Raymond Dessaints -- Musicien sans frontières Par Lucie Renaud
/ 1 septembre 2000
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À
l'heure de la surspécialisation, Raymond Dessaints
navigue
à contre-courant aux commandes de l'ensemble à
cordes
Amati, qui fête cette année ses 15 ans. De
Bach à
Vigneault, il ne craint pas de décloisonner
les genres et
désire ouvrir un plus grand public à
la
musique.
Premier prix de violon du Conservatoire de musique
du Québec,
Raymond Dessaints s'est ensuite perfectionné
à Paris
et à Rome. Dès son retour en sol
québécois,
il passe haut la main l'audition à
l'OSM et Wilfrid Pelletier
l'engage sur-le-champ, lui offrant
même en prime quelques
élèves au Conservatoire.
Ses nombreux contrats d'enregistrement,
que ce soit dans le domaine
classique ou populaire (un vrai touche-à-tout),
lui laisse
bien peu de temps libre et il délaisse quelque
peu
l'enseignement. Après quelques stages en
direction
d'orchestre, il revient au Conservatoire et devient le
répétiteur
de Wilfrid Pelletier. À la retraite
de ce dernier, il continuera
de diriger l'orchestre du Conservatoire
pendant les 25 ans qu'il
y passera. Les classes de violon
débordant d'élèves,
on lui propose quelques
élèves puis une classe complète.
Il a la
piqûre.
Le
pédagogue
L'enseignement pour lui s'avérera
un immense défi.
« Il y a plusieurs années, le
niveau des violonistes
d'ici n'était pas ce qu'il était
dans les grandes
écoles internationales, se souvient-il. On
avait un recul
certain. Je croyais fermement que le Québec
possédait
autant de talent, mais l'enseignement manquait
généralement
de rigueur. Les jeunes débutaient
l'instrument trop tard. »
Il apprécie les mouvements
Suzuki, Vivaldi (mis sur pied
à Québec par Claude
Létourneau) et « Les
petits violons » de
François Cousineau, qu'il considère
moins comme des
écoles que comme un « magnifique outil
de
dépistage ».
Le défi a certes
été relevé car
une génération
d'excellents violonistes s'est développée
au fil des
ans. « J'ai eu la chance d'avoir des
élèves
très talentueux. J'ai toujours eu la
réputation
d'être sévère mais j'ai
l'impression d'avoir
enseigné de bons principes », dit-il.
Il parle avec
beaucoup de fierté de ses anciens
élèves qui
occupent maintenant des postes prestigieux
partout dans le monde,
que ce soit en Italie (Marco Mandolini joue
maintenant à
la Scala de Milan.), en Australie (Marcelle
Mallette y est violon
solo.), en Angleterre (Manon Derome est membre
de l'Academy of
Saint Martin in the Fields.) ou ici. (Angèle
Dubeau, Élaine
Marcil et Marie-Josée Arpin ont fait
partie de sa classe
d'élèves pendant de nombreuses
années.)
L'aventure
C'est en fondant le
Camp Musical des Lauren-tides (reconnu
depuis 1997 par le
gouvernement du Québec comme l'un des
trois camps musicaux de
formation professionnelle avec le Domaine
Forget et le Centre d'arts
d'Orford) que germe l'idée d'un
ensemble qui regrouperait
exclusivement d'anciens élèves.
Depuis 1986, la
particularité de l'ensemble reste sa
grande ouverture à
toutes sortes de répertoires.
Les concerts proposés
relèvent pratiquement du multimédia.
En effet, les
soirées sont articulées autour d'un
thème
précis, par exemple l'aventure amoureuse,
italienne (un grand
succès de la dernière année)
ou l'aventure
québécoise, mélangeant les
styles, du classique
plus sérieux aux derniers succès
populaires. Un
animateur, Robert Blondin, se joint à l'orchestre
à
cordes et les oeuvres musicales sont illustrées
par des
projections. Dessaints ne s'en cache pas: « On
ne
dédaigne pas la musique traditionnelle mais on veut
rejoindre
un autre public. Ce n'est pas parce que le
répertoire est
un peu plus léger qu'on le fait à
la légère,
au contraire. Les instrumentistes sont tous
très polyvalents
et se donnent totalement. Le public sort des
concerts le sourire
aux lèvres et les musiciens
aussi! »
La prochaine
génération
En 1997, l'ensemble Amati a
décidé d'étendre
sa toile à la
génération montante en proposant
aux jeunes du primaire
la série Amatinées. Ces concerts,
fort bien
reçus par les jeunes, combinent aussi musique,
animation et
projections, dans un tourbillon de styles et d'époques
allant
de Bach à Batman! Un jeune soliste de leur
âge,
étudiant au Conservatoire, les éblouit par
sa virtuosité
tout en les faisant rêver. À la fin
du concert, le
chef les invite à diriger l'orchestre et
à découvrir
les difficultés du métier.
Dessaints prévoit
intégrer les chorales scolaires
à l'ensemble cette
année et espère mettre sur
pied un cahier pédagogique
pour les enseignants et les
élèves. « C'est
un créneau qui
m'intéresse beaucoup », confirme-t-il.
« Il faut
former un nouveau public. C'est dommage
qu'une
génération entière soit privée
des
joies que procure la musique classique ». Et le
revoilà
parti vers de nouvelles
aventures!
L'ensemble Amati célèbrera le
Festival des
films du monde le 7 septembre à midi au Complexe
Desjardins
avec un programme de musique de films. Ils seront en
concert au
Musée des beaux-arts les 21 et 24 septembres (voir
calendrier). English Version... |
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