Invitation à la danse baroque Par Frédéric Cardin
/ 1 mars 2001
English Version...
Marie-Geneviève Massé, la fondatrice de la troupe de danse baroque
L’Éventail, était de passage avec son groupe à Montréal le mois dernier dans le
cadre du spectacle « Voyage en Europe », en collaboration avec
l’ensemble Les Idées Heureuses, dirigé par Geneviève Soly. Nous nous sommes
entretenu avec elle. Marie-Geneviève Massé a tenu, d’emblée de jeu, à souligner
la qualité des musiciens québécois de l’ensemble Les Idées Heureuses. Elle qui a
travaillé avec les Kuijken, Malgoire, Rousset, etc. a été emballée par la
précision, l’élégance et le dynamisme des couleurs de l’ensemble dirigé par
Geneviève Soly. La chorégraphe, qui débuta sa carrière en 1980 – avec Francine
Lancelot, pionnière du mouvement de redécouverte de la danse baroque – raconte
que les débuts n’ont pas été faciles. « Ça faisait un peu curieux et même
pointilleux pour certains », affirme-t-elle. Puis deux commandes de Rudolf
Nureiev apportèrent de l’eau au moulin du mouvement. Après une baisse d’intérêt
au début des années 90 — « a cause de l’aspect pompeux et très stéréotypé
des (mauvaises) chorégraphies présenté dans certaines productions
cinématographiques » — la situation semble être, à l’heure actuelle, en
progression lente mais certaine.
Une situation encore fragile
Mais c’est loin d’être
facile. Un des aspects qui nuit le plus à la création de ces spectacles, c’est
le coût prohibitif qui y est relié. En effet, en plus des décors et costumes
élaborés, nécessaires à la recréation de l’esprit baroque, il y a le coût des
musiciens! « Il est difficile d’imaginer ce type de danse se faire avec une
musique sur bande! Aux 17e et 18e siècles, les musiciens étaient, bien sûr,
toujours présents. »
De plus, un seul festival baroque — celui de Sable-sur-Sarthe — inclut la
danse dans sa programmation régulière annuelle. Ailleurs, c’est encore à
l’occasion.
Innover pour survivre
Et pour que son art survive, il doit d’abord vivre. C’est pourquoi elle est
si enthousiaste à l’idée créer des œuvres, autant que d’en recréer. Et, pourquoi
pas, en commandant une musique à un compositeur contemporain. « Il
faudrait, bien sûr, respecter certains principes inhérents au baroque, mais
l’idée est très intéressante. J’attends une rencontre favorable! Vous savez, la
danse est comme une forêt. Certains arbres ont été plantés il y a 200 ans —
comme la danse baroque — d’autres, il y a quelques années seulement. L’arbre de
200 ans est encore là, mais il n’est plus exactement le même qu’à ses débuts. Il
s’est transformé, il a changé. Et ce parce qu’il est vivant! Si la danse baroque
veut vivre, elle doit être capable d’intégrer des éléments
d’innovation. »
Après la création de Don Juan de Gluck dans quelques mois, elle aimerait se
consacrer à la création d’un spectacle centré autour du thème de la sérénade.
« De la sérénade baroque, bien sûr, à celles de Schubert! Nous verrons bien
jusqu’où je pourrai pousser la danse baroque! »
English Version... |
|