10 avril 2001, Hummingbird Center, Toronto
Idomeneo de Mozart
Nouvelle production, mise en scène de Bruce Donnell
Ilia: Elzbieta Szmytka
Idamante Emma Selway
Idomeneo: Michael Schade
Elettra: Elizabeth McDonald
Arbace: Michael Colvin
Deux Crétoises: Martha Guth et Krisztina Szabó
Deux Troyens: David Pomeroy et Joseph Kaiser
Grand prêtre de Neptune: Roger Honeywell
Oracle: Alain Coulombe
Orchestre de la Compagnie de l'Opéra Canadien, dirigé par Nicolae Maldoveanu
Avec une mise en scène et des décors n'ayant pas plus d'intérêt que ceux de La Fanciulla del West donnée dans ce même lieu en janvier dernier, la saison lyrique torontoise s'achève comme elle a commencé, en dents de scie. De telles productions sont manifestement indignes d'une ville de la taille de Toronto. De l'autre côté de l'Atlantique, des cités beaucoup plus modestes comme Strasbourg, Toulouse, Nice ou Nancy ne se risquent plus guère à présenter de telles enfilades de lieux communs et de premier degré qui ne laissent place à la moindre incartade métaphorique. Les émoluments versés à Bruce Donnell, metteur en scène du Metropolitan Opera de New York, s'avèrent de bien mauvais placements. Que reste-t-il lorsque l'on ferme les yeux? La musique, quelquefois parasitée par les sifflements des enceintes sonorisant l'espace. Pourtant sur le plan purement vocal, la prestation du ténor canadien Michael Schade dans le rôle titre n'est rien moins que remarquable. Sa voix porte les pianissimos d'un bout à l'autre de la salle et livre des fortissimos sonores, clairs, sans qu'ils paraissent écrasés ou agressifs. Optant pour la version non abrégée de l'air héroïque "Fuor del mar", il transforme l'exercice de style en un réel plaisir musical. Son respect du style, son timbre et son jeu d'acteur font de Schade un grand Idoménée. Ilia, chantée par la soprano polonaise Elzbieta Szmytka, avait la beauté et la chaleur du marbre. A l'aise avec la justesse, elle laisse souvent planer le doute sur l'articulation et le phrasé. On aimerait aussi profiter plus largement de la richesse de ses harmoniques. Elizabeth McDonald a dignement remplacé Isabelle Vernet dans le rôle d'Electre. Malgré quelques lourdeurs dans les jeux de scène, elle fut totalement convaincante vocalement. Elle sera sans doute une grande soprano des années à venir que l'on imagine déjà en Reine de la Nuit. Michael Colvin donne une bonne interprétation du personnage d'Arbace avec cependant quelques manques de clarté dans le registre aigu. Sans tenir compte du fait qu'Idamante sera toujours plus crédible sous les traits d'un haute-contre, la voix d'Emma Selway manquait de fraîcheur et semblait bien loin de la pureté cristalline requise pour le personnage. Le chef n'a certes pas aidé à maintenir la cohérence de l'ensemble. La première impression de l'ouverture n'a fait que se confirmer par la suite. Manque de finesse, fins de phrases baclées, les signes du syndrome de la lecture superficielle ne manquent pas. Quant aux choeurs du COC, ils étaient simplement excellents. Comme d'habitude!
Avec une mise en scène et des décors n'ayant pas plus d'intérêt que ceux de La Fanciulla del West donnée dans ce même lieu en janvier dernier, la saison lyrique torontoise s'achève comme elle a commencé, en dents de scie. De telles productions sont manifestement indignes d'une ville de la taille de Toronto. De l'autre côté de l'Atlantique, des cités beaucoup plus modestes comme Strasbourg, Toulouse, Nice ou Nancy ne se risquent plus guère à présenter de telles enfilades de lieux communs et de premier degré qui ne laissent place à la moindre incartade métaphorique. Les émoluments versés à Bruce Donnell, metteur en scène du Metropolitan Opera de New York, s'avèrent de bien mauvais placements. Que reste-t-il lorsque l'on ferme les yeux? La musique, quelquefois parasitée par les sifflements des enceintes sonorisant l'espace. Pourtant sur le plan purement vocal, la prestation du ténor canadien Michael Schade dans le rôle titre n'est rien moins que remarquable. Sa voix porte les pianissimos d'un bout à l'autre de la salle et livre des fortissimos sonores, clairs, sans qu'ils paraissent écrasés ou agressifs. Optant pour la version non abrégée de l'air héroïque "Fuor del mar", il transforme l'exercice de style en un réel plaisir musical. Son respect du style, son timbre et son jeu d'acteur font de Schade un grand Idoménée. Ilia, chantée par la soprano polonaise Elzbieta Szmytka, avait la beauté et la chaleur du marbre. A l'aise avec la justesse, elle laisse souvent planer le doute sur l'articulation et le phrasé. On aimerait aussi profiter plus largement de la richesse de ses harmoniques. Elizabeth McDonald a dignement remplacé Isabelle Vernet dans le rôle d'Electre. Malgré quelques lourdeurs dans les jeux de scène, elle fut totalement convaincante vocalement. Elle sera sans doute une grande soprano des années à venir que l'on imagine déjà en Reine de la Nuit. Michael Colvin donne une bonne interprétation du personnage d'Arbace avec cependant quelques manques de clarté dans le registre aigu. Sans tenir compte du fait qu'Idamante sera toujours plus crédible sous les traits d'un haute-contre, la voix d'Emma Selway manquait de fraîcheur et semblait bien loin de la pureté cristalline requise pour le personnage. Le chef n'a certes pas aidé à maintenir la cohérence de l'ensemble. La première impression de l'ouverture n'a fait que se confirmer par la suite. Manque de finesse, fins de phrases baclées, les signes du syndrome de la lecture superficielle ne manquent pas. Quant aux choeurs du COC, ils étaient simplement excellents. Comme d'habitude!