Philip Glass - artiste multidisciplinaire Par Marielle Leroux
/ 1 février 2000
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Philip Glass est assurément l’un des compositeurs les
plus éminents et les plus prolifiques du XXe siècle. Il compte à son actif de
nombreuses pièces instrumentales, musiques de film, musiques pour la scène et
pour la danse et plusieurs opéras, le plus célèbre demeurant Einstein on the Beach,
une oeuvre d’une durée de cinq
heures, sans structure narrative, née d’une collaboration avec le metteur en
scène Robert Wilson,qui contribua lui-même à redéfinir l’opéra. Plusieurs
oeuvres furent composées pour le Philip Glass Ensemble, mis sur pied en 1968,
avec lequel le compositeur se produit toujours et qui reste un élément clé de
son expression créative.
Son écriture est généralement qualifiée de minimaliste,
un terme que Glass n’aime guère et qu’on attribue également à certains de ses
collègues, tels Steve Reich, Terry Riley, LaMonte Young et Meredith Monk. On
pourrait aussi parler de musique répétitive, « pulsative » ou, encore,
hypnotique. En simplifiant, on pourrait décrire ce style comme reposant sur de
petites unités sonores répétées et modifiées. Au sujet des grands artistes et
compositeurs qui l’ont marqué, Glass a déclaré dans une entrevue publiée dans
Culture Finder : « Ravi Shankar a certainement été une
influence des plus importantes pour moi […]. Il m’a inspiré à cause de ses
qualités personnelles, de sa profonde intégrité en tant qu’artiste et en tant
qu’être humain, et aussi comme musicien. Une deuxième influence serait mon
meilleur professeur de musique, Nadia Boulanger, avec qui j’ai étudié au début
des années 1960. »
Glass manifeste un intérêt évident pour les arts
multidisciplinaires et travaille étroitement avec des artistes provenant de
divers milieux : « Il est si intéressant de voir comment cette symbiose des
arts, cette synergie, se produit, par la personne ou par l’oeuvre », disait-il
encore en mars dernier. Nous pourrons apprécier un bon exemple de cet intérêt
créatif dans le programme présenté au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts à
Montréal les 24, 25 et 26 février 2000. On y entendra en première partie
In the Upper Room, écrit pour la chorégraphe Twyla
Tharp, une sélection de musique provenant de la pièce The
Photographer, des extraits de l’opéra Akhnaten
ainsi que trois sélections provenant de Kundun, un
film de Martin Scorsese sur la jeunesse du dernier dalaï-lama. La seconde partie
sera la première mondiale du film Anima Mundi du
réalisateur Godfrey Reggio avec la musique « en direct » de Philip Glass et du
Philip Glass Ensemble, dirigé par Michael Riesman.
Anima Mundi est une combinaison poétique de musique et d’images célébrant la
diversité de la nature. Au moyen d’images grandioses et somptueuses, le film
évoque des émotions amenant le spectateur à se sentir partie intégrante de la
nature. Le cinéaste nous présente une variété d’espèces et d’écosystèmes et
illustre les principes de l’unité de la nature, laquelle forme un tout malgré sa
diversité. La musique renforce l’impression de continuité et d’énergie de la
vie. La métaphore utilisée pour représenter la force et la beauté spirituelle de
la vie, l’âme de la nature, est la respiration. Le film suit donc un rythme
cyclique et une cadence continue.
Le titre Anima Mundi renvoie à
une conception mythologique des principes régissant la nature et les
interrelations entre les nombreuses formes de vie. Le film se termine par une
définition de l’anima mundi empruntée au Timée de Platon : « Ce monde est un être vivant doté
d’une âme et d’une intelligence, une entité visible et unique contenant toutes
les autres entités vivantes, qui par leur nature même sont toutes interactives. »
Cet événement Philip Glass est présenté dans le cadre du
premier Festival Montréal en Lumière. Information au (514) 288-9955 ou
1-888-477-9955.
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