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LSM Online Reviews / Critiques


Critiques de La Scena Musicale Online. [Index]


Concours musical international de Montréal : un bilan des demi-finales

Par Laurier Rajotte / le 31 mai 2004


23 pianistes et 23 récitals pour un grand total de 23 heures de musique en trois jours, voilà un évènement que nous pouvons qualifier de véritable marathon musical ! Et pour continuer le parallèle avec l’olympisme, tout le monde s’entend pour dire, du participant à l’auditeur : l’organisation du Concours Musical International de Montréal (CMIM) avec ses grands juges, ses grands participants et toute l’équipe qui rend possible le CMIM est digne des plus grands évènements internationaux. Bien sûr il y a quelques améliorations à apporter à cette première édition consacrée au piano, mais tout nous laisse croire qu’il y a un grand désir de progrès de la part du comité. Notons d’abord les efforts à la toute fin des demi-finales pour réparer une énorme erreur en remplaçant cette pauvre voix hors-champs d’une incompétence honteuse. Mieux vaut tard. D’un point de vue musical, il y avait les pianos. Un technicien a ses limites lorsqu’on lui soumet des instruments qui ne sont pas de calibre et, malheureusement, un pianiste aussi. En somme, les pianos étaient loin d’être à la hauteur des pianistes. De plus, il est dommage de n’avoir offert que des Steinway de NewYork. Malgré la réputation de la maison, nous savons qu’ils ne sont pas une valeur sûre. Un concours d’une telle ampleur devrait offrir un plus grand (et meilleur) éventail de pianos à ses participants. Ce sera certainement corrigé à la prochaine édition.

Ceux qui ont lu mes chroniques précédentes sur le CMIM dans La Scena Musicale savent que je n’encourage pas l’union de la musique et de la compétition. Ce n’est pas de compétition dont la musque a besoin, mais d’évènements rassemblant ceux qui l’aiment pour la célébrer. Côté évènement, c’est indéniable, le CMIM en est un. C’est sous cet aspect que nous devons le regarder, sinon, c'est un terrau stéril à la musique. Après avoir assister aux trois jours de récital des candidats, voici un bilan des demi-finales du CMIM 2004.

AMBIANCE

Au fond de la scène, 14 drapeaux représentant les nationalités d’origines des candidats. Au milieu de la scène, un piano (Steinway) serti de plusieurs micros et caméras pour la diffusion internet. Dans la salle, les places sont presques toutes occupées par des étudiants, des retraités, des professeurs, des amateurs, des journalistes et autres mélomanes montréalais. Au balcon, 9 juges silencieux et attentifs. Les lumières se tamisent et l’on se tait. On présente le programme du prochain candidat, son nom, sa nationalité. Tout est sérieux, l’heure semble presque grave. Le pianiste salue et s’installe. On sent que les Montréalais souhaitent le mieux pour les candidats. N’allez surtout pas faire de bruit pendant une performance, on vous ferait signe très rapidement. Souvent, les candidats commencent avec la pièce imposée du compositeur canadien Jacques Hétu.

IMPROMPTU POUR PIANO, OP. 70

Dans un concours international, c’est maintenant la norme d’inscrire au programme une pièce imposée, œuvre d’un compositeur de la nationalité du pays hôte. Interprétée 23 fois, Impromptu pour piano de Jacques Hétu était le fil d’Ariane de tous les programmes. Les candidats ont reçu la partition en février et avaient le choix de l’apprendre par cœur ou de l’interpréter avec la partition. Un peu plus de la moitié des pianistes ont choisi de l’interpréter par cœur et ce choix nous a offert les meilleures versions. La partition peut parfois être un obstacle à l’imagination. Il était intéressant de constater qu’il y avait autant de version que de candidats. Celle du Français David Fray a retenu l’attention par sa forte structure et sa grande sensibilité.

PROGRAMMES

Tous les programmes n’étaient pas équivalents techniquement et musicalement. Quelques-uns ont surpris par leur manque de grandes œuvres du répertoire, mais pour l’ensemble, il s’agissait de programme de haut niveau technique et musical. Parfois, on avait droit à des ´programmes en saladeª, ce mélange de tous les genres sans souci d’unité. Cela reste bien sûr un concours et non un concert ; les participants souhaitent démontrer l’étendu de leurs habiletés pour mettre leurs forces en valeur. D’autres par contre, n’ont pas eu cette intelligence en choisissant un programme qui laissait voir certaines de leurs faiblesses. De cela, une question émerge : doit-on pénaliser un pianiste avec des faiblesses dans une sonate classique alors qu’il interprète merveilleusement bien une grande oeuvre romantique ? Y a-t-il un phénomène tel qu’un interprète tout-terrain, exceptionnel dans tous les styles ? Cela serait étonnant. L’artiste est plus complexe -et spécialisé- que les exigeances d’un programmes de concours. Une chose est sûre, nous avons entendu quelques interprétations exceptionnelles.

JUGER

Juger ne concerne pas seulement le phénomène de compétition, mais de l’esprit critique soumis au jugement de la conscience. Ainsi, tout auditeur responsable est un juge. Cependant, après plusieurs heures de musique, juger n’est pas une mince affaire. Lorsque la journée débute à 10h et se termine à 22h30, la fatigue mentale peut nous gagner. Le juge doit cependant s’en garder, parce qu’être un juge, un bon, c’est être présent à chaque candidat et à chacune de leurs pièces. Lorsqu’on fait parti d’un jury, nos décisions sont trop importantes pour leur permettre d’être filtrées par la fatigue. Dans le cas des auditeurs, par respect pour les musiciens, il faut s’ouvrir activement à leurs interprétations. Personne ne se cache de la partie arbitraire du jugement artistique, pour autant qu’il soit fait honnêtement et de façon éclairée. Juger demeure une action difficile qui nécessite beaucoup de connaissance, d’intelligence, de sensibilité et de sagesse. On ne zappe pas au suivant avant d’avoir compris. C’est un processus qui exige de la réflexion et lorsqu’on écoute des candidats de niveau international, il faut s’ouvrir à la différence, à la nouveauté et à l’inconnu.

Un autre aspect difficile dans le jugement d’un interprète consiste précisément à différencier la part de l’œuvre et la part d’interprétation de l’œuvre. Prenons la dernière sonate de Schubert, D. 960. Il s’agit de rien de moins qu’une véitable cathédrale artistique. Le danger est d’être subjuguer par l’œuvre même si elle est interprètée sans âme et de croire qu’il s’agit d’une grande interprétation. L’œuvre n’est pas l’interprétation. On peut certes admirer l’oeuvre, mais on doit avoir conscience de la part de l’interprète. Le jury du CMIM est expérimenté, mais cela ne fait pas de ses membres des êtres à l'épreuve de la fatigue. Qui a dit qu’il était facile de juger ? Quoi qu’il en soit, personne n’a semblé surpris des résultats. C’est à croire que le jury et les auditeurs vibraient au même diapason : celui de la musique.

NATIONALITÉ

Pour ceux qui s’inquièteraient de la disparition des styles nationaux des interprètes, qu’ils soient tout de suite rassurés : même s’ils ont leur personnalité propre, on pouvait aisément distinguer la tendance russe, la tendance asiatique et la tendance occidentale. Il peut être difficile de décrire les styles musicaux nationaux des interprètes, mais l’auditeur les reconnaissait tout de suite. Au-delà des nationalités, je me demandais si les candidats avaient des points communs. En ce qui concerne la conception musicale, il n’y avait aucun point commun à tous les candidats. Plus forte chez certains et plus faible d’autres. Cependant, aucun candidat n’avait de véritables faiblesses au point de vue technique. Par extension, il y avait très peu de problèmes concernant la pulsation rythmique. Ce dernier point est fortement relié avec les notions de styles et c’est un terrain glissant sur lequel je ne souhaite pas m’aventurer aujourd’hui. En somme, les grandes habiletés techniques et la présence d’une pulsation rythmique propre à chacun sont les deux dénominateurs communs aux 23 candidats. Cela semble faire partie des raisons de leur acceptation aux demi-finales. Tout le reste est propre à chacun, ce qui nous aura donné la chance d’entendre 23 jeunes pianistes différents de niveau international et quelques musiciens exceptionnels.

En conclusion, les demi-finales du CMIM nous auront permis de vivre de fabuleux moments. Il nous reste maintenant les finales qui se tiendront les 31 mai, 1er et 2 juin à la salle Wilfrid-Pelletier. 9 candidats ont été choisis par le jury et joueront un concerto avec l’OSM. Après quoi nous nous retrouverons pour un bilan des finales. Bon festival de musique !

laurajotte@yahoo.fr 

 

Pour la liste des candidats et autres informations, veuillez consulter le site du concours à l’adresse www.jeunessesmusicales.com


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