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La Scena Musicale - Vol. 10, No. 5

Pour vos yeux aussi - Montréal en lumière

Par Laurier Rajotte, Réjean Beaucage / 15 février 2005

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Ginette Laurin, Passare

Après plusieurs représentations en France, au Royaume-Uni, en Autriche, aux États-Unis, à Ottawa et à Toronto, Passare, la dernière création de O Vertigo et de sa chorégraphe Ginette Laurin, sera en première montréalaise dans le cadre du Festival Montréal en lumière dont elle assure la coprésidence avec le comédien et metteur en scène d'origine italienne Daniele Finzi Pasca. Créée avec la musique envoûtante de l'excellent compositeur électroacoustique d'origine suisse Peter Scherer, Passare se veut une œuvre qui explore le temps, celui qui passe. Voilà bien un sujet qui intéresse l'univers musical et qui nous a mené à un entretien avec Ginette Laurin sur la place qu'occupe la musique dans sa démarche créatrice.

Historiquement, danse et musique forment un couple heureux et fertile. Si parfois les musiciens semblent danser avec leur instrument, est-ce que les danseurs sont des musiciens ? Voici ce que répond Ginette Laurin lorsqu'on lui demande si elle est musicienne : « non, je ne me considère pas du tout comme une musicienne. Je suis quelqu'un qui apprécie beaucoup la musique, quelqu'un qui écoute beaucoup de musique ».

LSM : On peut croire que c'est une question de définition, car bien des musiciens professionnels vous considèrent comme une musicienne « de grande sensibilité ». On le perçoit d'autant plus que vous vous intéressez au temps.

G.L. : J'ai quelques notions de musique. J'ai étudié le piano quand j'étais jeune. Je pense que tout danseur et chorégraphe a un rapport assez précis avec la musique. Je peux assez bien diriger un compositeur selon les besoins de la chorégraphie. La musique, de façon rythmique, c'est une manière de diviser le temps, de compter le temps. En danse, on a aussi cet aspect de diviser et de compter le temps parce que le corps bouge, le cœur bat, il bouge avec cette rythmique. Nécessairement on doit travailler sur le temps.

LSM : Et pour vous, est-ce que la danse est un langage ?

G.L. : Oui, la danse est un langage.

LSM : Le spectateur doit-il tenter de le décoder ?

G.L. : Non. Le geste ne correspond pas nécessairement à un mot ou une syllabe. Il faut le comprendre avec son cœur, avec son ventre, plus qu'avec sa tête.

LSM : Comme la musique.

G.L. : Oui, comme la musique ; chaque note ne représente pas une émotion, ce n'est pas narratif comme langage, à part quelques œuvres qui se veulent ainsi. Souvent, les gens ont de la difficulté avec ça.

Tout au long de sa carrière, Ginette Laurin a travaillé avec plusieurs musiciens et se souvient de sa collaboration avec Walter Boudreau et la SMCQ pour une chorégraphie sur Drumming de Steve Reich. « Ce fut une très belle expérience. Les danseurs, ainsi que le musiciens, ont surmonté les grandes exigences rythmiques. » O Vertigo a 20 ans et pour notre grand plaisir, sa chorégraphe participe toujours à l'union danse-musique.

Pour la suite de l'entrevue, veuillez consulter notre site au www.scena.org.

O Vertigo : Passare

Ginette Laurin, chorégraphe

Peter Scherer, musique

25, 26, 27 février 2005

Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, Montréal


Quelques incontournables
Réjean Beaucage

Voici une sélection des spectacles présentés dans le cadre de Montréal en lumière qui sont d'un intérêt certain pour les mélomanes, mais qui en mettent aussi plein la vue.

Cobalt

Une collaboration entre la danseuse Louise Lecavalier, égérie d'Édouard Lock et vedette incontestée de la troupe La La La Human Steps, et le chorégraphe Tedd Robinson. Les deux collaborateurs forment un quatuor avec les danseurs Marc Boivin et Masaharu Imazu et évoluent sur une musique originale, livrée en direct, du saxophoniste Yannick Rieu. Première montréalaise. 24, 25, 26 février, 20 h, Théâtre Outremont.

Jump Rhythm Jazz Project

De Chicago, ville invitée pour cette 6e édition, la troupe du chorégraphe Billy Siegenfeld promet tout un spectacle aux amateurs de jazz et de percussion ! Siegenfeld fut lui-même, à une époque, batteur dans des formations de jazz, et il a développé un style de danse rythmique à travers lequel les danseurs deviennent de véritables percussionnistes. Du tap dance extrême ! 15, 17 et 18 février, 20 h, Théâtre Outremont.

Mad Shark Dance Company

Elle aussi basée à Chicago, la chorégraphe canadienne Molly Shanahan présente sa plus récente création, Eye Cycle, réalisée avec le cofondateur de la compagnie, le compositeur Kevin O'Donnell (un autre percussionniste). Une exploration des effets de la lumière sur le corps (et vice versa) qui met à l'avant-plan le travail de la danseuse Kristina Fluty et celui du designer-éclairagiste Dave Covey. Du 17 au 27 février, heures variées, Tangente.

Alladeen

The Builders Association, de New York, propose avec Alladeen un détournement multimédia du conte (des 1001 nuits) bien connu où les voix et images de la population mondiale voyagent d'une civilisation à l'autre pour créer une conscience globale. Mondialisation, clonage, imagerie vidéo et musique électronique (de Dan Dobson d'après des échantillonnages de Shrikanth Sriram) se mêlent dans cette étonnante création théâtrale. Du 15 au 19 février, 20 h, Usine C.

Plat du jour

Le festival de musique électronique Mutek s'associe à Montréal en lumière pour la présentation en première nord-américaine de la dernière création du Britannique Matthew Herbert, un spectacle sono-olfactif (!) visant à dénoncer les abus de l'industrie agroalimentaire... Accompagné sur scène par des musiciens et... un chef cuisinier, Herbert échantillonne en direct les sonorités produites par des aliments dont les odeurs se répandent dans la salle et produit avec ces échantillons la musique du spectacle. En entrée, le duo montréalais Egg (!!) propose avec plusieurs invités une performance conçue pour l'occasion et judicieusement titrée Scrambled Egg... 25 février, 20 h, Spectrum. Matthew Herbert participera aussi en tant que DJ à la Nuit Électronik présentée dans le cadre de la 2e Nuit blanche du festival, dans la nuit du 26 au 27 février.

17 au 27 février 2005

Montréal en lumière / 514 288.9955, 1 888 477.9955 http://www.montrealenlumiere.com


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