la Sala Rossa.
Côté disque, les productions locales ne manqueront
pas non plus. Walsh et sa troupe feront justement l'objet d'une sortie sur
Ambiances Magnétiques, un de neuf titres prévus à sortir au cours des trois
prochains mois. Pour les jazzeux pur laine, les deux autres étiquettes locales,
Justin Time et Effendi, garniront à leur tour les bacs de nouveaux titres, la
première avec des enregistrements historiques d'Oscar Peterson (en 1958)
et de Michel Donato (en 1969) ainsi qu'une nouveauté de la chanteuse
Ranee Lee, la seconde avec, entre autres, des disques de François
Théberge, de Yves Leveillée et deThom Gossage. Fini l'été,
messieurs dames, à vos lecteurs lasers et fauteuils de théâtre !
Au Rayon du disque / Off the
Record
Yves
Robert In Touch (48'
de tendresse) ECM 1787
Tromboniste français, Yves Robert s'est fait
principalement connaître dans son pays et à l'étranger par son association avec
le joueur d'anches Louis Sclavis (notamment sur l'enregistrement Les Violences
de Rameau, publié d'ailleurs par la même étiquette que le présent DC, le premier
à son nom pour cette même maison de disques). À ses côtés, on retrouve le
violoncelliste Vincent Courtois et le percussionniste Cyril Atef, le premier
doué d'une ample sonorité lyrique, le second se livrant à un jeu fort nerveux,
mais tout en douceur à la fois, vu son usage quasi exclusif de balais. Quant au
leader, son jeu est assez mesuré dans l'ensemble et il affiche une nette
prédilection pour la sourdine et des notes longues et soutenues. Comme le dit
son sous-titre, cet enregistrement baigne dans une atmosphère de tendresse
certaine, si bien que la retenue ne permet pas à la musique de vraiment
s'épanouir. Par ailleurs, la pièce éponyme est entendue à quatre reprises, trois
fois comme vignette de moins de deux minutes et une autre vers la fin d'une des
trois plus longues plages étalées sur cette surface somme toute assez brève. Les
compositions du tromboniste ne sont pas sans rappeler certaines musiques
anciennes par leurs consonances fortement modales, ce qui ne déplaira
certainement pas aux amateurs du genre, quoique les trames rythmiques du
batteur, évocatrices du Moyen-Orient, bousculent les choses par moments. Bien
qu'assez sage dans son ensemble, la musique de ce disque baigne dans un certain
flou, d'où l'impression qu'on nous laisse sur notre faim. Souhaitons tout de
même que ce trio puisse poursuivre son travail, ne serait-ce que pour mieux
définir sa démarche et nous révéler tout son potentiel. Histoire à suivre ?...
Souhaitons-le. Marc Chénard
Metalwood Chronic Blue Thumb Records 4400678312
Trumpeter Brad Turner, saxophonist Mike Murley,
bassist Chris Tarry and drummer Ian Froman make up Metalwood, a successful
fusion band that has been earning critical praise and a wider fan base than that
enjoyed by most mainstream jazz artists in Canada. The rock/groove/hip-hop
elements that are crafted into its originals, along with the bona fide jazz
chops, give this band an edge in the instrumental music market. This summer's
double-billing with another fusion phenomenon, Martin, Medeski and Wood at the
Montreal and Vancouver Jazz fests, no doubt helped the Canadian quartet's
visibility and appeal with budding fans of this genre.
Chronic, the group's sixth recording
(they've averaged one a year since their start in 1997), is a return to the live
studio playing that was one of the reasons behind the success of their first
album. Seventies fusion is the stylistic focus here: shades of Weather Report,
Headhunters, Brecker Brothers and Miles Davis. Keyboard washes, funky bass
lines, complex prog-rock drumming, touches of Wayne Shorter's lyricism and the
explosive force that one finds in rock's best axemen. Case in point, the spirit
of Jimi Hendrix rises in "Babylon", whereas "Venus" has a compelling rhythmic
vamp and a looping motif. "Rodi", for its part, contains first-rate saxophone
and trumpet exchanges with nicely textured register leaps while "4 Speed" has
high rock energy as well as some uncanny tunesmithery of Stevie Wonder at his
best in the out-chorus of "Par-3".
?This is all pulled off with a high degree of
musicianship -- with no cast-aways or soporific stuff. One of the fascinating
things about jazz-rock fusion in its seminal days was that it hadn't been done
before, but this has, and the envelope is only barely pushed here. That said, we
should at least be thankful that the fare is not another serving of ersatz
bebop. PL
Lecture (jazz) Joachim Kühn – Une histoire du jazz moderne
(comprend un CD)
Marc SARRAZY, Éditions Syllepse, 2003, 264
p.
Inscrit au programme du FIJM de cette année,
le pianiste allemand Joachim Kühn demeure l'une des sommités du jazz
contemporain. En presque 40 ans de carrière, ce musicien de 59 ans qui a
participé autant à l'aventure du free-jazz que des musiques électriques
privilégie maintenant un style plus acoustique et l'emploi occasionnel du
saxophone alto. Éclectique à souhait, ce parcours tous azimuts fait justement
l'objet de la présente biographie, dressée par le journaliste musical français
Marc Sarrazy. La première tranche de cet ouvrage en deux volets raconte
chronologiquement les agissements du musiciens, tandis que la seconde reprend
plus ou moins la même histoire, mais en la décortiquant selon les rubriques
suivantes : l'emploi du saxophone, la période électrique, le piano solo, les
duos, le trio éblouissant avec le batteur Daniel Humair et le bassiste
Jean-François Jenny-Clarke et, en conclusion, un court exposé sur son approche
compositionnelle, le diminished-augemented system. Cette double structure
contient des redondances, si bien qu'on y trouve parfois des citations reprises
à peu près intégralement. En revanche, l'auteur a bien mené sa recherche en
interviewant de nombreux complices, des amis, le sujet lui-même et Rolf, son
frère clarinettiste. En plus de photos de toutes les époques et de quelques
reproductions de peintures de Kühn, ce livre comporte une discographie détaillée
et un CD de plus de 77 minutes aux plages entièrement inédites. Parmi ces
dernières, mentionnons deux titres réalisés en Allemagne de l'Est (1965) et un
extrait tiré d'une séance récente tenue dans sa terre d'élection, sur l'île
d'Ibiza. Une vie bien remplie, il va sans dire, et une histoire qui saura piquer
l'intérêt de ses fans et d'autres esprits curieux. De la bonne lecture et...
plusieurs bonnes écoutes aussi. MC
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