Jazz CD Reviews / Critique CD Jazz
July 1, 2002
Version française...
The Jefferson Grant Quintet As One Jefferson
Grant Quintet Nisapa NI 2006 (69 min 50 sec)
This is the second
album by the Montreal-based quintet co-led by saxophonist Kelly Jefferson and
trombonist Kelsey Grant with support from drummer Martin Auguste, pianist Guy
Dubuc and bassist George Mitchell. Happily, As One
is driven by interesting, listener-friendly themes and structures.
All the tunes were
written by members of the group. A balanced blend of arranged, ensemble
statements with improvised sections that display inspired playing, the album
features a creative programming concept. It uses short fragments, fade-ins and
fade-outs, with the placement of the title cut "As One" half way through the
twelve pieces and then restated with variations at the end of the
disc.
Mostly relaxed in
mood, the music is an extension of past voices in jazz composition and is, in
that sense, rather classical and conservative. Audible influences include Wayne
Shorter, most evident in the dreamy-yet-funky "All Things Considered" and
Charles Mingus in the multi-sectioned quality of several of the tunes and in the
lyrical "Reflections of Romance."
An upbeat offering
that contains creative arrangements, good ensemble playing, and well-developed
solos, the recording is to be launched at the Jefferson Grant Quintet's concert
on June 30 at the Festival International de Jazz de Montréal's "Jazz d'ici"
series. Paul Serralheiro
Coltrane... encore et
toujours Live Trane The
European Tours Pablo 7-PACD-4033-2
L'année dernière, les 75 ans
de John Coltrane ont fait l'objet de sorties spéciales, dont celle de son
dernier concert de 1967 (chroniqué en octobre dernier dans ces pages). Le 17
juillet de cette même année, ce dernier « grand héros » du jazz passa l'arme à
gauche à 2 mois de ses 41 ans. Trente-cinq ans plus tard, la mémoire de cet
homme ne cesse d'alimenter la chronique, si bien que de nouveaux trésors cachés
font régulièrement surface, par exemple ce coffret de 7 disques compacts, qui
comporte 18 plages inédites sur les 39 enregistrées durant 3 tournées d'automne
entre 1961 et 1963.
Période dudit «
Quartet classique » (avec McCoy Tyner, Elvin Jones et Jimmy Garrison), celle-ci
était marquée de quelques changements d'effectifs. On note la présence du
bassiste Reggie Workman (avant l'arrivée de Garrison en 1962) et surtout d'un
second joueur d'anches, Eric Dolphy, tous deux ayant pris part aux séances de
1961.
La question se
pose pourtant quant au bien fondé de tels coffrets, surtout lorsqu'ils
reprennent un nombre limité de pièces, comme c'est le cas de la pierre angulaire
du répertoire coltranien, la chansonnette My favorite
Things, entendues ici à six reprises. À l'instar des mélomanes classiques
chevronnés qui apprécient comparer diverses versions de symphonies et de
concertos, l'amateur de jazz y prend son plaisir en découvrant l'improvisation
comme processus en développement perpétuel, exercice particulièrement fascinant
dans le cas de Coltrane. Bien qu'ayant assimilé le système des changements
harmoniques du bop du bout de ses doigts, il l'avait écarté pour bâtir des
longues lignes sur un nombre réduit de tonalités, une tendance qui le démarquait
de son ami Dolphy, qui cherchait à constamment les altérer. De cette
incompatibilité, un certain malaise plane tout au long du premier CD et des
trois premières plages du second. Il n'est donc pas surprenant que le tandem
Coltrane-Dolphy ne dura que quelques mois de plus. Libéré de ce dernier,
Coltrane pouvait approfondir sa démarche dite modale
en parfaite complicité avec son pianiste, propulsé par le feu nourri de son
batteur.
Dans l'ensemble,
plusieurs choses sont à signaler, entre autres l'usage presque obsessif des
mêmes pièces, certaines remontant aux années 50 (Training In, Mr. P.C.), la maîtrise accrue du saxo
soprano (comparez les versions de 1961 et de 1963 de My
Favourite Things), le peu de variance dans l'ordre des solos (à plus d'une
reprise Coltrane n'entre qu'en soliste après des longues interventions de piano
de batterie ou de basse) ou les entrées de jeu du saxo souvent similaires pour
les versions d'une même pièce. En revanche, certains imprévus surgissent aussi,
notament quelques très longs solos de contrebasse de Garrison, dont un, rare, à
l'archet, ou l'interprétation d'un thème au saxo soprano pour passer au ténor
dans la partie solo.
Bien que
surprenante, voire choquante pour certains à l'époque, cette musique n'a plus la
même brisance de nos jours, quoique la période tardive du maître (1965–1967)
reste toujours au ban. Mais que retenir alors de ces huit heures et plus
d'écoute? Outre les détails énumérés ci-haut, tous ces concerts d'automne donnés
dans les principales capitales européenes (Paris, Berlin et Stockholm étant
retenues ici) présentent un artiste qui poursuit inlassablement son travail,
insatisfait de lui-même comme il l'était toujours, mais visant toujours plus
haut. Par-delà son jeu, ses phrases caractéristiques imitées par tous, Coltrane
a empreint la musique d'une attitude qui appelle le dépassement et le rejet
constant de la complaisance.
Marc Chénard
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