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Critiques de La Scena Musicale Online. [Index]
Ceux qui ont lu mes chroniques précédentes sur le CMIM dans La Scena Musicale savent que je nencourage pas lunion de la musique et de la compétition. Ce nest pas de compétition dont la musque a besoin, mais dévènements rassemblant ceux qui laiment pour la célébrer. Côté évènement, cest indéniable, le CMIM en est un. Cest sous cet aspect que nous devons le regarder, sinon, c'est un terrau stéril à la musique. Après avoir assister aux trois jours de récital des candidats, voici un bilan des demi-finales du CMIM 2004. AMBIANCE Au fond de la scène, 14 drapeaux représentant les nationalités dorigines des candidats. Au milieu de la scène, un piano (Steinway) serti de plusieurs micros et caméras pour la diffusion internet. Dans la salle, les places sont presques toutes occupées par des étudiants, des retraités, des professeurs, des amateurs, des journalistes et autres mélomanes montréalais. Au balcon, 9 juges silencieux et attentifs. Les lumières se tamisent et lon se tait. On présente le programme du prochain candidat, son nom, sa nationalité. Tout est sérieux, lheure semble presque grave. Le pianiste salue et sinstalle. On sent que les Montréalais souhaitent le mieux pour les candidats. Nallez surtout pas faire de bruit pendant une performance, on vous ferait signe très rapidement. Souvent, les candidats commencent avec la pièce imposée du compositeur canadien Jacques Hétu. IMPROMPTU POUR PIANO, OP. 70 Dans un concours international, cest maintenant la norme dinscrire au programme une pièce imposée, uvre dun compositeur de la nationalité du pays hôte. Interprétée 23 fois, Impromptu pour piano de Jacques Hétu était le fil dAriane de tous les programmes. Les candidats ont reçu la partition en février et avaient le choix de lapprendre par cur ou de linterpréter avec la partition. Un peu plus de la moitié des pianistes ont choisi de linterpréter par cur et ce choix nous a offert les meilleures versions. La partition peut parfois être un obstacle à limagination. Il était intéressant de constater quil y avait autant de version que de candidats. Celle du Français David Fray a retenu lattention par sa forte structure et sa grande sensibilité. PROGRAMMES Tous les programmes nétaient pas équivalents techniquement et musicalement. Quelques-uns ont surpris par leur manque de grandes uvres du répertoire, mais pour lensemble, il sagissait de programme de haut niveau technique et musical. Parfois, on avait droit à des ´programmes en saladeª, ce mélange de tous les genres sans souci dunité. Cela reste bien sûr un concours et non un concert ; les participants souhaitent démontrer létendu de leurs habiletés pour mettre leurs forces en valeur. Dautres par contre, nont pas eu cette intelligence en choisissant un programme qui laissait voir certaines de leurs faiblesses. De cela, une question émerge : doit-on pénaliser un pianiste avec des faiblesses dans une sonate classique alors quil interprète merveilleusement bien une grande oeuvre romantique ? Y a-t-il un phénomène tel quun interprète tout-terrain, exceptionnel dans tous les styles ? Cela serait étonnant. Lartiste est plus complexe -et spécialisé- que les exigeances dun programmes de concours. Une chose est sûre, nous avons entendu quelques interprétations exceptionnelles. JUGER Juger ne concerne pas seulement le phénomène de compétition, mais de lesprit critique soumis au jugement de la conscience. Ainsi, tout auditeur responsable est un juge. Cependant, après plusieurs heures de musique, juger nest pas une mince affaire. Lorsque la journée débute à 10h et se termine à 22h30, la fatigue mentale peut nous gagner. Le juge doit cependant sen garder, parce quêtre un juge, un bon, cest être présent à chaque candidat et à chacune de leurs pièces. Lorsquon fait parti dun jury, nos décisions sont trop importantes pour leur permettre dêtre filtrées par la fatigue. Dans le cas des auditeurs, par respect pour les musiciens, il faut souvrir activement à leurs interprétations. Personne ne se cache de la partie arbitraire du jugement artistique, pour autant quil soit fait honnêtement et de façon éclairée. Juger demeure une action difficile qui nécessite beaucoup de connaissance, dintelligence, de sensibilité et de sagesse. On ne zappe pas au suivant avant davoir compris. Cest un processus qui exige de la réflexion et lorsquon écoute des candidats de niveau international, il faut souvrir à la différence, à la nouveauté et à linconnu. Un autre aspect difficile dans le jugement dun interprète consiste précisément à différencier la part de luvre et la part dinterprétation de luvre. Prenons la dernière sonate de Schubert, D. 960. Il sagit de rien de moins quune véitable cathédrale artistique. Le danger est dêtre subjuguer par luvre même si elle est interprètée sans âme et de croire quil sagit dune grande interprétation. Luvre nest pas linterprétation. On peut certes admirer loeuvre, mais on doit avoir conscience de la part de linterprète. Le jury du CMIM est expérimenté, mais cela ne fait pas de ses membres des êtres à l'épreuve de la fatigue. Qui a dit quil était facile de juger ? Quoi quil en soit, personne na semblé surpris des résultats. Cest à croire que le jury et les auditeurs vibraient au même diapason : celui de la musique. NATIONALITÉ Pour ceux qui sinquièteraient de la disparition des styles nationaux des interprètes, quils soient tout de suite rassurés : même sils ont leur personnalité propre, on pouvait aisément distinguer la tendance russe, la tendance asiatique et la tendance occidentale. Il peut être difficile de décrire les styles musicaux nationaux des interprètes, mais lauditeur les reconnaissait tout de suite. Au-delà des nationalités, je me demandais si les candidats avaient des points communs. En ce qui concerne la conception musicale, il ny avait aucun point commun à tous les candidats. Plus forte chez certains et plus faible dautres. Cependant, aucun candidat navait de véritables faiblesses au point de vue technique. Par extension, il y avait très peu de problèmes concernant la pulsation rythmique. Ce dernier point est fortement relié avec les notions de styles et cest un terrain glissant sur lequel je ne souhaite pas maventurer aujourdhui. En somme, les grandes habiletés techniques et la présence dune pulsation rythmique propre à chacun sont les deux dénominateurs communs aux 23 candidats. Cela semble faire partie des raisons de leur acceptation aux demi-finales. Tout le reste est propre à chacun, ce qui nous aura donné la chance dentendre 23 jeunes pianistes différents de niveau international et quelques musiciens exceptionnels. En conclusion, les demi-finales du CMIM nous auront permis de vivre de fabuleux moments. Il nous reste maintenant les finales qui se tiendront les 31 mai, 1er et 2 juin à la salle Wilfrid-Pelletier. 9 candidats ont été choisis par le jury et joueront un concerto avec lOSM. Après quoi nous nous retrouverons pour un bilan des finales. Bon festival de musique !
Pour la liste des candidats et autres informations, veuillez consulter le site du concours à ladresse www.jeunessesmusicales.com
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