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La Scena Musicale - Vol. 5, No. 7

Pionnières de la musique canadienne

Par/by Lucie Renaud / April 1, 2000

Version française...


Jean Coulthard: avocate de la musique canadienne

Née en 1908 dans un environnement familial intensément musical, Jean Coulthard fut, dès son plus jeune âge, sensibilisée par sa mère pianiste au répertoire vocal et pianistique des impressionnistes.

En 1929, elle gagne la bourse du Vancouver Women's Music Club et part pour Londres afin d'étudier avec R.O. Morris, Ralph Vaughan Williams et Kathleen Long. En 1932, elle revient au pays, enseigne au studio de sa mère et tente également une percée à titre de chef d'orchestre du Vancouver Little Theater Orchestra.

Les années 1930 s'avèrent très frustrantes pour Coulthard. Les leçons reçues de Vaughan Williams ne l'ont aucunement préparée à la carrière professionnelle de compositrice. Elle apprend un peu par hasard que l'orchestre de Reading (en Pennsylvanie) recherche des partitions d'auteurs contemporains. Elle leur propose sa seule œuvre orchestrale de l'époque, Portrait, qui, à sa grande surprise, est retenue. Sa carrière de compositrice prend alors son essor.

En 1936, lors d'une visite à New York, Coulthard profite de l'occasion pour prendre quelques leçons avec Aaron Copland. Lors d'une rencontre, Copland lui joue ses Variations pour piano, composées en 1930. Étonnée par le modernisme agressif de ce piano percussif, l'idée des variations germe dans son esprit pendant des années pour culminer dans ses Variations sur Bach en 1951.

En 1947, Coulthard devient professeure au département de musique de l'Université de la Colombie-Britannique (UBC). Les œuvres des deux prochaines décennies adoptent un langage musical basé sur la tonalité traditionnelle (malgré son constant rejet de l'épithète « conservateur ») mais élargie d'harmonies essentiellement polytonales et d'éléments chromatiques.

Pendant les années 1950, les autres compositeurs canadiens, en particulier ceux de l'école torontoise des neoclassical serialists, dénigrent ses explorations, alors qu'en Europe, plusieurs musiciens reconnaissent l'intérêt de ses réalisations. Notons tout de même la création en 1958, par Maureen Forrester, de Spring Rhapsody, puis en 1959, celle du Concerto pour violon par Thomas Rolston, ardent défenseur de sa musique.

Dans les années 1970 et 1980, la popularité de Jean Coulthard renaît. Après avoir été ignorée pendant des années, Coulthard devient l'un des compositeurs canadiens dont les œuvres sont les plus enregistrées.

En 1988, la fête entourant son 80e anniversaire retient l'attention, notamment par la remise par l'UBC d'un diplôme honorifique. À l'occasion d'un discours présenté devant plus de 3000 personnes, Coulthard prend la défense de la musique canadienne, comme faisant partie intégrante de la vie culturelle et éducationnelle. Jean Coulthard poursuivit ses activités musicales, en créant de nouvelles œuvres et en retravaillant ses œuvres antérieures, jusqu'à la toute fin de sa vie. Le 9 mars 2000.


Violet Balestreri Archer: Canadian Avant-garde composer

On February 22 of this year, Canadian music lost one of its most distinguished teachers and composers, Dr. Violet Balestreri Archer. Dr. Archer composed over 220 works in many genres. She received numerous awards, honorary doctorates, prizes, and other forms of recognition, including a citation for distinguished service in music (1968) from her alma mater, Yale University, and the Order of Canada (1983). Her music is performed worldwide, and she is the subject of such books as Violet Archer and Bela Bartok (1996) by Christopher Geyer, and Violet Archer: A Biography by Linda Bishop Hartig (1991).

On February 22 of this year, Canadian music lost one of its most distinguished teachers and composers, Dr. Violet Balestreri Archer. Dr. Archer composed over 220 works in many genres. She received numerous awards, honorary doctorates, prizes, and other forms of recognition, including a citation for distinguished service in music (1968) from her alma mater, Yale University, and the Order of Canada (1983). Her music is performed worldwide, and she is the subject of such books as Violet Archer and Bela Bartok (1996) by Christopher Geyer, and Violet Archer: A Biography by Linda Bishop Hartig (1991).

Archer was born Violet Balestreri (Archer was the English translation of her family name) in 1913, in Montreal, where her parents had emigrated from Italy. Music had long been a part of family life. In Italy, singers and composers, among them Verdi, had often visited her father's restaurant after opera performances. As a youngster, Archer was enthralled by her father's musical stories, and growing up she became a fan of the weekly Metropolitan Opera and New York Philharmonic broadcasts.

By the age of 16, Archer was ready to tackle her first composition, based on a Tennyson poem she had been studying in school. She would sit at the piano for hours, exploring new sounds and tonal qualities. The budding musician was determined to study music at the university level and worked part-time as a teacher and accompanist to finance her studies. Her first composition teachers were Douglas Clarke, conductor of the Montreal Symphony Orchestra, and composer Claude Champagne. She later studied with Bela Bartok in New York. He introduced her to folk melodies and stressed the need for musical clarity and economy of means. Fellow composer David Duke gave a description of Archer as "a master of complex dissonant counterpoint and an artist who has often been inspired by simple folk materials; a pragmatist who has been able to reconcile creatively many of the major musical dialects of our century; an individual with a lively sense of adventure, diverse tastes and great sensitivity."

After teaching for four years at the Montréal Conservatory, Archer received a grant to study at Yale with Paul Hindemith. She completed her masters' degree, travelled around Europe, then started teaching in the United States. In 1962, a friend asked her help to put together a new music department at the University of Alberta in Edmonton. She gladly accepted the challenge. By 1971, the department was open to graduate students. Archer decided to remain in Edmonton, where she taught composition, theory, and piano, while composing a large body of music for young people. She felt it was of the utmost importance to open young minds to contemporary Canadian music—even before classical music. In her view, "If children, who readily take in new ideas, are not made aware of new harmonies, rhythms and melodies, our future audiences for contemporary music will never be created."

In 1994, Archer was awarded the Twentieth-Century Award for Achievement offered by the International Biographical Centre, an honour that comes once every century.


Barbara Pentland :

pure et dure

Pianiste, compositrice et professeure, Barbara Pentland peut sembler un peu en marge de l'univers musical de son époque. Née à Winnipeg en 1912, elle est atteinte d'une maladie cardiaque qui jette une ombre sur son enfance et la confine à des activités plus intellectuelles. Dès l'âge de 9 ans, elle commence à composer mais ses premières tentatives sont accueillies plutôt froidement par son professeur. Malgré tout, elle persiste dans cette voie, tout en prenant soin de garder secrets ses manuscrits. Ses pièces d'adolescente restent teintées d'enthousiasme juvénile pour la musique de Beethoven et la Révolution française.

Pensionnaire à Montréal de 1927 à 1929, elle reçoit ses premiers encouragements de la part de son professeur, Frederick Blair. Elle part ensuite étudier la composition à Paris. La polyphonie française et le chromatisme de Franck influenceront son travail au cours de la décennie qui suivra.

En 1936, elle obtient une bourse de la Juilliard School of Music. Pendant deux ans, elle peine sur la stricte technique de contrepoint palestrinien. La troisième année, sous l'influence de l'avant-garde newyorkaise, elle poursuit ses explorations sonores, guidée par Bernard Wagenaar. Elle se découvre une passion pour les œuvres de Hindemith et de Stravinsky qui, pour elle, combinent l'aspect rigoureux du contrepoint et la liberté harmonique.

De retour à Winnipeg, Pentland donne des cours particuliers et compose, entre autres, Beauty and the Beast et le Concerto pour violon et petit orchestre. Pendant les étés 1941 et 1942, elle étudie avec Aaron Copland, dont les Variations et le Concerto la marquent profondément. D'ailleurs, ses œuvres des années 1940 restent tributaires du néoclassicisme du compositeur américain.

Le vent va bientôt tourner et Pentland en vient à rejeter peu à peu les canons de la tonalité. Elle se bâtit une réputation de radicale et plonge dans le dodécaphonisme. Son Octuor pour instruments à vent, composé en 1948, est sa première œuvre sérielle. L'influence de Schoenberg persistera à travers ses œuvres jusqu'en 1955. Au cours d'un séjour à Darmstadt, elle découvre la musique d'Anton Webern, dernière inspiration majeure de son style.

Dans les années 1960, elle se met à la composition de pièces didactiques pour le piano qui initient l'élève aux techniques courantes du XXe siècle : rythmes ajoutés et alternés, canons rétrogradés, polyphonie non harmonique, musique sérielle.

Elle espère ainsi initier la nouvelle génération à une musique moins facile.

Consciente que ses œuvres pouvaient sembler froides et inaccessibles, elle n'émettra jamais le moindre regret. Elle ne se laissera jamais abattre par l'intolérance et écrira dans tous les genres. Barbara Pentland est décédée en février 2000, à l'âge de 88 ans, des suites de la maladie d'Alzeihmer.


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(c) La Scena Musicale