Hubert Reeves : Autoportrait
26 avril 2004
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Les salles de concert sont mes
églises. J'ai eu la chance de participer à des concerts placés sous le thème
« Mozart et les étoiles ». De très belles photographies de galaxies lointaines
passaient en arrière-plan pendant que jouait la musique de Mozart. Ma
contribution restait verbale : je me limitais à des interventions entre les
œuvres pour expliquer le sens des images. À Trois-Rivières, j'ai participé à un
concert où Les Planètes de Holst étaient complétées par trois créations
de compositeurs québécois : Le Soleil (par Gilles Bellemare), La
Terre (par François Morel) et Pluton (par Denis Dion). Cette dernière
planète du système solaire était inconnue à l'époque où Holst a composé son
cycle. Participer à ce genre de spectacle me donne le sentiment enivrant de
faire de la musique sans être véritablement musicien.
Je ne vois pas vraiment d'analogie entre la
composition musicale et le travail scientifique. Le langage de la science tend
vers la simplicité et la clarté : idéalement, les mots doivent avoir une seule
signification. La musique, elle, parle un langage extrêmement riche qui
s'adresse surtout aux émotions. Contrairement à la science, elle ne passe pas
d'abord par la raison. Il y a certes dans la musique une forme, une architecture
que notre raison peut comprendre. Mais la même architecture utilisée par deux
compositeurs donne des résultats très différents.
La musique est un complément essentiel à la
gestation de mes livres. En écrivant Patience dans l'azur, j'écoutais
constamment Cosi fan tutte de Mozart, dont l'ampleur m'a aidé à trouver
le souffle dont j'avais besoin. Pour Malicorne, c'est Tannhäuser
de Wagner qui m'a servi de guide.
Mon premier souvenir musical est tout naturellement
rattaché à ma mère. Je me souviens, alors que mes yeux atteignaient à peine la
hauteur du clavier, de ses mains jouant au piano la sonate « Appassionata » de
Beethoven. J'ai étudié le piano pendant quelques années, puis je me suis arrêté.
Je le regrette. Si j'avais droit à une nouvelle vie je me mettrais au
violoncelle. Jouer la partie du violoncelle dans un quatuor de Schubert, voilà
ce qui serait mon rêve inatteignable !
La musique de chambre, la musique instrumentale et
l'opéra sont, beaucoup plus que le répertoire symphonique, mes domaines de
prédilection. Apprendre à connaître un compositeur demande du temps. J'aime
procéder systématiquement, explorer une œuvre, faire des lectures, apprivoiser
le sujet. J'ai procédé de la sorte avec Wagner, Strauss ou Mahler, mais aussi
avec des compositeurs vivants comme Dusapin, Boulez, Pärt ou Gilles
Tremblay.
Schubert, Beethoven, Mozart, Wagner, Richard
Strauss, Debussy, Bach : ma liste de compositeurs de chevet est très
représentative de ce qu'on appelle le « classique ». En revanche, je ne suis pas
un fan de la musique de la Renaissance ou du Baroque. J'apprécie Couperin et
Rameau, mais je trouve qu'ils ne font pas le poids face à Schubert ou Mozart.
C'est une opinion... J'adore l'opéra italien : Puccini, Verdi, font mes délices.
J'écoute beaucoup de disques, mais il y en a un qui ne quitte jamais mon chevet
: les sonates pour piano de Schubert par Alfred Brendel, qui fait partie de mes
interprètes préférés. Récemment j'ai découvert la merveilleuse Hélène Grimaud
dans la fantaisie pour piano, orchestre et chœur de Beethoven.
Hubert Reeves donnera une conférence sur
l'astronomie et la musique
- Le dimanche 2 mai, 16 h 30
- Billets : 20 $
- Salle Claude-Champagne, Université de Montréal
(514) 343-6427
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