Élections 2005 - Bouillon de culture à Montréal Par Réjean Beaucage
/ 12 décembre 2005
English Version... La
culture est un sujet chaud au Québec et le sujet gagne de plus en plus de
terrain dans les discussions au niveau municipal. Simon Brault, directeur de
l'École nationale de Théâtre du Canada, vice-président du Conseil des Arts du
Canada et président de Culture Montréal,une organisation indépendante, n'est
sans doute pas étranger à cette remontée d'intérêt pour la culture. Nous avons
discuté avec lui à la veille des élections municipales du 6 novembre.
Le samedi 20 août 2005, le quotidien La Presse faisait
paraître des extraits d'une lettre que le sénateur Serge Joyal adressait au
maire de Montréal Gérald Tremblay, ainsi qu'aux ministres Line Beauchamp et
Jean Lapierre. Véritable pavé dans la marre, la lettre titrée « Montréal
déclassé » tendait à démontrer que « notre ville perd son statut de capitale
culturelle du Canada au profit de Toronto ». La première réponse aux propos du
sénateur Joyal, publiée le 30 août, est venue de Simon Brault, qui a une vision
moins pessimiste des choses. L'organisme qu'il préside a d'ailleurs accompagné
les instances municipales dans l'élaboration d'un document lancé le 6 octobre
dernier : « Montréal, métropole culturelle », première politique de
développement culturel de Montréali. « J'ai accueilli favorablement cette
politique de développement, parce qu'elle représente vraiment une avancée.
Cependant, ce qui lui manque, ce sont les moyens de ses ambitions. Ce que la
Ville nous dit, c'est que ces moyens sont à Québec et à Ottawa. À Culture
Montréal, nous répondons à cela que c'est en partie vrai, bien sûr, mais le
rôle des élus municipaux est de s'assurer de catalyser ces ressources et, de ce
côté-là, il y a du chemin à faire... »
Dans le petit monde municipal, les nouvelles vont
vites, même lorsqu'elles sont fausses... Ainsi, le quotidien Métro du 7
octobre publiait un article rapportant que le « maire Gérald Tremblay (...) a
promis de déposer une résolution au conseil municipal d'octobre visant à
doubler le budget du Conseil des arts »... Simon Brault rectifie le tir : « Il
y a confusion ici... Ce dont le maire a parlé, c'était qu'il souhaitait que le
budget du Conseil des Arts... du Canada soit doublé. Il n'a pris aucun
engagement en ce qui concerne celui de Montréal, c'est pourquoi Culture
Montréal, dans son document « Montréal métropole culturelle d'avenir », lancé
le 18 octobre, propose une formule de calcul afin que soit au moins maintenu le
budget du Conseil. Actuellement, Montréal investit dans son Conseil des arts
2,50 $ pour chaque tranche de 1 000 $ de dépenses, alors notre souhait, sachant
que les dépenses de la Ville ne peuvent qu'augmenter, est que ce ratio soit
maintenu. Cependant, la politique de développement culturel lancée par la Ville
au début d'octobre ne comporte rien sur le sujet, même pas la simple indexation
du budget... On y dit seulement qu'advenant l'obtention par la Ville de
nouvelles sommes d'argent dans le cadre d'un pacte fiscal avec Québec, il
serait alors possible de considérer l'augmentation du budget du Conseil des
Arts de Montréal. Nous croyons qu'il faudrait être un peu plus énergique que
cela... »
Dans
son programme électoralii, l'équipe de Pierre Bourque promet de faire passer le
budget du CAM de 10 à 12 millions de dollars d'ici 2007 ; est-ce là une
promesse qui peut sembler plus intéressante aux yeux de Simon Brault ? «
Évidemment, une augmentation de 2 millions me semble plus intéressante que pas
d'augmentation du tout... Mais la question demeure : si l'on veut que Montréal
conserve son positionnement de métropole culturelle, et là-dessus M. Joyal
avait raison, il faut comprendre que ce positionnement s'inscrit dans un
environnement qui n'est pas statique. La dernière chose qu'il faut penser,
c'est que ce positionnement est inamovible ; au contraire, il nécessite un
constant ajustement des investissements et un engagement politique pour le
conserver. »
Le document lancé récemment par Culture Montréal est
sous-titré « Dix engagements attendus des candidats aux élections ». Peut-on
vraiment croire que ceux-ci auront répondu favorablement d'ici au 6 novembre ?
Le président de l'organisme demeure lucide : « Bien sûr, nous serions heureux
de les voir adopter ces engagements durant la campagne, mais il faut comprendre
que ce document constitue pratiquement un programme pour les quatre prochaines
années... Notamment en ce qui concerne le dixième point, qui appelle à
l'organisation d'un « Sommet Montréal métropole culturelle » en 2007.
Nous pensons que nos propositions pourront guider les actions des personnes qui
seront en poste après le 6 novembre. Depuis la publication du document, nous
avons eu des signes encourageant en ce sens. »
Un
organisme indépendant comme Culture Montréal, qui rassemble « toute personne
intéressée à promouvoir la culture comme élément essentiel du développement de
Montréaliii », a-t-il vraiment une influence significative ? « Nous sommes par
définition persévérants et nous constatons que nous avons fait des pas dans la
bonne direction. Ce que nous avons réalisé ces quatre dernières années, c'est
que la culture est beaucoup plus présente dans le discours municipal ; il est
devenu pratiquement impossible pour une administration de ne pas en tenir
compte. Alors, bien sûr, il faut de l'action, mais au moins, maintenant, le
discours est là. Même les journalistes affectés aux affaires municipales
doivent en tenir compte. Ce n'est plus uniquement l'apanage du provincial et du
fédéral, et ça c'est très bon. On peut dorénavant y aller de propositions plus
précises d'interventions pour qu'il y ait davantage de cohérence dans le
développement de Montréal comme métropole culturelle. » *
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