Accueil     Sommaire     Article     La Scena Musicale     Recherche   

La Scena Musicale - Vol. 10, No. 2

Chitarra 2004 – entretien avec Paul Gerrits

Par Réjean Beaucage / 4 octobre 2004

English Version...


La Guitar Foundation of America (GFA), la plus grande organisation internationale vouée au développement des différents aspects du monde de l'instrument à six cordes, tiendra du 24 au 30 octobre à Montréal l'événement Chitarra 2004. Ce grand rassemblement international de guitaristes combine à la fois un congrès des membres de la GFA, un festival, une foire d'exposants et la 22e édition de l'un des plus prestigieux concours de guitare classique au monde ! Chitarra 2004 se tiendra principalement dans les locaux de l'Université du Québec à Montréal. Nous discutons avec l'organisateur de cette quatrième édition québécoise de l'événement, le guitariste et pédagogue Paul Gerrits.

Paul Gerrits est originaire des Pays-Bas. Lui-même guitariste, il était jusqu'à tout récemment professeur à l'Université Laval de Québec. Depuis 1967, il y a enseigné la guitare et le luth, de même que l'histoire de ces instruments et la musique d'ensemble. De nombreuses publications s'adressant aux guitaristes portent sa signature et on a pu l'entendre sur disque ou en concert avec le Trio de guitares Laval. Il est aussi propriétaire de la maison d'édition musicale Doberman-Yppan.

LSM : À quand remonte votre association avec la GFA ?

Paul Gerrits : C'est durant les années 1970 que j'ai reçu de Thomas Heck, en Californie, une invitation visant à établir une société de guitare américaine. Alors j'ai répondu à cette invitation et je suis devenu par le fait même l'un des membres fondateurs de la GFA (la fondation de l'organisme date de 1973). Évidemment, au début, c'était tout petit, mais c'est aujourd'hui la plus grande société du genre et elle a un impact important sur le monde de la guitare : il y a entre autres choses une revue qui paraît quatre fois par année, où l'on trouve des informations sur la lutherie, des transcriptions pour guitare, des analyses, etc. Il y a aussi le Concours international de guitare classique, qui est aujourd'hui l'un des plus importants. Le Premier prix consiste en une tournée de 40 à 50 concerts en Amérique, ce qui est inestimable pour un musicien en début de carrière. Nous aurons cette année entre 60 et 70 concurrents. Je peux vous assurer que l'on constate une augmentation du niveau technique des participants, qui est incroyable en comparaison à ce qu'il était lorsque j'étais plus jeune.

LSM : Vous insistez sur le mot « technique »...

PG : Il y a beaucoup de participants qui sont vraiment d'un niveau technique époustouflant, qui peuvent jouer très très vite, mais ça sonne un peu comme une machine à coudre... Mais il y a aussi parmi eux, bien sûr, de très bons « musiciens ». C'est sans doute le cas pour tous les instruments, mais il y a tout de même chez certains guitaristes le complexe du guitar hero, qui fait que l'on est souvent confronté à ce type d'instrumentiste très technique, mais peu inspiré. Évidemment, le résultat du Concours dépend toujours de ce que préfèrent les membres du jury, mais je crois que d'une manière générale il a surtout récompensé de véritables musiciens.

LSM : La GFA organise donc chaque année, dans une ville différente d'Amérique, un grand congrès-festival célébrant la guitare.

PG : C'est cela. Le premier que j'ai moi-même organisé à Québec remonte à 1983, mais j'avais participé auparavant, en tant que guitariste, à celui de 1978, je crois, à Cincinnati. En 1983, à Québec, ce fut un grand succès. La finale du Concours s'était déroulée au Domaine Forget, on a fait visiter la région aux participants, etc. Suite à ce succès, on m'a demandé d'en organiser d'autres, ce que j'ai fait en 1994, toujours à Québec, puis en 1998, à Montréal. Si j'ai accepté de faire celui-ci, en 2004, c'est parce que les plus récents se tenaient toujours dans l'Ouest et le Sud. En Caroline du Sud (1999), au Texas (2000), en Californie (2001), en Floride (2002) et finalement au Yucatan (2003). Je trouvais que la Côte Est et le Canada étaient un peu laissés de côté, alors voilà, Montréal en 2004 !

LSM : On trouve dans Chitarra 2004 des conférences à caractère musicologique, des ateliers et classes de maître, des expositions des produits de plus d'une vingtaine de luthiers et bien entendu, des concerts. C'est vraiment un événement touffu !

PG : Oh oui ! Pour ce qui est des concerts, ce qui m'intéresse davantage, c'est d'entendre la guitare en interaction avec d'autres instruments, en musique de chambre ou en ensemble, et c'est certainement l'un des points forts du festival. Par exemple, si l'on veut parler de « vrais musiciens », on doit parler du duo allemand formé de Christian Gruber et Peter Maklar (en concert le 25, 20 h, à Pierre-Mercure) ou d'Alvaro Pierri (le 26). Il y a aussi le Los Angeles Guitar Quartet, qui donnera certainement un très bon concert (le 27).

Le grand concert de la série, c'est le dernier, avec l'Ensemble Appassionata, augmenté de nombreux musiciens, sous la direction de Daniel Myssyk, pour la création d'un concerto de Dusan Bogdanovic, avec le guitariste William Kanengiser, une commande du festival. Bogdanivoc est un excellent compositeur dont la musique s'inspire du jazz et de la musique des Balkans. Il y aura aussi le Concerto épisodique pour guitares et orchestre de chambre, interprété avec le Canadian Guitar Quartet, le Concerto pour guitare et orchestre à cordes, opus 56, de Jacques Hétu, interprété par Dimitri Illarionov, et un concerto de Ginette Bellavance, avec le guitariste Patrick Kearney. L'œuvre avait été commandée pour notre festival de 1998, mais il nous avait été impossible de la présenter à l'époque. Cette soirée, à la salle Claude-Champagne, aura été précédée de la finale du Concours, en après-midi.

LSM : Parlez-nous du déroulement du Concours

PG : Le Concours est ouvert à tous les guitaristes qui sont au seuil d'un début de carrière, sans égard à l'âge. Il y a trois journées d'éliminatoires : les lundi, mardi et mercredi ; le quatrième jour, 12 concurrents s'affronteront en semi-finale et, le samedi 30 octobre, quatre concurrents participeront à la finale.

Avec sa douzaine de concerts, sa vingtaine de conférences et de classes de maître et ses expositions, Chitarra 204 est vraiment un événement incontournable pour les amateurs de guitare et les guitaristes professionnels. Parmi les concerts à souligner, on note encore : dans la série des concerts de 13 h 30, à Pierre-Mercure, l'ensemble québécois Hexacorde (le 25) ; le gagnant du Concours 2003, Jérémy Jouve, de France, et l'ensemble de guitares Forestare, de Montréal (le 26) ; l'ensemble La Volta, de Suisse, formé de jeunes instrumentistes de 10 à 18 ans a acquis une grande réputation depuis sa formation en 1984, on saura pourquoi le 25, à 16 h 30.

Le festival Chitarra 2004, se tient du dimanche 24 au samedi 30 octobre dans différents locaux de l'Université du Québec à Montréal, à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau (514 987.4691), à la Cathédrale Christ Church et à la salle Claude-Champagne.

Info : www.dobermaneditions.com ou www.guitarfoundation.org


English Version...

(c) La Scena Musicale 2002