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La Scena Musicale - Vol. 9, No. 8

Un oratorio actuel de Danielle P. Roger

Par Réjean Beaucage / 10 mai 2004


Danielle Palardy Roger est surtout connue des observateurs de la scène de la musique actuelle, un milieu qu'elle fréquente en pionnière depuis les années 80. On a pu voir la percussionniste collaborer depuis cette époque avec des formations comme Wonder Brass, Les Poules et Justine, entre autres. Elle a aussi, comme c'est l'usage en musique actuelle, multiplié les collaborations avec différents musiciens d'ici et d'ailleurs, en concert et sur disque. Depuis une dizaine d'années, la composition occupe une place importante dans ses activités et on a pu entendre l'Ensemble contemporain de Montréal ou l'Ensemble SuperMusique interpréter ses œuvres, comme l'ont fait aussi les trains et bateaux du Vieux Port de Montréal dans le cadre des Symphonies Portuaires. LSM l'a rencontrée pour parler de son plus récent projet, une œuvre pour chœur, solistes, percussions et récitants.

« Ça fait déjà quelques années, en effet, que je compose des œuvres dans lesquelles je n'interviens pas comme interprète. J'adore jouer, mais je prends de plus en plus de plaisir à la composition. C'est suite à la Symphonie portuaire que j'ai composée en 2001 que m'est venue l'idée de travailler avec un chœur. Parce que, bien sûr, on ne peut pas répéter avec les bateaux, alors pendant la générale, la veille, ce sont les interprètes qui doivent chanter leur partition et j'ai adoré les entendre. »

Il est vrai que la musique pour chœur n'est guère exploitée en musique actuelle et qu'elle ne l'est pas beaucoup plus en musique contemporaine. « C'est vrai qu'il y très peu d'exemples, acquiesce Danielle P. Roger. Lorsque j'ai parlé de mon projet, on m'a conseillé d'aller voir du côté de VivaVoce en me parlant de l'ouverture du chef Peter Schubert, et on ne s'était pas trompé. Le directeur et son chœur sont tout à fait ouverts à l'exploration. Et je leur demande des choses qui ne sont pas évidentes en musique chorale, comme de produire des dissonnances. Ils sont excellents. »

Les solistes de Bruiducœur sont Christine Duncan et DB Boyko. « J'ai travaillé avec elles il y a deux ans lors d'une résidence de deux mois au Western Front de Vancouver, précise Danielle P. Roger, et j'ai donc décidé de leur demander de participer à ce projet, connaissant leurs possibilités. Elles sont solistes et ce sont elles qui entraînent le chœur dans les passages improvisés. Il y a également deux percussionnistes, Patrick Graham et Jean Martin, qui travaillent un peu comme je le fais moi-même, c'est-à-dire par une recherche sur la texture, et qui sont d'excellents improvisateurs. Il y a aussi les deux récitants, Jacques Piperni et Danièle Panneton, et puis il y a le texte, un poème en 12 tableaux que j'ai écrit et qui raconte l'histoire de Lui, l'homme qui meurt, Elle, qui raconte la mort, et Le chœur, qui nous représente, nous qui mourrons aussi un jour. Un texte qui peut rappeler le langage exploréen de Claude Gauvreau. C'est bruitiste, dissonnant, amplifié et, finalement, assez éclaté. »

Bruiducœur – prières des infidèles

Les 2 et 3 juin 2004, 20 h 30, à l'Espace Go, Montréal. 514-845-4890


(c) La Scena Musicale 2002