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Critiques de La Scena Musicale Online. [Index]
Vendredi 16 novembre 2001. George Weston Hall, Toronto
Autoritaire dans le regard autant que dans sa manière de jouer, cette militante de l'anti-excès fit une fois de plus la démonstration qu'entre deux bornes, demeure un infini de finesse et de rafinement. Contrairement à certains pour lesquels la mesure contre l'extravagance prend des allures de morne plaine, Alicia de Larrocha se présenta, comme à l'accoutumée, en héraut de la défense du style dans l'interprétation pianistique. D'aucuns ergoteront sur les notes manquantes dans Asturiana ou sur les traits manqués de Los requiebros. Ces prérogatives de l'âge sage et d'un génie toujours en alerte s'effacent devant une conviction artistique et une vision du tout stylistique, rompues à l'expérience d'une lecture cent fois remise sur le métier. Pour qui connaît ses différentes versions des Goyescas, celle-ci s'inscrit au troisième degré et paraît franchir le miroir musical de l'oeuvre afin d'en dévoiler ses terra incognita. Dosant les contre-chants et les basses dans le Coloquio, menant le Fandango avec rigueur, elle ménage une multitude d'intentions allant de la quasi improvisation du Quejas aux basses menaçantes de l'Epilogue, sans oublier ce thème de El amor y la muerte sussuré comme une vieille histoire de village que l'on tient à l'abris des jeunes oreilles et des étrangers. L'ensemble de ses intentions convergent en un point non loin du centre émotionnel de l'auditeur, devenu musicien et convié à partager ses confidences. Chaque note contribue à le faire entrer dans sa légende et révèle une mémoire oubliée dont elle seule possède la clef. Un tel magnétisme et les traces qu'il imprime dans nos sensibilités ne sont pas sans conséquence. Ils relèguent de facto la plèbe des techniciens du clavier à leurs numéros de gymnastique digitale.
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