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La Scena Musicale - Vol. 9, No. 6

Au rayon du disque / Off the Record

Par/by MARC CHÉNARD et PAUL SERRALHEIRO / March 6, 2004


String Trio of New York
Gut Reaction
OmniTone 12202 (62 min 17 s)

Formule plutôt exceptionnelle en jazz, le trio à cordes peut bien jouer avec autant de verve que les ensembles constitués de batterie, saxes et cuivres. Preuve à l'appui, le String Trio of New York a de quoi éblouir, car les musiciens qui le constituent, le violoniste Rob Thomas, le guitariste acoustique James Emory et le contrebassiste John Lindberg, sont d'incontestables virtuoses. Même s'ils sont capables de faire grand étalage de leur dextérité (qu'il suffise d'écouter la première et la dernière des neuf plages de cette séance enregistrée en direct dans un club de leur ville en 2002), ces hommes de métier savent aussi contenir leurs élans (plages 3, 5 et 8). Doués comme ils le sont, ce n'est pas le bagage musical qui leur manque, car on y entend autant des influences de blues et de folk que des tournures réminiscentes du Hot Club de France, des lignes be-bop virtuoses et quelques douces mélopées évocatrices des musiques de salon d'antan. Pourtant, ils intègrent intelligemment tous ces éléments, quitte à les faire éclater dans leurs solos. Côté répertoire, le trio n'aborde que des compositions originales, dont deux tryptiques, le premier du bassiste (Nature, Time, Patience) et le second commandé au trompettiste Dave Douglas (In so Many Worlds, dédié à la mémoire du pianiste Jaki Byard). Soulignons aussi que cet enregistrement vient marquer les 25 ans de l'ensemble (dont le violoniste est le seul nouveau membre). Comme ce trio reste encore l'un des secrets les mieux gardés de la scène contemporaine du jazz, souhaitons que ce disque puisse rehausser leur profil. MC

François Théberge : Elenar
Effendi FND037
68 min 21 sec

Of the recent releases in Canadian jazz that feature medium-sized bands--most of which contain competent playing by articulate, skilled musicians--François Théberge's Elenar stands out for the quiet yet memorable personality of the compositions and arrangements. A Montreal-born reed player, composer and arranger, Théberge studied and worked for a time in the United States before moving to France to establish a career as a performer and teacher. With a dozen releases under his belt, including one featuring the music and the playing of Lee Konitz, Théberge is a veteran, and this latest project finds him with some committed long-term collaborators.

Elenar (taken from the idea of "L and R", i.e. "Line and Rhythm") works because of the breadth of musical voices it exploits (clarinets, flutes, saxophones, and brass of all sorts) and because this wide palette is brought to life by distinctive voices: reedists Richard Lalonde, Jean Frechette, and Yannick Rieu; trumpeter Stéphane Belmondo; trombonist Muhammad Abdul Al-Khabyyr; pianist Alain Jean-Marie; with support from a rhythm section made up of Paul Imm on bass and Alan Jones on drums. The group is augmented on "Less Sphere" by trombonist David Gott and on "Flies" by flutist Lionel Belmondo.

From the somewhat lazy opening of the CD (ironically called "Chicane", from which one expects a scorcher), we get a slowly evolving modal vamp that eventually builds to some interesting themes and counterthemes and yields some inspired soloing that is sustained throughout the disc's 10 tunes, the most noteworthy being the Kurt Weill-like "Adnimals," the light modal quasi-bossa of "Jardim," and the gently climactic "Less Sphere." Rhythm and line are varied, as textures drop to a basic rhythm trio at times, then expand into backgrounds swells with interwoven counterpoint and choral writing, somewhat by the book at times, but always contemplative and often ear-stretching. PS

Atomic "Boom Boom"
Jazzland Acoustic
56 min 36 s

Right from the opening bars of the music on this disc, we know we are in for surprises. Scurrying rhythms cut up by largo drum phrases and ensemble theme fragments punctuated by drum splashes and splurges--this is not conservatory stuff, nor is it museum-piece historically accurate renditions of the previously attempted, previously accomplished and, worst, the previously heard. This is music that takes chances but never threatens the listener with over-your-head haughtiness or emperor's-new-clothes experimental pretensions. The alternating intensity and lyricism of "Feets From Above," the edgy Tristano-meets-Monk of "Re-Lee", and the title cut's forward tumbling momentum, set by an insistent bass figure that is part Grieg, part William Parker, confirm that we are nowhere near the museum. This is music with fire that stretches and veers off the paths, like a little red riding hood in search of new, more wondrous flowers, who confronts the wolf before he has a change to dress up as grandma.

Atomic, according to their press release, "grew out of the reaction against the so-called 'mountain jazz' (or ECM school)" brings together some of Sweden and Norway's top musicians who combine a variety of influences, both American and European. They include Fredrik Ljungkvist on tenor and clarinet; Magnus Broo on Trumpet; Hårvard Wiik on piano; Paal Nilssen-Love on drums and percussion; and Ingebrigt Håker Flaten on bass. The Oslo-based Jazzland Recordings is a label to watch out for on the creative fringe of jazz, and Atomic is a band to catch when it comes around to the jazz festival nearest you. PS

Joe Sullivan Big Band
Effendi FND 041 (75 min 50 s)

Si vous n'étiez pas au concert donné le mois dernier par le « pas mal big » band de 18 musiciens du compositeur et trompettiste Joe Sullivan, vous pouvez vous rattraper avec le premier disque de son ensemble. Lancé par la florissante maison de disques Effendi Records, cet enregistrement est le premier titre à son catalogue pour ce genre de formation. Réalisée en studio en juin 2002, cette plus que généreuse séance d'environ les 76 minutes regroupe 10 morceaux du leader et un autre du saxo baryton Jean Fréchette, l'arrangeur attitré de la Bottine Souriante. Le chef du groupe, pour sa part, offre deux suites, la première, Icebreaker, en deux sections, et la seconde, Golden Arrow Suite, en quatre, écrite en hommage à son regretté collègue Laflèche Doré, disparu bien trop tôt en 1993. En tout et partout, il s'agit d'un ensemble très bien huilé qui s'exécute selon les règles de l'art, les compositions obéissant à tous les points de vue aux conventions de l'écriture jazzistique d'orchestre mise au point durant les années 60 et 70. Outre le ténor André Leroux qui, lui, ose un petit peu de folie, les autres solistes restent plus timides et se campent sagement dans les structures harmoniques et formelles des morceaux. Comme le tout est si bien fignolé, on ne peut s'empêcher de sentir une certaine lassitude à l'écoute de cette (plus que longue) surface. Mais quand on se cantonne dans un style aussi familier que celui-là, sans périls ni surprises, il en résulte une œuvre où l'art cède le pas à l'artisanat. MC


(c) La Scena Musicale