Notes by Réjean Beaucage
/ August 7, 2005
Version française... Grève à l’OSM
Au moment d’aller sous presse, la grève générale
illimitée des musiciens de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) se
poursuit toujours, mettant encore en péril la tenue des activités estivales de
l’orchestre (Festival Mozart Plus, et participation au Festival de Lanaudière,
entre autres). Rappel des dates :
• 31 août 2003 : fin du contrat de travail des
musiciens de l’OSM;
• 30 mars 2005 : Pour accueillir leur nouveau chef,
Kent Nagano, les musiciens de l’OSM mettent en veilleuse leurs moyens de
pression (port d’un chandail rouge au lieu de la tenue de concert habituelle,
un moyen bien anodin qui a tout de même fait perdre des contrats avec l’Opéra
de Montréal);
• 9 mai 2005 : déclenchement de la grève générale
illimitée — appel à la solidarité lancé par le président de la Guilde des
musiciens du Québec à tous ceux qui pourraient être tentés d’accepter des
remplacements à l’OSM, notamment pour la tenue du Concours musical
international de Montréal (le concours aura tout de même lieu, avec un
orchestre de remplacement);
• 10 mai : en conférence de presse, le président de la
Guilde, Gérard Masse, exige le départ de la directrice générale de l’OSM,
Madeleine Careau;
• 12 mai : le président du conseil d’administration de
l’OSM, Lucien Bouchard, donne une conférence de presse afin d’offrir le point
de vue de l’administration et assure la directrice générale de son soutien;
• 14 mai : une lettre de Gérard Masse paraît dans Le
Devoir; M. Masse y explique que l’appel à la solidarité lancé aux musiciens
n’est en aucun cas une menace de représailles;
• 25 mai : les musiciens de l’orchestre donnent un
concert gratuit à l’église Saint-Jean-Baptiste devant 2 400 personnes. Au même
moment, les avocats des deux parties se rencontrent pour discuter d’un
calendrier de négociation.
• 26 mai : nous apprenons que l’Orchestre
Métropolitain remplacera l’OSM lors des huit concerts du chanteur Charles
Aznavour (8 au 11 juin et 15 au 18 juin).
Le 17 mai, Marc Béliveau, président de l’Association
des musiciens de l’OSM, répondait à nos questions afin de clarifier la
situation. Ce faisant, il contrait plusieurs des arguments évoqués plus tôt par
le président de l’orchestre, Lucien Bouchard. « Ça fait près de deux ans que
nous sommes en négociation et les musiciens sont à bout. Nous considérons
abusif de la part de l’administration de laisser ainsi traîner les choses. Dans
un contexte très positif en raison de l’arrivée de Kent Nagano, nous ne
comprenons pas. Il faut savoir que trois mois après le début des négociations,
l’administration a déposé un document contenant 100 nouvelles demandes ! Cela
changeait complètement le plan établi. Après l’étude de ces 100 clauses, au
moment de reprendre la négociation, l’administration a demandé la médiation, ce
qui a encore ralenti le processus. Cependant, il faut aussi savoir que nous
avons déjà signé 50 de ces clauses, dont 40 sont en faveur de l’administration.
Il y a une bonne quinzaine de clauses desquelles nous craignons qu’elles
puissent affecter la qualité de nos performances. Un des reproches qui nous ont
été fait récemment est au fait que les applaudissements suivant
l’interprétation de la Troisième de Mahler auraient coûté 6 000 $ en
temps supplémentaire à l’administration. Cependant, c’est en raison de notre
ancien contrat de travail, puisque ça n’aurait pas été le cas avec notre
nouvelle entente, selon l’une des 40 clauses que nous avons déjà signées… »
On ne peut pour le moment qu’espérer que les
négociations reprennent entre ces deux partis pour qui, ultimement, le but est
le même : offrir au public montréalais l’orchestre de niveau international
auquel il s’est habitué.
Prix d’Europe 2005
La 94e édition du Prix d’Europe se tiendra les 7, 8, 9
et 10 juin 2005 à la Chapelle historique du Bon-Pasteur, à Montréal. Le lauréat
du premier prix se méritera une bourse de perfectionnement de 20 000 $. Voici
quelques témoignages d’anciens lauréats.
Jacques Hétu (1963, composition)
Le fait de recevoir le Prix d’Europe de composition a
constitué pour moi un encouragement définitif pour la poursuite de mes études.
A la fois aboutissement de mon apprentissage montréalais et point de départ de
l’exploration parisienne, cette bourse m’a permis d’acquérir une expérience
inestimable qui a nourri toute ma carrière.
Chantal Juillet (1979, violon)
Le Prix d’Europe fut, pour moi, une étape importante
dans mon développement musical. La fascination et la curiosité très vives que
je ressentais, adolescente, face à ce continent qu’était l’Europe était
malheureusement une option inaccessible, financièrement. L’aide si
généreusement offerte par le Prix d’Europe m’offrit la possibilité d’aller
explorer cet univers, d’aller perfectionner mon art auprès de grands pédagogues
européens. Je me sens privilégiée d’avoir pu profiter du Prix d’Europe et
espère de tout cœur que beaucoup d’autres jeunes québécois auront cette même
chance.
Philippe Magnan (1987, hautbois)
La bourse du Prix d’Europe m’a permis de compléter une
troisième année de perfectionnement aux Pays-Bas auprès du professeur Thomas
Indermuehle. C’est à cette époque aussi que j’ai décidé de m’initier au
hautbois baroque auprès de Paul Dombrecht. Sans l’obtention du Prix d’Europe,
il est évident que je n’aurais pu bénéficier de cette expérience inoubliable et
très enrichissante qui m’a permis de côtoyer ces grands maîtres européens.
Jean Saulnier (1986, piano)
C’est un plaisir et un honneur pour moi de faire
partie du jury du Prix d’Europe cette année. Si on observe la liste des
musiciens qui ont remporté le prix depuis sa création en 1911, on voit que ce
concours a contribué à l’éclosion et à l’épanouissement de plusieurs
générations de musiciens qui ont marqué l’histoire musicale du Québec. Le Prix
d’Europe m’a été très utile comme à tous les lauréats qui sont en début de
carrière en me permettant d’avoir accès aux conseils des meilleurs professeurs.
Ce concours était vital pour le développement de la musique en 1911 et il l’est
encore autant aujourd’hui pour tous ceux qui, comme moi, ne peuvent concevoir
le monde sans musique. Je profite de l’occasion, en cette période de
rétrécissement culturel, pour saluer les efforts de ceux qui œuvrent à garder
cette institution vivante. Longue vie à la musique et au Prix d’Europe.
CMIM
Du 9 au 20 mai dernier se tenait le Concours musical
international de Montréal (CMIM), dont l’édition 2005 était dédiée au chant.
Avec 190 inscriptions en provenance de 47 pays, ce sont finalement 45 artistes
âgés de 23 à 32 ans et originaires de 17 pays qui furent appelés à soumettre
leur talent au jugement d’un jury constitué de Eduardo del Campo (baryton),
Carlo Bergonzi (ténor), Mario Bernardi (chef d’orchestre), Gwyneth Jones
(soprano), Tom Krause (baryton), Joseph Rouleau (basse) et Shirley Verrett
(soprano). Les membres du jury ont manifesté une grande satisfaction à l’égard
du CMIM, considérant qu’il se classe parmi les meilleurs du genre. Cette belle
unanimité ne s’est cependant pas répétée au moment de décerner les prix et le
président du jury a dû préciser que la gagnante en était tout de même sortie
avec une marge considérable. Les lauréats sont:
1er Prix (25 000 $)
Sin Nyung Hwang – Soprano (Corée du Sud)
2e Prix (15 000 $) et Prix Jean A. Chalmers (10 000 $,
meilleur candidat canadien)
Peter McGillivray – Baryton (Canada)
3e Prix (7 500 $) et Prix d’interprétation de l’oeuvre
canadienne imposée (5 000 $)
Elena Xanthoudakis – Soprano (Australie)
4e Prix ex aequo (4 500 $)
Anna Kasyan – Soprano (Géorgie)
Phillip Addis – Baryton (Canada), aussi Prix Joseph
Rouleau (7 500 $, meilleur candidat québécois) et Prix Étoile Galaxie (5 000 $,
meilleur interprète canadien d’un air d’opéra)
6e Prix (3 000 $)
Chantal Dionne – Soprano (Canada)
Prix du public (2 500 $)
Lauren Skuce – Soprano (États-Unis)
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