La fiancée vendue de Bedrich Smetana Par Stéphane Villemin
/ 1 octobre 2000
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Hummingbird Centre, Toronto
Jeník Miroslav Dvorsky
Marenka Eva Urbanová
Kecal Dean Peterson
Krusina John Avey
Ludmilla Gaynor Jones
Vasek Benoît Boutet
Maître de manège John Kriter
Esmeralda Valerie Gonzalez
L'indien Christopher Cameron
Háta Sonya Gosse
Mícha Thomas Goerz
Chef d'orchestre: Kenneth Montgommery
Le succès de cet opéra ne réside pas dans son
livret trivial, qui de surcroît a plus que mal vieilli, mais
plutôt dans sa verve et sa candeur qui ne peuvent être
traités qu'au premier degré. La fiancée
vendue brille depuis 1866 grâce à son rythme et ses
étincelles de vie qui jaillissent tout au long de ses trois
actes. Le chef, Kenneth Montgommery, en symbiose avec l'esprit de
l'oeuvre, enleva l'ouverture de façon magistrale et confirma
jusqu'à la fin le ton à la fois folklorique et
pyrotechnique tout en maintenant la cohésion des ensembles.
Hélas mille fois, sa vision d'ensemble et son charisme furent
trahis par l'acoustique artificielle de la salle dont la correction
sonore renvoyait malheureusement trop d'orchestre sur la scène
et pas assez de voix dans la salle. Lorsque les instruments jouaient
dans la nuance piano ou dans les airs a cappella (ou
alors en tendant l'oreille), les vertus musicales de la voix de
Madame Urbanová s'avéraient bien réelles. La
pureté de sa diction et la chaleur de ses sonorités
auraient presque mérité le silence total. Miroslav
Dvorsky, le ténor slovaque qui lui donnait la réplique
sous les traits de Jeník, semblait aussi à l'aise
vocalement qu'engoncé théâtralement, alors que
son demi-frère, joué par le Canadien Benoît
Boutet réussit fort bien sur les deux plans. Kecal, le marieur
chanté par le baryton américain Dean Peterson avait lui
aussi une belle tenue malgré quelques faiblesses dans le bas
de son registre. Mais avec l'acoustique, il est permis de douter.
Quant aux choeurs, il était agréable d'apprécier
leur haute qualité rythmique et scénique. Tous les
choeurs ne savent pas dancer la polka et garder leur cohésion
comme celui du COC. Malgré des decors basiques et
déjà vus (l'opéra de Toronto est bien
nécessiteux), la mise en scène rafraîchie par
Reinhard Heinrich apportait une sorte de minimum acceptable en action
et en spectacle. Le fameux cirque était bien monté avec
son maître de manège texan (John Kriter) qui chantait en
anglais surtitré en tchèque, son équilibriste,
son cracheur de feu, son charmeur de serpent sans serpent et ses
clowns bien léchés. On dansa, on but de la
bière, la fiancée fut bien vendue et l'orchestre joua
bien, mais fort. L'amateur de belles voix fut frustré.
Stéphane Villemin
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