Le choix du mois Par Marc Chénard
/ 2 novembre 2002
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What Goes
Around
ECM 1777
Contemporain de Charles Mingus en son temps, Dave Holland semble avoir pris
la relève de son éminent prédécesseur, décédé en 1979. Non seulement est-il un
aussi grand virtuose de la contrebasse que le grand Charles, mais un meneur
d'hommes qui a su s'entourer de talents prometteurs, capables de voler de leurs
propres ailes (Steve Coleman, Greg Osby, Chris Potter, parmi d'autres). Artiste
de l'écurie ECM depuis près de 30 ans (son premier disque « Conference of the
Birds » de 1973 restant toujours la pierre angulaire de sa discographie), ce
chef d'orchestre de premier plan nous offre ici un enregistrement de grande
envergure. Outre les quatre acolytes de sa formation habituelle, huit autres
musiciens ont été rassemblés pour ce quasi-big band de tout premier ordre. Côté
répertoire, les sept compositions de Holland incluses sur cette généreuse
surface de 76 minutes ont été enregistrées précédemment (ce qui invite à
réécouter les versions originales par souci de comparaison), mais elles ont
toutes été savamment retravaillées par le leader -- qu'on doit aussi féliciter
pour avoir accordé une bonne marge de manœuvre à ses musiciens. Compte tenu de
la durée du disque, dont les plages varient de 6 à 17 minutes, tous les
participants sauf un (le trompettiste Earl Gardner) ont l'occasion de
s'illustrer comme solistes. Au gré de l'écoute, on sent toutefois une certaine
retenue dans les solos des trois premières plages, mais c'est au cours de la
quatrième que le groupe arrive vraiment à décoller, car le saxo ténor Chris
Potter y va d'une bien belle envolée, qui ne manque pas de stimuler les deux
intervenants suivants (Robin Eubanks, trombone, et Billy Kilson, batterie). Fait
saillant s'il en est un, le solo sans accompagnement de Holland au début du
dernier morceau est un moment de grâce de trois minutes, puisqu'il met son
éblouissante technique au service d'une profonde musicalité. Pour ceux et celles
qui, comme moi, ont loupé la première mondiale de cet ensemble au FIJM en
juillet 2001, cet enregistrement en studio, réalisé en janvier dernier, nous
brosse un portrait bien éloquent du jazz mainstream contemporain. Qui sait ?
Peut-être le dédicataire de la seconde pièce du disque, nul autre que « C.M. »,
glisse-t-il un sourire approbateur de son azur lointain... Marc
Chénard
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