En France Mille E Tre Festivals Par Stéphane Villemin
/ 1 juin 2000
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Chaque été, dans l'ancienne France, les festivals
fleurissent un peu partout au hasard des chemins et des vieilles
pierres. Certains magazines comme Diapason et Le Monde
de la Musique tentent d'en faire l'inventaire dans leur numéro
de juillet, mais aucun ne parvient à l'exhaustivité
tant il y a, chaque année, de nouveaux venus alors que
d'autres disparaissent. À quel saint se vouer lorsque l'on
atterrit à Paris-Charles-de-Gaulle avec seulement quelques
semaines devant soi pour parcourir le territoire?
Se diriger vers les plus connus peut être un gage de
satisfaction. Aix-en-Provence et sa grande garden party
du lyrique ne manque pas d'atouts. Après le chant des cigales
de l'après-midi, le murmure des fontaines du cours Mirabeau
et les derniers cris des martinets, le chef lève sa baguette
alors que les ultimes rayons d'un soleil rougissant caressent
les pierres du théâtre de l'Archevêché.
La magie est garantie. En comparaison, Orange et ses Chorégies
fait figure de grand spectacle. Les opéras de Verdi y sont
très à l'aise. L'acoustique de l'amphithéâtre
est exceptionnelle (On entend tomber une pièce sur la scène
depuis les derniers gradins.), sauf lorsque le mistral décide
de gâcher la fête. Les grands festivals baroques de
Beaune, d'Ambronay, de La Chaise-Dieu et de
Saintes, pour ne citer qu'eux, combleront les amoureux
d'instruments anciens et de vieilles églises.
À côté de ces mille classiques du genre,
il y a, dans mon cur, un florilège réduit à
trois festivals n'ayant aucun rapport entre eux, si ce n'est la
qualité de leur programmation. Celui de Menton n'est
pas issu de la dernière pluie, puisqu'il fêtait son
50e anniversaire l'année dernière. Le talent de
son directeur, le regretté André Borocz, a toujours
été de mélanger les valeurs sûres d'aujourd'hui
avec celles de demain, comme il le fit avec Fazil Say, par exemple.
Le parvis de l'église Saint-Michel, qui ne se prête
qu'aux petites formations, le nombre limité de places ainsi
que son organisation quasi familiale contribuent au caractère
intimiste de ses concerts.
Avec seulement 20 bougies, le festival de la Roque d'Anthéron
(entre Aix et Marseille) est rapidement devenu le grand rendez-vous
international des pianistes. Exclusivement dévolu à
l'instrument roi, il admet toutefois quelques clavecinistes, comme
pour rappeler les liens ataviques qui les unissent. Les récitals
ont lieu pour la plupart en plein air dans le superbe cadre du
parc du château de Florans, avec tout ce que cela comporte
de poésie bucolique et d'interférences sonores (cadeau
des cigales!). Ce n'est bien sûr pas l'endroit idéal
pour réaliser un enregistrement pirate, mais plutôt
un havre de paix où la nature provençale semble
avoir apprivoisé un curieux animal chantant vêtu
en noir et blanc.
Les mélomanes las des sentiers battus et des mêmes
musiques ressassées toute l'année iront choisir
quelques pièces rares ou méconnues à l'affiche
du festival de Radio-France à Montpellier. Son directeur,
René Koering, s'est fait le chantre des compositions oubliées
et des compositeurs-princes-consorts qui, à tort ou à
raison, sont restés dans l'ombre des noms à succès.
Avec, entre autres, Die Propheten de Kurt Weill, Le
Combat de Tancrède de Monteverdi et Die Seejungfrau
de Zemlinsky, le millésime 2000 ne manquera pas de nous
étonner sinon de nous instruire.
Festival International d'Art Lyrique d'Aix-en-Provence :
8-25 juillet, tél. : 04 42 17 34 34
Chorégies d'Orange : 15 juillet-5 août, tél.
: 04 90 34 24 24, www.chorégies.asso.fr
Festival International de Musique Baroque de Beaune : 1-30
juillet, tél. : 03 80 26 21 33
Festival de Menton : 1-31 août, tél. : 04
93 35 82 22
Festival International de Piano de la Roque d'Anthéron
: 18 juillet-21 août, tél. : 04 42 50 51 15,
www.festival-piano.com
Festival de Radio-France et de Montpellier : 13-30 juillet,
tél. : 04 67 02 02 01, www.radio-france.fr/chaines/orchestres/festival-montpellier/ English Version... |
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