L'Observatoire international de création musicale Par Catherine Messier
/ 2 novembre 2004
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Le 18 mars dernier, la Faculté de musique
de l'Université de Montréal se dotait d'un Observatoire international de
création musicale (OICM) et l'inaugurait par un premier colloque. La mise en
marche de ce projet revient en grande partie à Michel Duchesneau, professeur
adjoint à la Faculté de musique depuis deux ans. Déjà lorsqu'il occupait le
poste de directeur général de la SMCQ (1997-2002), Michel mijotait un projet
comme celui de l'OICM. « Je songeais à un organisme de soutien à la recherche en
musique pour compléter le programme déjà existant à la SMCQ, celui de diffusion
de la création musicale. » Mais ce n'est qu'à son entrée en fonction à
l'Université de Montréal qu'il rassembla enfin tous les outils nécessaires à
l'élaboration du projet.
Qu'est-ce que l'OICM?
L'Observatoire se propose comme une structure
favorisant le développement de la recherche sur la création musicale de la fin
du 19e siècle à nos jours par l'organisation d'activités communes aux
différentes équipes de recherches qui le constituent. Michel Duchesneau : « Une
des raisons de la création de l'OICM est d'apporter un plus grand soutien aux
étudiants des cycles supérieurs de la Faculté. » Ce soutien, Michel Duchesneau
en rêvait depuis ses propres études. « C'est quelque chose qui m'a manqué durant
mes études; si j'avais eu cela, j'aurais peut-être eu un parcours plus rapide,
plus formateur. » Les étudiants jouissent grâce à l'OICM d'un support
logistique, financier et d'une chance unique d'exposer leurs travaux au sein
d'un milieu musicologique actif. Michel Duchesneau précise que l'apprentissage
théorique n'est pas suffisant à la formation aux cycles supérieurs en
musicologie : « On ne peut pas tout demander à la formation supérieure, d'abord
parce que les professeurs sont souvent très chargés puis parce qu'il faut s'y
mettre soi-même. La théorie et la pratique, ce sont deux mondes. À
l'Observatoire, on pousse nos étudiants à participer aux activités, mais ils ne
répondent pas assez... Il s'agit d'un problème de conscience d'accessibilité,
ils ont l'impression que ce n'est pas pour eux, qu'ils sont trop novices.
Pourtant il faut pratiquer. La musicologie n'est pas si loin d'un instrument,
cela se pratique aussi. Le verbe est important et bien communiquer, c'est une
question d'entraînement. » Certains étudiants l'ont compris et ont répondu à
l'appel de l'Observatoire. En effet, lors du premier colloque de mars 2004, un
cinquième des conférenciers étaient des étudiants et, pour le colloque de mars
prochain, 3 ou 4 des quelques 70 propositions de conférences reçues proviennent
d'étudiants de la Faculté de musique de l'Université de Montréal et plusieurs
autres proviennent d'étudiants étrangers.
L'OICM favorise aussi la formation et la
coopération entre les chercheurs de plusieurs domaines (musicologie,
ethnomusicologie, composition instrumentale et électroacoustique,
interprétation, etc.). Cette pluridisciplinarité, base structurelle de
l'Observatoire, permet d'explorer un sujet commun sous toutes ses facettes. Les
chantiers de recherches, agglomérats de projets personnels partageant une ligne
directrice commune, fluctuent en raison des intérêts présents des chercheurs,
desquels l'engagement peut varier d'une année à l'autre.
Comme membre de l'OICM, on compte déjà plus d'une
douzaine de professeurs-chercheurs dont la plupart sont résidents à l'Université
de Montréal, certains à l'Université de Sherbrooke, l'Université Laval,
l'Université d'Ottawa et même à l'Ircam (France). Y figurent également près
d'une dizaine de membres étudiants des cycles supérieurs, en majorité de
l'Université de Montréal, qui greffent leurs projets personnels aux chantiers de
recherche de l'Observatoire.
Un soutien financier
Les récentes coupures gouvernementales en éducation
et la diminution des subventions dans le domaine culturel mettent en péril plus
d'un programme d'études supérieures. D'après Michel Duchesneau, plusieurs
étudiants aux 2e et 3e cycles ralentissent leur scolarité
pour vivre. Que ce soit pour soutenir famille et enfants ou pour travailler, il
en résulte que plus d'un sont complètement dépassés par la concurrence et vont
même jusqu'à abandonner la recherche. « Dans nos universités francophones, on va
devoir travailler intensément sur le financement des études supérieures. C'est
absolument fondamental. » En plus d'offrir une structure logistique efficace
centralisant les demandes de subventions individuelles, l'Observatoire prévoit
se munir d'un fond de bourses principalement destinées aux étudiants des cycles
supérieurs. L'OICM a obtenu des fonds entre autre de l'Université de Montréal,
du Vice-Rectorat à la recherche et du CRSH, mais comme le souligne Michel
Duchesneau : « Ce n'est que le début, à partir de maintenant c'est la bataille
du financement qui commence. »
Diffusion du savoir québécois
Par l'organisation d'activités diverses, colloques,
séminaires, conférences et journées d'études, l'Observatoire entend favoriser la
diffusion des résultats des travaux au sein de ses équipes de recherche. Du 18
au 20 mars 2004 avait lieu le premier colloque de l'OICM, centré sur la musique
française de 1900 à 1945, sujet de prédilection de Michel Duchesneau (auteur de
L'avant-garde musicale en France et ses sociétés de 1871 à 1939 [Mardaga,
1997]) et de plusieurs de ses collègues. Ce fut un franc succès : 21
musicologues conférenciers et surtout, la création de liens solides avec des
chercheurs étrangers venus présenter leurs travaux. Des journées d'études, dont
une portera sur la méthodologie de la recherche pluridisciplinaire, un centre de
documentation virtuel et l'accueil du deuxième « Colloque interdisciplinaire en
musicologie » en mars prochain, permettront d'ici peu à l'Observatoire
d'accroître le rayonnement de la recherche québécoise en création
musicale.
Le CIM05
Du 10 au 12 mars 2005, l'OICM et la Faculté de
musique de l'Université de Montréal recevront le « Colloque interdisciplinaire
en musicologie » (CIM), un évènement international annuel ayant débuté en avril
dernier par un premier colloque à Graz en Autriche. Le CIM est un forum
interdisciplinaire qui permet aux chercheurs de multiples domaines de se
rassembler afin de discuter d'un sujet qui leur est commun. Il encourage les
collaborations nouvelles, inhabituelles et créatives. Le CIM05 portera sur le
timbre, aspect fondamental de la musique mais encore difficile à cerner et à
étudier. Caroline Traube, professeure invitée à la Faculté, directrice de ce
colloque et membre régulière de l'OICM, s'intéresse depuis déjà un certain temps
à ce sujet. On y abordera le timbre en trois champs où son rôle est primordial :
dans la composition, dans l'interprétation, ainsi que dans la perception et la
réception de la musique. Parmi les invités ayant confirmé leur présence, on
compte : Marc Battier (compositeur français spécialiste d'informatique
musicale), Richard Parncutt (professeur de musicologie à l'Université de Graz,
Autriche), Robert Cogan (compositeur et professeur de théorie musicale au New
England Conservatory de Boston), Pozzi Escot (compositrice et professeure aux
Wheaton College et New England Conservatory), Philippe Lalitte (musicologue) et
Stephen McAdams (directeur de recherche, Ircam-CNRS). *
CIM : http://gewi.uni-graz.at/~cim04/index2.htm
OICM : http://www.oicm.ca (en
construction)
texte pour photo : Caroline Traube, Michel
Duchesneau, Isabelle Panneton et François de Médicis, professeurs à la Faculté
de musique de l'Université de Montréal et membres de l'OICM. Photo : Sébastien Besson Catherine Messier est étudiante au baccalauréat
en musicologie à l'Université de Montréal
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