Les soixante ans de l'Orchestre de chambre McGill by Dominique Olivier
/ October 1, 1999
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Avec ses soixante ans d'existence, l'Orchestre de chambre McGill incarne pour
beaucoup le poids de la tradition. Cet ensemble, qui a contribué à créer la
vie musicale montréalaise telle que nous la connaissons aujourd'hui, est
pourtant tout tourné vers l'avenir. Boris Brott, fils du fondateur de
l'Orchestre, Alexander Brott, travaille maintenant de concert avec son père
afin d'ouvrir l'institution sur le XXIe siècle. Mais il n'aime pas parler de
changements. « Je préfère parler d'évolution », indique celui qui a pris,
partiellement, la relève. Certains acquis indispensables ont été préservés,
et un coup d'¦il sur la saison anniversaire permet de constater qu'on a voulu
rendre hommage au passé : le 13 septembre dernier, on faisait revivre le tout
premier projet d'envergure de l'Orchestre, par la présentation des Concertos
Brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach. De même, le concert du 1er
novembre sera consacré à la tradition du quatuor à cordes, puisque c'est
ainsi qu'est née l'institution. « C'est un peu un retour aux racines de
l'Orchestre », souligne Boris Brott.
Le passé reste donc présent, et plus qu'en filigrane, dans les projets élaborés
par les deux chefs de l'ensemble. « Ça serait beaucoup plus facile de
commencer quelque chose de complètement nouveau », admet cependant Boris
Brott. Pour donner une nouvelle vitalité à l'Orchestre, il faut surtout, selon
ce dernier, développer un nouveau public. « Il y en a qui disent qu'il y a
trop d'orchestres à Montréal. Peut-être. Mais c'est parce qu'on n'a pas assez
fait de travail de développement des publics. À cinquante ans, les gens sont
souvent plus attirés par la musique classique et les activités artistiques.
Par contre, les baby-boomers, qui sont une grande partie de notre public
potentiel, n'ont pas eu accès à une éducation où l'on privilégiait les
arts. Il faut donc les amener à la musique, en les intéressant et en leur
donnant de l'information. »
Pour ce faire, le format des concerts de l'Orchestre de chambre McGill diffère
cette année. Afin de dépasser le rituel « on vient s'asseoir, on écoute, on
applaudit et on repart chez soi », Boris Brott a élaboré un « concept » de
soirées musicales. Avant chaque concert, des conférences données par Richard
Turp mettront le public au parfum du répertoire présenté. Immédiatement après
ces conférences, un mini-concert « Prélude » sera donné par des élèves
des écoles de musique de la région de Montréal. Suivra le concert, qui sera
lui-même suivi d'une rencontre entre le public et les artistes, sous forme de réception.
Toute une soirée d'activités, plutôt qu'un simple concert, voilà ce que nous
propose cette nouvelle formule.
Le jeune public ne sera pas négligé non plus, et on ne lui consacrera pas
moins de quatre séries dans les saisons à venir. Un autre aspect des
changements à l'Orchestre est la présence des artistes canadiens, qui feront
les beaux jours de la saison 1999-2000. La nouveauté rejoint ici la tradition,
puisque l'institution, à ses débuts, n'aurait pas existé sans eux. Boris
Brott veut également créer des liens avec d'autres groupes musicaux à Montréal,
afin de rompre l'« isolationnisme » traditionnel des sociétés de concert. «
Nous voulons produire un renouveau pas seulement pour nous, mais aussi pour tous
les groupes musicaux à Montréal. » Et que pense Alexander Brott des nouvelles
idées de son fils? « Il faut voir les choses autrement sans perdre de vue ce
qui a toujours été notre but : donner la meilleure musique jamais écrite.
Boris donne beaucoup de vitalité à l'Orchestre, et c'est un homme très doué
pour organiser l'avenir! » Version française... |
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