Le Quatuor Molinari: musique pour l'oeil, peinture pour l'oreille Par Philip Anson
/ 1 mars 1999
English Version... La fondation, en 1997, du Quatuor
Molinari (QM) par la violoniste montréalaise Olga Ranzenhofer restera dans les annales de
la musique classique canadienne comme l'une des créations les plus originales que l'on
ait connues depuis de nombreuses années. En tout premier lieu, la nouveau quatuor répond
à un besoin de disposer, ici au Québec, d'un ensemble qui serait totalement voué au
riche répertoire de quatuor à cordes du vingtième siècle. Deuxièmement, le Quatuor
Molinari a créé une série de brillantes manifestations éducatives et interactives qui
réunissent les univers complémentaires de la musique et des arts visuels.
À notre époque de créations multimédias, il
semble parfaitement naturel qu'un nouvel ensemble comme celui-ci cherche à forger une
alliance avec les arts plastiques. «J'ai toujours été convaincue que les diverses
formes d'expression artistique - la musique, la danse, la peinture, la sculpture -
constituaient un seul et même tout», nous dit Mme Ranzenhofer, qui est également membre
de l'Orchestre Métropolitain et de la Société de musique contemporaine du Québec.
«Lorsque nous avons rencontré Guido Molinari, ce
fut l'accord parfait, explique-t-elle. Il s'intéresse beaucoup à la musique
contemporaine parce qu'il vient lui-même d'une famille de musiciens - son père, qui
jouait du piccolo à l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), fut même l'un des
membres fondateurs du syndicat des musiciens. Nous nous sommes fixé comme objectif commun
de nous servir de l'éducation pour abattre les barrières entre les arts. Molinari nous a
offert son studio - une ancienne banque, à l'angle des rues Ste-Catherine et Darlington -
pour y organiser des conférences et des concerts.»
C'est ainsi que le quatuor a élaboré sa formule
actuelle de causeries informelles, suivies, à une semaine d'intervalle, de concerts de
facture conventionnelle. Lors d'une causerie typique, on décrira la musique et son
contexte sociopolitique, et puis on en jouera des extraits pour faire ressortir les
structures d'une musique moderne qui est souvent d'un abord étrange et pose un défi à
l'auditeur. Il arrivera que l'on distribue des extraits de la partition, surtout si le
style de notation du texte musical échappe aux règles traditionnelles. En deuxième
partie, un artiste spécialiste d'un des arts plastiques viendra, à l'invitation de
Molinari, décrire son œuvre et tracer des parallèles entre son art et la musique.
L'auditoire est invité à poser des questions et à engager un débat.
Après avoir connu un remaniement de personnel l'an
dernier, le QM se compose maintenant des musiciens suivants : Olga Ranzenhofer; Johannes
Jansonius, violoniste à l'OSM; David Quinn, altiste à l'OSM et Sylvie Lambert,
violoncelliste à l'OSM. Ils pratiquent ensemble neuf heures par semaine. Jusqu'à
maintenant, le QM a donné quatre concerts-conférences avec des artistes-conférenciers,
dont les regrettés Jean McEwen et Serge Lemoine. Le QM a interprété des œuvres de
Barber, Bartók, Chostakovitch, Glass, Webern, Kurtag, Ligeti, Scelsi et Schnittke. L'an
dernier, il commandait à Ana Sokolovic une œuvre intitulée «Blanc dominant»; plus
récemment, il a commandé une autre partition à Michel Gonneville, en prévision de la
parade Esprit de clocher de juin 1999.
Les mois à venir nous réservent un programme
encore plus intéressant, dont l'avant-première du Quatuor no 7 de Murray Schafer
(une commande du QM), à Montréal, le 1er mai. À cette occasion, les membres du quatuor
se promèneront dans la salle, vêtus des quatre couleurs primaires - le rouge, le vert,
le jaune et le bleu - tandis que le soprano Donna Brown psalmodiera des textes d'un poète
schizophrène. La création officielle de cette œuvre aura lieu à Ottawa, le 4 mai
1999, dans le cadre du festival Strings of the Future (www.stringsofthefuture.com). Le 26 mai, le QM
sejoindra à l'OSM, sous la direction de Charles Dutoit, pour interpréter le Concerto
pour quatuor à cordes et orchestre de Martinu. Le QM se rendra également à Québec
pour participer au festival Musique au Présent en juin. En décembre, le QM organisera
une manifestation spéciale : un festival Schafer, comportant des exposés et des
conférences en présence du compositeur, en plus de l'exécution intégrale, en une même
soirée, des sept quatuors à cordes de Shafer. Ce concert sera enregistré, pour être
endisqué sous étiquette ATMA. Ce sont là des débuts extrêmement prometteurs pour les
membres d'un si jeune ensemble : nous leur transmettons nos meilleurs vœux de
succès!
Manifestations à venir
Dialogue au Studio. Thème : Contacts. Musique :
Schnittke, Korngold, Schafer. Volet arts visuels : Irene Whittome. Le 21 mars, à 14 h.
Concert. Quatuor no 3 (1983) d'Alfred
Schnittke, Quatuor no 3 (1945) d'Erich Korngold, Quatuor no 3 (1980) de R.
Murray Schafer. Le 19 mars, à 20 h, à Trois-Rivières. Le 26 mars, à 20 h, à Montréal
(concert diffusé par Radio-Canada).
Dialogue au Studio, avec Molinari et R. Murray
Schafer. Thème : Rencontres. Musique : Concerto pour quatuor à cordes de Martinu
(pianiste : Jean Saulnier), Quatuor à cordes no 7 (1998) de Shafer. Tableaux :
Guido Molinari et R. Murray Schafer. Le 1er mai, à 14 h.
Concert. Le QM et l'Orchestre symphonique de
Montréal. Salle Wilfrid-Pelletier, Place des Arts, Montréal. Le 26 mai, à 10h30.
Téléphone : (514) 842-9551.
Adresses. Concerts : Salle Redpath, 3461, rue
McTavish, Université McGill, Montréal. / Salle Rodolphe-Mathieu, Université du Québec
à Trois-Rivières. Dialogues : à l'Atelier, 3288, rue Ste-Catherine Est. Billets et
renseignements : (514) 527-5515, ou à l'entrée. English Version... |
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