Les notes
1 mars 2000
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Plusieurs artistes de la scène internationale ont élevé la voix contre
Joerg Haider et son Freedom Party, au pouvoir dans le gouvernement de
coalition autrichien. Parmi ceux-ci, on retrouve, entre autres, le pianiste
Andras Schiff, qui a refusé de donner un récital à l'ambassade autrichienne
de Washington, et l'auteure dramatique autrichienne Elfriede Jelinek, qui a
refusé que ses œuvres soient jouées en Autriche aussi longtemps que M. Haider
fera partie du gouvernement. Le sujet a soulevé tout un débat à l'Orchestre
symphonique de Toronto. Plusieurs musiciens, dont le violoniste Jacques
Israelievitch, avaient demandé à l'orchestre d'annuler la tournée en
Autriche. L'organisation a plutôt préféré se rendre à Vienne et dénoncer
les politiques d'extrême droite de M. Haider en publiant à cet effet une note
du directeur musical Jukka-Pekka Saraste dans le programme et en ouvrant le
concert avec Méditation no 1, de la Messe de Leonard Bernstein, une œuvre
d'une profonde humanité. Le concertiste Israelievitch, qui a perdu sa famille
dans l'Holocauste, se rendra à Vienne à contrecœur, un refus l'excluant de la
tournée européenne au complet.
Marielle Leroux
Le numéro 18 (Décembre 1999-janvier 2000) du magazine Classica
fera sans doute date!
En effet, le poste de rédacteur en chef en a été confié
à Roberto Alagna, le célèbre ténor, le temps d'un numéro! Le chanteur a
proposé quelques personnalités qu'il jugeait dignes d'être découvertes par
les lecteurs et il a lui-même mené les interviews, posant les questions que
les amateurs d'opéra lui réservent le plus souvent. On découvre, entre
autres, Sir Eliot Gardiner, le cinéaste Henri Verneuil et le directeur du Théâtre
du Châtelet, Jean-Pierre Brossmann. Alagna se prête également volontiers au
jeu des confidences sur sa carrière tumultueuse. Cependant, il se livre très
peu sur le sujet de ses amours médiatisées avec la soprano Angela Gheorghiu.
Il va même jusqu'à commenter sa propre discographie et nous propose en CD
d'accompagnement ses coups de cœur vocaux, incluant, bien sûr, des prestations
de sa tendre moitié, mais également de chanteurs méconnus ainsi que de
vedettes du passé (Maria Callas, Christa Ludwig). Du bonbon pour les « fans »,
ce numéro confondra même les sceptiques!
Lucie Renaud
Fusion EMI-Warner Music Group : la naissance d'un géant crée des
remous.
L'heure est aux mégafusions de grandes corporations et le monde de la musique
n'y échappe pas. Une semaine seulement après avoir uni sa destinée à AOL, la
division musique de Time Warner, Warner Music Group, annonça à Londres le 24
janvier dernier son mariage avec la multinationale du disque et de l'édition
musicale britannique EMI. Cette transaction, évaluée à 20 milliards de
dollars américains, fait de l'alliance Warner-EMI le plus important éditeur
musical au monde.
Si cette fusion a de quoi réjouir les actionnaires des deux compagnies, elle
inquiète plusieurs professionels de l'industrie. Une des principales sources
d'inquiétude des observateurs de l'industrie du disque classique est le
regroupement sous un même toit de deux des plus imposants catalogues
d'enregistrements au monde. Une fois réunis, ces deux catalogues comprendront
des milliers d'enregistrements, certains parfois plus que centenaires, ce qui
représente une part considérable de l'héritage musical du XXe siècle, et
plusieurs craignent une négligence de cet héritage. Comme l'a affirmé un éditeur
musical au quotidien français Le Monde quelques jours après l'annonce
de la transaction : « Déjà qu'EMI et Warner ne savaient plus exactement ce
qu'il y a dans leurs catalogues, leur mariage ne va pas leur faciliter la clarté.
»
Si cette fusion est approuvée par les autorités antitrust américaines et
européennes, Warner EMI Music regroupera plusieurs dizaines d'étiquettes
prestigieuses telles Teldec, Erato, Finlandia, Nonesuch, Warner, EMI Classics,
Virgin et Blue Note. Le nouveau groupe se placera aussi, grâce à AOL, dans une
position avantageuse pour explorer les possibilités qu'offrent la distribution
et la vente de musique dans le réseau Internet. Trois mille des 23 000 employés
du groupe dans le monde perdront leur emploi à la suite de la restructuration
des deux compagnies.
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