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La Scena Musicale - Vol. 16, No. 10

Jazz : BD Blues, Randy Weston, critiques et festivals

Par/by Marc Chénard / July 1, 2011

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BD Blues
par Marc Chénard

Au tournant du XXe siècle, trois formes d’expression artistique inédites sont apparues : le cinéma, le jazz et… la bande dessinée. Dans le cas du septième art, la projection inaugurale des frères Lumière en 1896 ne laisse aucun doute sur ses origines précises. Ce n’est pas le cas des deux autres. Pour le jazz, on peut remonter la filière jusqu’en 1917 avec les premières plaques gravées par l’Original Dixieland Jazz Band, mais cette musique mijotait déjà des années plus tôt, son point alpha demeurant cependant toujours sujet à conjectures. La bande dessinée, pour sa part, fut plus ou moins une excroissance de la caricature, employée dans les journaux de l’époque pour fustiger la classe politique et la bêtise humaine dans tous ses excès.

Le jazz illustré
Un siècle plus tard, l’art du grand écran, de la note bleue et du phylactère ont acquis leurs lettres de noblesse, le cinéma étant certainement le plus lucratif des trois, le jazz célébré à l’échelle de la planète par des festivals de tous acabits, la bande dessinée officieusement reconnue comme « neuvième art » (la télé étant le huitième).

Sujet de maints ouvrages, le lien jazz-cinéma fait l’objet de rétrospectives ponctuelles dans les cinémathèques, voire dans des programmes de festivals. Quant au couple jazz-bande dessinée, ses attaches sont plus ténues, bien que les deux genres aient des points en commun. Arts populaires à l'origine, ils n’affichaient ni prétention artistique, ni dessein d’anoblissement, mais une intention de plaisir et de divertissement. Dans les milieux bienséants, le jazz était considéré comme un fruit défendu, une « musique du diable », alors que la bande dessinée, beaucoup plus innocente, faisait office de littérature pour jeunes (au mieux) ou pour cancres (au pire). De ce fait, jazz et bande dessinée ont longtemps été mésestimés par les musicologues ou les analystes littéraires qui les rangeaient parmi les arts mineurs, peu substantiels et dépourvus d'intérêt. Avec le temps, ils se sont émancipés à bien des égards; aujourd'hui le jazz résonne dans les grandes salles de concert du monde comme dans les tout petits clubs, et la bande dessinée rejoint un public à la fois adulte et jeune. Elle est même consacrée par des festivals, notamment celui d’Angoulême en France. Par ailleurs, l’époque des jugements moraux est révolue, comme l’attestent programmes d’études et sommes musicologiques sur le jazz, ou analyses sémiologiques sur la bande dessinée. Mais par-delà ce constat, qu’en est-il des rapports entre eux ?

En fouillant le sujet, on repère de temps en temps des connexions incidentes, par exemple un épisode se déroulant dans un bar de jazz enfumé à l'atmosphère de film de série B. Cette relation plutôt distanciée peut être qualifiée de « décorative », pour reprendre le terme de la notice sur la BD contenue dans le Dictionnaire de jazz Robert Laffont, signée P.-H. Ardonceau (collection Bouquins, 1988 et 1994). Deux autres « registres » sont également identifiés dans cette entrée (pp. 52-53).

Le premier, didactique, est destiné tout simplement à raconter en images (et de manière très cursive) la vie d’un jazzman. Durant l’âge d’or des hebdomadaires de BD françaises et belges (Tintin, Spirou, Pilote), ce genre de récit surgissait occasionnellement au fil de pages consacrées à des héros sans peur et sans reproche. (Pour l’anecdote, l’auteur se souvient d’avoir lu dans un lointain passé la biographie illustrée de Sidney Béchet étalée sur quatre maigres pages d’un magazine Tintin des belles années.) Pourtant, avec l’évacuation graduelle du jazz comme musique populaire et la disparition de ces publications, cette juxtaposition disparaîtra, du moins jusqu’au nouveau millénaire, qui voit la sortie d’une série anthologique de compacts de jazzmen comportant une BD (voir pistes de lecture en fin d’article).

Le second de ces registres, le romanesque, est plus fécond d’une perspective littéraire. Ici, le jazz est plus qu’un accessoire, mais bien une composante à part entière de l’intrigue. Plus précisément, le milieu du jazz devient le cadre de l’histoire et les principaux personnages des calques de véritables jazzmen. Parangon du genre, Barney et la note bleue de Loustal et Paringaux évoque toute la mythologie du jazz des années 1950, mythologie qui a toujours exercé un fort attrait sur les Européens (Français en particulier). Basé sur la vie du saxo ténor Barney Wilen, le livre raconte la vie déréglée d’un musicien narcomane, à la manière de cet anti-héros par excellence qu’était Chet Baker. Fiction et réalité se chevauchent, mais le drame finit par emporter le protagoniste au milieu de tous les clichés d’usage, comme l’ultime dose de drogue ou encore le lancinant leitmotiv de Besame Mucho, le morceau fétiche du musicien. Développé en Europe, ce courant de BD jazz romancé compte d’importants créateurs, le plus renommé étant l’Italien Guido Crépax (connu également pour ses BD érotiques). Aussi étonnant que cela paraisse, cette catégorie littéraire a été beaucoup moins exploitée par les bédéistes de la mère patrie du jazz, à l'exception notable de Robert Crumb .

Pour terminer, mentionnons aussi la relation inverse, le jazz inspiré de la bande dessinée. On connaît bien la musique du pianiste Vince Guaraldi, composée pour les dessins animés de Peanuts dans les années 1970 ou encore les reprises plus « trash » des musiques de séries télé comme Batman par John Zorn et son groupe Naked City.

Signalons enfin, les pièces aux titres de héros de BD, dont Captain Marvel de Chic Corea que Stan Getz rendit célèbre sur un disque du même nom de 1975.

Pistes de lecture :
» Barney et la note bleue, éd. Casterman, 1987
» Mister Nostalgia. Rober Crumb (Trad. française, éd. Cornelius, 2000)
» Jazz Club. Alexandre Clarisse, éd. Dargaud, 2007
» Collection Jazz et BD, éd. Nocturnes (quinzaine de titres, incluant CD et monographie)


Randy Weston

Il vient tout juste de donner un concert solo piano exclusif à Toronto le 26 juin. En avril, il célébrait ses 85 ans. Musicien afro-américain jusqu’au bout des doigts, Randy Weston est depuis plus d’un demi-siècle le chantre de l’ascendance africaine du jazz. Voici deux documents qui rendent compte de sa longue carrière, le premier en sons, le second en mots.

Randy Weston and his African Rhythms Sextet :
The Storyteller
Motéma 2011

Enregistré en concert à New York en décembre 2009, The Storyteller porte bien son titre, car il révèle toute l’éloquence du pianiste comme poète musical et conteur d’histoires. La participation du tromboniste Benny Powell, mort six mois plus tard, rend cet enregistrement d’autant plus poignant. Suite à l’ouverture en solo de Weston, une dédicace au légendaire percussionniste cubain Chano Pozzo, le groupe interprète African Sunrise, une suite en hommage à Dizzy Gillespie et à l’orchestre de Machito créée en 1984 à Chicago. Marqué également par les musiques traditionnelles et populaires de l’Afrique – que le pianiste a visitée à de nombreuses reprises depuis les années 1960 –, Weston offre ici une nouvelle version de son triptyque African Cookbook, lequel traduit les impressions tirées de ses premiers séjours. De toutes les pièces de ce généreux concert, The Shrine est la plus spirituelle : des conversations très intimes se déroulent entre le piano, la flûte (du joueur d’anches T.K. Blue) et le trombone, le chef communiquant avec les esprits, l’orchestre atteignant même un moment de transcendance. La finale, Love, the Mystery of, évoque un thème joué autrefois par le groupe de Cannonball Adderley, Primitivo, avec sa touche exotique de flûte sur un fond de basse bourdonnante, ici reproduite par T.K. Blue et le bassiste Alex Clarke. Avant cette finale, le sextette reprend le thème fétiche de Weston (Hi-Fly) sur un tempo de ballade, avec des variations thématiques offertes par le chef et ses instrumentistes à vent, rejoints par le percussionniste Neil Clarke et le batteur Lewis Nash dans Fly Hi, extension naturelle de la plage précédente. Ce disque signé de main de maître par ce grand du jazz saura aussi bien combler les attentes de amateurs aguerris que séduire les néophytes. Alain Londes

[Traduction : Marc Chénard]

Randy Weston in words
African Rhythms: The Autobiography of Randy Weston
(Written in collaboration with Willard Jenkins)
Duke University Press, 2010, 352 pages
ISBN 978-0-8223-4784-2

Autobiographies are a particularly tricky literary genre. Subjective by nature, they can either lapse into self-aggrandizing puff pieces or wallow in excessive pathos, the latter of which generates more readership interest, such as in those kiss-and-tell-all stories. But in Randy Weston’s own first person account, there is little to find in that regard, which doesn’t mean that it falls into the other category. What is hyped and promoted throughout are his unshakeable beliefs in his own roots, as a Black American of African heritage. In over 300 pages, he recollects his 80-plus years on this planet, starting in his native Brooklyn with the pride instilled in him in his youth by his own father, a firm believer of that ancestral heritage. From his admiration of such emblematic figures as Coleman Hawkins and Thelonious Monk, Weston purses his readings and listening of cultures of the Black Diaspora to its source.

Benefitting from several trips to that continent in the 1960s, he would eventually settle in Morocco, where he discovered the spirituality of the Gnawa people. While he is the storyteller (the ‘composer’ as posited in the book), jazz journalist and promoter Willard Jenkins acts as the ‘arranger,’ the scribe who shapes up the story for publication. Throughout, Weston’s adherence to his cause and beliefs speaks genuinely, and we learn some about his music, too (like his affinity to pieces in waltz-meter). One quibble, though, are numerous repetitions of facts (sometimes merely paragraphs or pages from each other), as often happens in conversations or spoken monologues. Copy editing is almost perfect, one misspelled name here being ‘Charlie’ (rather than Charli) Persip and a reference to a woman friend by the name of Gil Melle (or is it Meller ?), leading to confusion with the late saxophonist of the same name. All told, this is a worthy entry in the jazz-lit idiom and a fine account of a life well lived. Marc Chénard


Traditional New Orleans Jazz:
Conversations with the men who make the music
Thomas W. Jacobsen, Louisiana State University Press, 225 pages+index
ISBN 978-0-8071-3779-6

In his introduction, the author states: “this book aims to give a picture of the traditional jazz scene in New Orleans today, a century or so after the inception of this music, as gleaned from interviews with some of its leading local practitioners.” And this is just what it does, with relaxed, insightful interviews with nineteen musicians, divided into three groups—native New Orleanians, transplants from elsewhere in the United States and transplants from abroad.

The first of three groups of interviewees includes trumpeters Lionel Ferbos, Irving Mayfield, Leroy Jones and Gregg Stafford; cornettist Eddie Bayard; trombonist Lucien Barbarin; multi-instrumentalist Don Vappie; clarinetists Tim Laughlin, Joe Torregano, Dr. Michael White, and drummer Herlin Riley. The second group—transplants from elsewhere in the United States—is comprised of trumpeter Duke Heitger; clarinetists Jack Maheu, Evan Christopher and Tom Fischer; and pianist John Royen. The last group, the international transplants, is made up of trumpeter Clive Wilson, clarinetist Brian Ogilvie and drummer Trevor Richards.

This book achieves what it sets out to do, and anyone interested in New Orleans-style jazz, particularly anyone planning a visit to the Crescent City, will find this read most enjoyable and informative. But it does more than that: it gives an insight into the very special culture of the city, the community spirit of the musicians and their determination to keep their unique contribution to American music as a living art and not a mere museum item. Ron


Au Rayon du disque: Variations à quatre
Marc Chénard, Félix-Antoine Hamel, Annie Landreville

François Bourassa Quartet : Idiosyncrasie
Effendi FND111

François Bourassa fait partie de notre paysage musical depuis les années 1980, mais c'est surtout depuis 2001, avec son disque LIVE, puis avec Indefinite time, son premier vrai opus en quartette, qu'il semble avoir acquis une reconnaissance et une notoriété à la hauteur de son talent. Ce huitième disque nouvellement mis en marché s'intitule Idiosyncrasie, intitulé aussi amusant qu’intriguant : est-on en territoire philosophique ? psychologique ? voire médical ?... Ce disque, qui forme un tout assez cohérent avec son prédécesseur Rasstone, est cependant un peu moins éclaté que Indefinite Time. Résolument contemporaine, la musique de Bourassa est interprétée avec grand panache par ses fidèles alliés, le bassiste Guy Boisvert (à ses côtés depuis toujours) et le batteur Philippe Melanson (qui a bien fait ses classes). Le disque offre de bons solos de piano et de saxophone, entre autres dans la Suite allemande (bien épicée !), André Leroux s'y faisant particulièrement intense. Aussi agile que fluide, le jeu du pianiste et compositeur est riche et bien assumé. On se donne le temps de bien faire les choses, de développer les thèmes et d'improviser généreusement. Une belle ballade lyrique, Offrandes, permet d'entendre la contrebasse à l'archet, agréable douceur. Chiller night en revanche est sombre comme un soir d'Halloween. Mais on ne manque pas d'humour dans cet enregistrement, et l’inclusion de citations et d’allusions furtives fera sourire. Les auditeurs seront certainement séduits par la complicité de ces musiciens qui nous livrent de fort bons moments. AL

Jeff Lederer : Sunwatcher
Jazzheads JH1186

Avec des références à Albert Ayler, Paul Bley et Alice Coltrane ainsi qu’une reprise d’un vieux tube de Donald Byrd, on pourrait penser que Sunwatcher est l’œuvre d’un hippie vieillissant, nostalgique des années 1960. Pourtant, le saxophoniste et clarinettiste Jeff Lederer n’était sûrement pas né à l’époque ; il semble plutôt faire partie de la cohorte toujours grandissante des saxophonistes post-coltraniens issus du système universitaire jazzistique. Si Albert’s Sun débute effectivement par une évocation aylérienne, la pièce évolue ensuite en une composition post-bop aux dérapages bien contrôlés, à cent lieues de la folie exacerbée du grand Albert. De même, on pourrait imaginer la transformation que ce dernier aurait pu faire subir à Cristo Redentor, page très gospel de Duke Pearson popularisée autrefois par Donald Byrd ; Lederer se contente d’une simple relecture, l’orgue de son comparse Jamie Saft venant renforcer le côté rétro de la performance. Les interventions à la clarinette (Arnold Schoenberg’s Son (was my math teacher) et Arshawsky, hommage à Artie Shaw, se révèlent plus intéressantes. Si Lederer, entouré de musiciens expérimentés (Saft, Buster Williams et Matt Wilson), offre un jazz moderne de qualité dans la meilleure tradition new-yorkaise, on ne peut s’empêcher de trouver cet aylérien du XXIe siècle bien timide face à ses aînés, les Joe McPhee, Peter Brötzmann et Charles Gayle. FAH

Sylvie Courvoisier – Mark Feldman Quartet :
Hôtel du Nord
Intakt CD 192

Autre quartette, autre approche de la musique à quatre. Bien qu'elle dispose de la section rythmique traditionnelle (Thomas Morgan, contrebasse, et Gerry Hemingway, batterie), cette formation se distingue par ses deux autres membres, la pianiste Sylvie Courvoisier et son conjoint, le toujours magnifique violoniste Mark Feldman. Pour son deuxième enregistrement (le premier To Fly to Steal chroniqué dans cette section en 2009), l'ensemble propose sept morceaux, les trois derniers étant des improvisations collectives, le premier et troisième par la pianiste, les deux autres par le violoniste. Au delà des conventions habituelles du quartette jazz (successions de solos sur des thèmes clairement énoncés dès le début), ce groupe estompe les frontières de l’écriture et de l’improvisé. De plus, sa musique procède d’un langage harmonique aux tonalités ambiguës, plus proches des musiques savantes que du jazz. À la fois virtuoses de conception et raffinées dans leurs déploiements, les pièces ne sont pas tant discursives (comme le veut le jazz) que texturales (d’où la connexion avec la musique contemporaine). Une tout autre approche donc, mais d’une originalité rafraîchissante, d’où une cote bien méritée de quatre étoiles et, pourquoi pas, une autre demie pour la complicité exemplaire de ces protagonistes. MC

Jacques Kuba Séguin Odd Lot : Deux tiers
Oddsound ODS-2 www.myspace.com/kubatheoddlot

C’est avec un réel plaisir que l’on découvre la musique du groupe québécois OddLot (terme qui signifie « envol » en polonais et non « bande étrange », comme on pourrait le croire). Âme dirigeante de la formation, le trompettiste Jacques Kuba Séguin a beaucoup travaillé avec des artistes pop (Jean Leloup, Caïman Fu, Ariane Moffat) et passé deux solides années au Cirque du Soleil dans le spectacle Delirium. Montréalais de souche polonaise, Séguin a d’abord étudié avec Ron di Lauro et Bill Mahar, puis Dave Douglas et Pat Labarbera. D’emblée, les rythmes et musiques de l'Europe de l'Est colorent les compositions du trompettiste, bien que ce disque de facture très mélodique soit plus teinté du jazz modal d'un Kind of Blue que du folklore des Balkans. Dès l’ouverture, c’est sa trompette qui sonne ; puis s’instaure le rythme ondulant du morceau (Threat), genre de réflexion du compositeur sur la discrimination, si l'on en croit son blogue. Le disque comporte six titres, tous bien orchestrés par le chef. Huit musiciens sont de la partie – dont deux saxophonistes, un flûtiste et un guitariste (Richard White, ce dernier offrant un bien beau moment dans Transit). Les arrangements sont judicieusement agrémentés d’effets électroniques porteurs d’ambiance, mais sobres et n'empiétant pas sur les instruments acoustiques. Cette rare qualité mérite d’être soulignée. Pour Ella, en fin de parcours, est une jolie berceuse écrite pour la fille de Séguin ; à noter la présence d’un quatuor à cordes au début de cette plage, qui tranche radicalement avec le reste de l'album, du moins jusqu’à l’entrée de l’ensemble. Jacques Kuba Séguin s'avère non seulement un fin mélodiste, mais aussi un très bon arrangeur. On regrette toutefois que le voyage soit si court (45 minutes) ; heureusement, la musique donne l’envie de le refaire, ce voyage. AL


26e Festi Jazz de Rimouski : Un jam chez les Gaulois
Au Québec, le jazz se fait entendre à Montréal et à Québec, mais très peu en région. Exception à la règle, Le Festi Jazz international de Rimouski, projet d'une tribu de Gaulois irréductibles qui a su résister à tous les assauts durant une histoire mouvementée, tenant le coup chaque fois que l'adversité laissait craindre pour son avenir. Pour sa 26e édition, du 31 août au 4 septembre prochains, le festival propose un menu généreux. Événement phare de la rentrée, il accueillera en salle le trompettiste vedette Dave Douglas en quintette, le quartette en hommage à Bill Evans de François Bourassa, appuyé de Frank Lozano, Michel Donato et Pierre Tanguay, l’ensemble du saxo Jean-Pierre Zanella, le Parc X trio (lauréat du Grand Prix de Jazz TD au Festival international de jazz de Montréal en 2010) ainsi que la formation hexagonale Pink Turtle. Cette dernière se produira sur scène dans un spectacle conjoint avec la cohorte d’étudiants du tout nouveau programme de musique jazz-pop du cégep de Rimouski. Cette année, l'accent est mis sur la relève avec des échanges entre musiciens lors de jam sessions et des séances de fin de soirée animées par deux formations maison, le trio de la pianiste Emie R. Roussel et le quartette de Martin Roussel. Parmi les concerts extérieurs, tenus sous chapiteau, signalons, entre autres, Bran Van 3000, DJ Poirier et DJ Mini. Annie Landreville
Programmation en ligne disponible au festijazzrimouski.com

Guelph Jazz Festival : Petit festival déjà bien grand
Il y a plusieurs recettes pour assurer le succès d’un festival : certains choisissent l’autoroute du commerce, d’autres s’engagent dans des sentiers moins battus pour se forger une identité. Située à 45 minutes de la Ville Reine, l'agglomération de Guelph (devenue banlieue de la métropole) abrite l’un des festivals les plus distingués et distinctifs au pays. À 18 ans cette année, il atteint sa majorité ; sans avoir grossi, il a tout de même bien grandi, grâce à une formule qui lui attire un public à la fois néophyte et très averti. Au premier il offre une journée familiale sous chapiteau en plein cœur de la ville ; au second, un programme en salle de musiques plus pointues (créatives ou avant-gardistes) ainsi qu’un symposium à caractère académique traitant de l’improvisation comme phénomène culturel. L’an dernier, en fin de parcours, le Guelph Jazz Festival a lancé sa nuit blanche : un peu partout dans la ville, la musique a résonné de la brunante au crépuscule.

Pour sa prochaine édition, du 7 au 11 septembre prochains, la saxophoniste et flûtiste toronoise Jane Bunnett sera artiste en résidence. De Montréal, le bassiste Nic Caloia jouera en quartette avec Jean Derome alors que Marianne Trudel complètera la tournée nationale de son septette. Parmi les têtes d’affiche, le compositeur Henry Threadgill jouera en soirée de clôture avec sa formation Zooid tandis que le saxophoniste norvégien Trygvie Seim (du label ECM) présentera son projet Sanctuary. Marc Chénard
Programmation complète : www.guelphjazzfestival.com


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