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Critiques de La Scena Musicale Online. [Index]
Tchaikovsky: La Dame de pique Herman: Vadim Zaplechny Lisa: Hasmik Papian La Comtesse: Judith Forst Le Comte Tomsky et Plutus: John Fanning Prince Yeletsky: Igor Morozov Pauline et Daphnis: Viktoria Vizin Mascha et Chloé: Frédérique Vézina Tchekalinsky: Peter Collins Sourine: Robert Pomakov Tchaplitsky: Luc Robert Narumov: Doug MacNaughton Orchestre de la Compagnie de l'Opéra du Canada, Richard Bradshaw Mise en scène, Richard Jones/ Annilese Miskimmon Coproduction Welsh National Opera Avec Eugène Onéguine, La Dame de Pique occupe une place de choix au sein du grand répertoire. L'esprit slave qui plane sur ces deux opéras recèle avant tout l'âme d'un compositeur écorché qui détourne à son compte les arguments de Tchekov et de Pouchkine pour mieux extérioriser sa sensibilité à fleur de peau. Malgré leur air de famille, l'esthétique et la forme des deux oeuvres brillent par leurs antinomies.
John Fanning prête ses traits à Tomsky avec force conviction et la voix de Frédérique Vézina (Mascha et Chloé) véhicule un enthousiasme et une fraîcheur tranchant avec la rigidité des rôles titres. Quant à Judith Forst en Comtesse, elle affiche une belle santé vocale ainsi qu'une assurance à la hauteur de son expérience de la scène. L'orchestre de la COC sous la direction de son chef confère une cohésion appréciable à l'ensemble d'un spectacle à écouter, les yeux fermés. A-t-on déjà vu une mise en scène aussi éculée, un pensum aussi affligeant pour les chanteurs et pour le public? Cette succession de trucs donne l'impression d'un inventaire à la Prévert, mais pêche résolument par son absence de création artistique. Les peintures de John MacFarlane ne sont pas désagréables, le spectacle de marionnettes illustrant la métaphore de "La Bergère Fidèle" est attendrissant, tout comme les autres subterfuges dont les ficelles grossières n'inspirent guère l'admiration. Ce n'est pas le squelette grotesque de feu la Comtesse qui permet de recoller avec une vision à la Mary Shelley. Le romantisme fantastique, la progression de la métamorphose méphistophélique d'Herman, le puits sans fond dans lequel il se jette sous l'effet de l'obsession et de la névrose, la mécanique prométhéenne qui le dévore: autant de thèmes inabordés dans cette production exsangue pour vieilles filles de province, qui pourtant gagna l'enthousiasme des critiques d'Albion. Paraître en parallèle avec l'Oedipus Rex de François Girard ne fait qu'accroître cette impression de ratage. Critiques de La Scena Musicale Online. [Index]
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