Les flocons, la musique...

Version française...

À l'occasion des fêtes, nous avons demandé à quelques artistes de se remémorer ce qui, musicalement, les avait le plus marqués durant cette période, que ce soit dans l'enfance ou à l'âge adulte. L'émerveillement de l'enfance, bien sûr, l'emporte ici haut la main. Nous avons également demandé à ces musiciens ce qu'ils aimeraient le plus offrir, à Noël, comme cadeau... musical! Voici leurs réponses.

We asked several artists about their favourite holiday experiences and gift ideas.

Ma toute première pensée, c'est la messe de minuit à la Queen Mary Road United Church, où j'ai chanté pendant plusieurs années avec, entre autres, Christiane LeBlanc (ma soeur qui est maintenant réalisatrice-coordonatrice à Radio-Canada), Karen Young (chanteuse jazz de grande renommée) et la directrice musicale Carol Harris.

La musique était toujours très bien choisie à l'occasion de Noël. L'acoustique veloutée de cette église, dotée d'ailleurs d'un très bel orgue, ainsi que le dévouement et la générosité musicale de Carol Harris donnaient à nos chants une qualité émouvante et angélique. Je ne me souviens pas tant des pièces que de l'atmosphère qui régnait. Nous étions tous de bons amis, donc heureux de nous retrouver pour faire de la musique. S'ajoutaient parfois à nos voix de la percussion et d'autres instruments, dans un répertoire allant du moyen âge au XXe siècle. Notre façon de célébrer, c'était de chanter et de remplir l'église de sons touchants. Je me souviens aussi que chaque année, ou presque, une belle neige tombait à notre sortie de l'église. Un cadeau du ciel qui provoquait toujours la même réaction : « Oh... regarde la neige! Que c'est féerique... C'est vraiment Noël. »

Si j'ajoute à cela un petit souvenir de famille, ce serait celui-ci : ma mère, Marie-Germaine (professeur de chant) voulait toujours que nous chantions des chants de Noël le soir du réveillon. La plupart du temps, sa proposition était reçue avec très peu d'enthousiasme, jusqu'à ce qu'elle entonne Les anges dans nos campagnes ou Il est né le divin enfant. Nous devenions alors « inarrêtables », jusqu'à ce qu'on se retrouve complètement égosillées par les contre-uts d'un Minuit chrétien très opératique!

Musique que j'aimerais offrir...

C'est difficile de répondre à cette question. On veut toujours offrir un cadeau qui fasse plaisir à celui ou celle qui le reçoit. À Noël, on veut parfois entendre une musique que l'on connaît bien, qui nous fait sourire et nous rapproche des gens qu'on aime et qu'on a aimés. Donc, je voudrais vous offrir la musique qui vous parle, qui vient du coeur et qui est faite avec joie, quel que soit son style ou son pays d'origine.

Mon oncle était un chef renommé et mon grand-père, trompettiste à l'orchestre du MET. Alors, la maison était souvent pleine d'invités musiciens. Quand j'avais trois ans, la veille de Noël, il y eut un grand party chez nous. J'ai chanté, avec mon oncle au piano, la fin du premier acte de La Bohême, le rôle de Rodolfo, avec Bidu Saiao qui chantait celui de Mimi! Il faut dire que j'ai su lire et écrire la musique bien avant de lire et écrire les mots. Un autre souvenir, c'est qu'après un concert de Noël que je dirigeais dans le métro, j'ai entendu une femme dire que ce concert gratuit était l'unique moment de bonheur qu'elle avait eu durant cette période. Ça m'a beaucoup touché.

Un cadeau musical dépend de la personne à qui on l'offre... Je me souviens qu'il y a sept ou huit ans, j'ai trouvé le CD d'une vieille version du Messie de Handel avec Schwartzkopf et Gedda, dirigée par Klemperer, que ma femme avait beaucoup aimée dans sa jeunesse. C'est tout à fait autre chose qu'avec des instruments d'époque, mais c'est très beau! Je pense qu'il n'y a pas de saison pour la bonne musique. Je dois dire que mon épouse et moi, nous avons une tradition : quand nous faisons le sapin -- le sapin, pour moi, c'est très important --, nous avons l'habitude de boire une bouteille de champagne et de jouer de la musique de Noël!

Mon souvenir le plus marquant lié au temps des fêtes est qu'à l'âge de 11 ou 12 ans, j'ai assisté à un concert de Noël de l'Orchestre symphonique et du Choeur symphonique de Québec. Le concert débutait avec la première cantate de l'Oratorio de Noël de Jean-Sébastien Bach. L'audition du premier choeur de cette oeuvre -- avec son célèbre solo de timbales et ses fanfares de trompettes -- a produit sur moi un effet tel que je m'en souviens comme si c'était hier. Cette expérience a joué pour beaucoup dans ma décision de devenir musicien et a beaucoup contribué à ma passion pour Bach, qui n'a jamais diminué depuis. Et, aujourd'hui, j'entends encore ce choeur d'ouverture avec les frissons de mon enfance.

Quelle oeuvre offrir pour Noël? Ralala, c'est une question à choix multiples... Dans l'absolu, à quelqu'un qui n'a encore rien dans sa discothèque, j'offrirais l'oeuvre que j'emporterais avec moi sur une île déserte : la Passion selon saint Mathieu. Celle de Bach, bien sûr...

Ce dont je me souviens avec le plus de bonheur, c'est quand mon père jouait à la maison, pour son plaisir et pour le nôtre, la suite L'Arbre de Noël de Liszt. Il sortait le cahier presque chaque année. Ça se mêle, dans mon souvenir, à l'odeur du sapin, parce que, dans le temps, on avait de vrais sapins! C'est quelque chose de très clair dans ma mémoire et, aussi, de très touchant.

Quant à la musique que j'aimerais offrir, je ne choisirais pas un de mes enregistrements, parce que ça aurait l'air de dire d'acheter mes disques (rires). Je suis bien embêté. Est-ce que vous pourriez laisser un vide?

Aussi loin que je remonte, mon meilleur souvenir, ce sont les chants de Noël à la messe de minuit. Mon père dirigeait la chorale de l'église, à Jonquières. Ce sont des souvenirs très heureux. D'ailleurs, c'était systématique, il neigeait tout le temps à la sortie de la messe.. Une belle neige, de beaux flocons de Noël... C'est banal, mais je crois que ça a bercé toute notre génération. On a toujours beaucoup chanté en famille, parce qu'après mon père, c'est mon frère Jean-Eudes qui a dirigé la chorale. Avec lui, on a fait du grand répertoire, le Messie de Handel, le Magnificat de Bach, les cantates... Ça a duré toute ma jeune adolescence. J'adorais ça. Je ne me souviens même pas d'avoir appris les partitions : je les savais toutes par coeur!

Comme cadeau, si j'ai beaucoup d'argent, j'offre un instrument de musique. Autrement, j'offrirais le très bel album de Léo Ferré, où il chante Verlaine, Baudelaire, Apollinaire... Quand j'ai un peu de temps, ça prend la place d'autres disques dans mon lecteur. Je trouve ça magnifique. C'est vraiment un très beau cadeau. Il y a une grande poésie, la voix est belle, les arrangements aussi. Pour Noël, c'est vraiment génial.

Quand j'étais petite, ma mère avait demandé qu'on lui offre, à Noël, Parsifal de Wagner. Elle a effectivement reçu le coffret dans la version dirigée par Boulez, et nous avons passé la journée du 25 décembre, toute la famille en robe de chambre et en pantoufles, à écouter Parsifal. C'est un grand souvenir de Noël pour moi.

Si je me rendais chez un disquaire pour choisir un cadeau musical, j'offrirais certainement tout Bach. C'est la musique qui restaure l'équilibre, qui guérit l'âme, et nous avons bien besoin de ça en cette fin de siècle bien difficile et bien terne pour beaucoup de gens. C'est une musique qui donne chaleur et amour, qui nous élève l'esprit!

I remember that after singing the Bach Christmas Oratorio in Germany, Andreas Schmidt and I had dinner with Helmut Rilling and his wife. It was special -- they had real candles on their Christmas tree.

My gift suggestion would be Carlo Maria Giulini's version of Mozart's Don Giovanni with Joan Sutherland, Elisabeth Schwarzkopf, Giuseppe Alva and Giuseppe Taddei and the Philharmonia Orchestra on EMI. Eberhard Wächter is a great Don Giovanni. The interpretation and singing are wonderful, and everything is very clear. It's singing with real intelligence.

By Wah Keung Chan

Via email, cellist Amanda Forsyth suggests the complete collection of Jacqueline DuPre CDs on EMI, and for musicians, the "STRETTO" humidification system for the inside of the instrument case (Try Shar Fine Instruments).

By Wah Keung Chan