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LSM Online Reviews / Critiques

 

Critiques de La Scena Musicale Online. [Index]


Hélène Grimaud, l'intelligence de la simplicité.

Par Stéphane Villemin / le 13janvier 2001

Samedi 25 Novembre 2000, Roy Thomson Hall
Mozart: Concerto pour piano nš20, K. 466
Bruckner: Symphonie nš9 en ré mineur (inachevée)
Toronto Symphony Orchestra
Jukka-Pekka Saraste, chef
Hélène Grimaud, piano.

Contrairement à certains de ses jeunes collègues, Hélène Grimaud ne semble pas plus embarrassée par le tapage médiatique que par la réussite lorsqu'elle est à son piano. Voici une pianiste qui sait garder la tête froide. Ses interprétations laissent à l'auditeur cette impression d'évidence mêlée d'une pointe d'ingénuité apparente, faisant oublier la rigueur de son rythme et la concision de ses phrasés. Il n'en fallait pas plus pour réussir ce concerto de Mozart. Si l'on rajoute les finesses de ses nuances, la délicatesse du toucher, la justesse des chants et des contre-chants, cela en fait une grande mozartienne qui rejoint le cénacle des rares pianistes susceptibles de transcender l'apparente simplicité de cette musique. Comme Schnabel le faisait remarquer: "On demande volontiers aux enfants de travailler Mozart car sa musique comporte une petite quantité de notes; les adultes évitent de jouer Mozart du fait d'une trop grande qualité des notes". Tels Haskil et Horszowski, Hélène Grimaud y réussit l'équilibre entre le Kindlich et le Meisterlich. Pour couronner le tout, elle catalyse magistralement la chimie des ensembles par le biais d'une forte présence scénique. Ses regards complices vers le chef et l'orchestre, tout comme ses sourires au public s'effacent rapidement pour faire place à la concentration quand elle joue. Il va sans dire que l'entente avec le TSO fut des plus réussies. Hélène Grimaud possède l'intelligence de la simplicité mais aussi la simplicité de l'intelligence.

En seconde partie, Jukka-Pekka Saraste et son orchestre livrèrent une belle interprétation de la neuvième symphonie de Bruckner. Réservant la part belle au lyrisme viennois sans tomber dans le spectaculaire, le TSO a su déjouer les pièges des admirables lenteurs et de la densité sonore. Claire et quelque peu distanciée, cette version a eu le mérite d'offrir une bonne lisibilité, au contraire des conceptions souvent trop germaniques ou se voulant comme telles.



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