Le centenaire de l'OSQ Par Bertrand Guay
/ 2 octobre 2002
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Prélude à la naissance d'un grand orchestre
Le vendredi 3 octobre1902 marquera la date
officielle de fondation de l'OSQ. Dès le 28 novembre 1902, un premier concert
est offert à la Tara Hall, située rue Sainte-Anne. Le succès est tel qu'à peine
une semaine plus tard, soit le 5 décembre, un second concert a lieu au même
endroit. Le programme de ce dernier concert comprend des œuvres de Mendelssohn,
de Verdi et de Joseph Vézina. La formation se présente sous le nom qu'elle porte
actuellement, soit « Orchestre symphonique de Québec ». Ce nom est toutefois
abandonné au profit de « Société symphonique de Québec » alors que le 23 février
1903, l'orchestre admet de nouveaux musiciens, dont quelques
professionnels.
Les vrais débuts de la Société symphonique de
Québec
Les 31 août et 1er septembre
1903, la Société symphonique se produit à l'occasion de l'inauguration de
l'Auditorium, (aujourd'hui le Théâtre Capitole). Ces deux concerts présentent
des programmes entièrement différents et connaissent un succès retentissant,
d'autant plus que pour l'occasion, Joseph Vézina a pu réunir huit solistes
réputés. Parmi ces derniers, on retrouve un jeune violoncelliste prodige de 17
ans, Rosario Bourdon, qui dirigera le tout premier concert du futur Orchestre
symphonique de Montréal en 1934.
À la suite du succès de ces deux
concerts, l'orchestre s'associe à la Société du parler français, avec laquelle
il organise des soirées que les Québécois apprécient grandement, et ce, pendant
plus de 40 ans.
Un nouveau chef et un orchestre rival
En 1924, Robert Talbot, violoniste, compositeur et musicologue, succède à
Joseph Vézina. Malheureusement, Talbot n'est pas un visionnaire et a, de plus,
une assez mauvaise santé. Certains musiciens décident, en septembre 1935, de
fonder un nouvel orchestre afin de combler le vide musical provoqué par la
raréfaction des concerts de la Société symphonique. Ils offrent à Edwin
Bélanger, un jeune violoniste d'à peine 24 ans, de devenir le directeur musical
d'un nouvel orchestre, qui sera baptisé Cercle philharmonique de
Québec.
Comme on peut s'en douter,
Québec ne peut entretenir deux orchestres d'envergure et, après bien des
déboires, on décide de fusionner les deux organismes. L'entente, survenue en
juin 1942, est doublement historique, puisque, en plus de ramener l'harmonie
entre les musiciens, elle conduit à l'adoption d'un nouveau nom, celui de «
Orchestre symphonique de Québec ».
Le règne d'Edwin Bélanger
C'est le chef du Cercle
philharmonique, Edwin Bélanger, qui prend en charge les destinées de l'OSQ. Sous
son impulsion, l'orchestre innove notamment en mettant sur pied les premières
séries de matinées symphoniques à l'intention des enfants. Le répertoire se
diversifie singulièrement. Bélanger n'hésite pas, notamment, à inscrire à ses
programmes des œuvres modernes, de compositeurs québécois et étrangers et
présente même quelques créations qui suscitent parfois de vives réactions de la
part du public.
Un chef prestigieux, Wilfrid Pelletier
En 1951, Edwin Bélanger doit
quitter son poste de chef de l'OSQ. On propose la direction à Wilfrid Pelletier,
ancien chef du Metropolitan Opera de New York et récemment rentré au Québec en
qualité de directeur des conservatoires. Poursuivant les efforts de ses
prédécesseurs, Pelletier contribue grâce à sa vaste expérience à rehausser le
niveau d'excellence de l'orchestre.
Françoys Bernier, chef assistant
En 1959, Wilfrid Pelletier embauche un assistant, Françoys Bernier, qui fait
ses débuts le 16 décembre 1959 -- il n'a que 30 ans -- dans La Création de Haydn.
L'arrivée de Bernier marque un point tournant dans l'histoire de la formation
québécoise, celle-ci devenant professionnelle, en grande partie grâce à l'esprit
d'initiative du jeune chef.
Bernier, qui dirige aussi plusieurs concerts, contribue à son tour à pousser
plus loin les limites du répertoire. Il propose notamment au public les
premières canadiennes de la messe Salve Regina de Jean Langlais,
l'oratorio L'Enfance du Christ de Berlioz et du célèbre ouvrage de Carl
Orff, Carmina Burana.
C'est également à l'initiative
de Françoys Bernier que l'on doit la fondation du Chœur symphonique, en 1964.
Deux ans plus tard, il prend la succession de Pelletier. Il demeure à la barre
de l'orchestre jusqu'en 1968.
Un premier chef étranger : Pierre Dervaux
Son successeur est Pierre Dervaux, l'un des plus grands chefs contemporains,
alors directeur musical de l'Opéra de Paris. Sa vaste expérience et sa direction
rigoureuse permettent à l'orchestre d'accomplir d'immenses progrès, notamment en
ce qui a trait à de la sonorité, l'un des chevaux de bataille de Dervaux. Devenu
directeur musical de l'OSQ, il invite à son tour de grands artistes, et même des
compositeurs tel qu'Olivier Messiaen, qui assiste en personne à l'exécution de
l'une de ses œuvres, Chronochromie, et qui se déclare enchanté de
la performance de l'orchestre.
Au cours de ses sept années de
règne, Pierre Dervaux contribue à la diffusion de la musique symphonique
française qu'il connaît, pour ainsi dire, de l'intérieur, et qui s'accorde tout
naturellement à son tempérament.
Le charisme de James DePreist
Dervaux demeure à la tête de l'OSQ de 1968 à 1975, et est remplacé par James
DePreist, chef de 1976 à 1983. DePreist, neveu de la célèbre contralto Marian
Anderson, qui avait déjà chanté avec le Club musical, conquiert ses auditoires
par son charisme et par les programmes audacieux qu'il présente. Il est
notamment le premier chef à diriger Le Sacre du printemps à la tête de
l'OSQ. Son exécution de la Première Symphonie de Mahler soulève
l'une des ovations les plus extraordinaires de l'histoire de
l'orchestre.
James DePreist possède l'art du
geste : sa direction a de l'élégance, de la finesse, du nerf. Le public lui est
très attaché et les concerts qu'il présente le lui démontrent bien.
Simon Streatfeild et le disque
James DePriest quitte son poste en 1983. Il aura pour successeur Simon
Streatfeild, ex-alto solo du London Symphony Orchestra et cofondateur de
l'Academy of St. Martin-in-the-Fields. Streatfeild enregistre cinq disques, soit
Les Abîmes du Rêve de Jacques Hétu, Harold en Italie de
Berlioz, Hommage à la Pavlova, disque comportant des extraits de ballets
célèbres, et Les grands duos d'amour de l'opéra français, avec la soprano
québécoise Lyne Fortin et le ténor Richard Margison. Streatfeild participe
également à l'enregistrement d'un disque consacré à des œuvres de Denys
Bouliane, paru en 1992, année où Bouliane était nommé compositeur résident de
l'OSQ. En 1993, paraît son dernier disque avec l'orchestre, consacré à Honegger,
Nigg, Messiaen et Arsenault.
Jeunesse et enthousiasme : Pascal Verrot
Au printemps de 1991, Simon Streatfeild quitte la direction musicale de
l'orchestre. Son successeur est un jeune musicien de 32 ans, Pascal Verrot. La
première saison de Verrot est marquée par quelques temps forts, tels que la
présentation de la Deuxième Symphonie de Mahler et par l'édition 1992 du
marathon.
Verrot cherche à colorer chacune
de ses saisons en leur associant un thème particulier. Une année axée autour du
chiffre 9 et ses diviseurs marque le 90e anniversaire de l'orchestre. Suivent
une saison russe, une saison « nature », une saison de légendes et une « année
des étoiles ». Enfin, en 1997-1998, à la suite du départ de Pascal Verrot, le
public assiste à « l'année des chefs » au terme de laquelle le chef actuel, Yoav
Talmi, est retenu pour succéder à Verrot.
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