En concert Prochain départ – opéra en création Par Réjean Beaucage
/ 12 décembre 2005
English Version... En
octobre 2004, l'Orchestre de l'Université de Montréal ouvrait le programme d'un
de ses concerts avec l'œuvre récipiendaire du premier prix de son Concours de
composition : Rideau et fanfares – étude pour un opéra. Le compositeur
en était Simon Bertrand et cet opéra, hé bien ! le voilà. Prochain départ,
sur un livret de Stanley Péan, sera interprété par l'Atelier de musique
contemporaine, dirigé par Lorraine Vaillancourt, et l'Atelier d'opéra de
l'Université de Montréal, dirigé par Robin Wheeler. Le tout sera mis en scène
par Alice Ronfard. Belle affiche !
Bien qu'il s'agisse d'une présentation de fin de
doctorat, Simon Bertrand n'est pas exactement un nouveau venu. Après des études
de clarinette et de saxophone, il s'est tournée vers la composition avec André
Prévost à l'Université de Montréal. Puis, de 1989 à 1998, il allait à Paris
poursuivre des études en saxophone, puis en composition (avec Claude Ballif).
C'est d'ailleurs à Paris qu'il a fait la rencontre de l'écrivain Stanley Péan.
Suivirent trois années au Japon et, de retour au Québec en 2001, il inaugurait
le programme de compositeur en résidence de la Chapelle historique du
Bon-Pasteur.
« C'est en 2002, explique le compositeur, que nous
avons, Stanley et moi, conçu ce projet d'opéra, pour le présenter au programme
du Genesis Opera Project, qui offre les moyens de monter un opéra, mais pour
lequel nous n'avons pas été choisis. » En 2003, Simon Bertrand a choisi de
s'inscrire au doctorat à l'Université de Montréal, où il étudie la composition
auprès de Denis Gougeon et José Evangelista. Il avait une idée derrière la
tête... « J'avais toujours mon projet d'opéra sous le bras et quand pourrais-je
espérer pouvoir m'asseoir pour le composer, sinon en en faisant mon projet de
doctorat ? Ça ne se présente pas souvent à un compositeur de nos jours, de
pouvoir se consacrer à un projet durant un an et demi... » Même dans ces
conditions, une fois l'opéra écrit, il aurait très bien pu finir au fond d'un
tiroir, les ensembles de l'UdeM ne créant pas systématiquement tout ce que
produisent les étudiants. « L'Atelier d'opéra a décidé de monter une œuvre
contemporaine à tous les deux ans – on aurait pu choisir une œuvre existante,
ce qui est plus rassurant, mais le choix s'est courageusement arrêté sur une
création, et je dois cela à Robin Wheeler et Lorraine Vaillancourt. »
Le livret de Péan oscille, selon les mots du
compositeur, entre le fantastique, le mystique et la satire, et constitue une
métaphore sur l'altérité de l'individu face à la société aussi bien que face à
lui-même. Deux personnages se « réveillent » dans la salle d'embarquement d'un
aéroport, une hôtesse de l'air et un pilote de ligne, sans aucun souvenir de ce
qui les a menés là. Est-ce un rêve ? L'auteur parle d'un huit-clos
métaphysique. Différents personnages secon-daires défileront sur scène mais
sans pour autant dénouer le mystère...
La musique de Simon Bertrand est, à l'image des
œuvres d'un peintre travaillant par soustraction, un condensé d'épuration, le
compositeur ayant préalablement conçu un système harmonique complexe qui régit
l'ensemble de l'œuvre. « Je cherche à trouver, explique-t-il, jusqu'où je peux
aller avec peu. Je me spécialise en quelque sorte dans l'économie de moyens,
fabriquant mes propres outils compositionnels, comme un artisan, agrandissant
ou réduisant les intervalles jusqu'à obtenir ce que j'appelle des
"pseudo-spectres harmoniques". J'ai poussé ici ma démarche à l'extrême, mais ça
ne produit pas une musique statique pour autant, au contraire. »
Prochain départ de Simon Bertrand, sur
un livret de Stanley Péan. Atelier d'opéra de l'UdeM + Atelier de musique
contemporaine de l'UdeM / LorraineVaillancourt.
18 et 19 novembre 2005, 20 h, Salle Claude-Champagne.
(514) 343-6427
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