La première véritable saison
montréalaise que présentait Constantinople (saison 2002–2003), a été un succès
et, depuis, les membres de l'ensemble n'ont pas hésité à prendre les bouchées
doubles. Ouvrant sa deuxième saison dans le cadre du Festival du Monde Arabe par
un concert-événement incluant des invités de la Grèce et du Liban et poursuivant
avec une série de concerts centrée sur les activités du percussionniste Ziya
Tabassian, l'ensemble surprenait encore en se produisant à la fin de janvier
2004 dans le cadre d'une série de concerts axée sur l'improvisation et la
musique actuelle...
Kiya Tabassian explique : « Ça
fait partie de nos projets de développer davantage cet aspect de notre travail.
Cette saison, nous avons eu deux occasions de présenter des programmes à
l'esthétique plus "actuelle" : avec la série de concerts Cycles recyclés, où
Ziya interprétait des oeuvres de Jérôme Blais, Georges Aperghis ou Vinko
Globokar, et avec ce concert dans le cadre des Journées de l'improvisation. Il y
a toujours de l'improvisation chez Constantinople et c'est ce qui maintient en
vie le répertoire médiéval et de la Renaissance qui nous a fait connaître. Ces
musiques ne sont pas figées dans une interprétation immuable, puisque nombre
d'entre elles sont de tradition orale. Dans le concert présenté durant ces
Journées, l'ensemble Constantinople a abordé l'improvisation en tant qu'élément
de base de la formation de tout musicien à l'époque médiévale, puis nous
présentions le trio Radical 3 (Ziya et Kiya Tabassian et Babak Masoumi), qui
propose une approche beaucoup plus actuelle de l'improvisation. »
Sous étiquette Atma,
Constantinople fait paraître, ce mois-ci, un quatrième disque en quatre ans. «
Nous sommes très bien appuyés par Atma, confirme Kiya Tabassian, ce qui nous
stimule à travailler très fort. Ce disque est assez différent des précédents,
parce que l'ensemble a beaucoup évolué à travers chacun de ses membres. Nous
avançons constamment et cela se ressent sur cet enregistrement. Il reprend le
programme et le titre de notre concert, Terres Turquoises, constitué des
romances séfarades (judéo-espagnoles) et des chants mauresques préservés par les
communautés séfarades et arabes après leur expulsion d'Espagne, en 1492. Notre
invitée pour le concert et pour le disque était la chanteuse Françoise Atlan.
»
Constantinople participe ce
mois-ci au Festival Montréal en lumières avec d'autres invités, le Boston Shawm
& Sackbut Ensemble et le contre-ténor Michael Collver, pour un concert
intitulé Nuevo Mundo. « Je n'ai jamais eu le plaisir de travailler avec cet
ensemble, explique le directeur artistique, mais je connais ses membres pour
avoir suivi leur travail. Ils avaient, comme nous, depuis longtemps le projet de
faire quelque chose autour de la musique du Nouveau Monde. C'est magnifique,
parce que cette musique demande un ensemble plus important que celui de
Constantinople, et avec les vents du Boston Shawm & Sackbut Ensemble, ce
sera assez exceptionnel. C'est une musique très polyphonique, qui provient d'une
période qui est l'apogée de la musique espagnole, au moment où elle était
exportée vers le Nouveau Monde. Et puis il y a le contre-ténor Michael Collver,
pour qui j'ai vraiment eu un coup de foudre musical ; j'ai vraiment hâte de le
présenter au public montréalais. »
Le concert Nuevo Mundo sera
donné le jeudi 26 février, à 20 h, à la salle Pierre-Mercure du Centre
Pierre-Péladeau. 514 987.6919.
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Constantinople, gagnant de l'Opus
« Découverte de l'année,
2002–2003 Prix Étoile
Galaxie » Robert
Lepage |
Montréal en lumières – faits saillants
Le Festival Montréal en lumières célèbre cette année son cinquième
anniversaire et sa programmation de spectacles en salles offre de belles
surprises aux amateurs de musiques de concert. Le tout démarre avec une nouvelle
production du metteur en scène de génie Robert Lepage, qui propose avec The
Busker's Opera une adaptation du Beggar's Opera de John Gay (1728). John
Pepusch avait agrémenté le livret de Gay d'airs populaires et c'est ce que
présente aussi le collectif qui passera du jazz au country et du rock au rap
sous la direction musicale confiée à Martin Bélanger. Si l'action de l'oeuvre de
John Gay rendait compte des malheurs du peuple écrasé par une aristocratie
corrompue, Robert Lepage a choisi de transposer le tout dans l'univers du
show-business... À noter que l'Opéra de Montréal présentera en mars les mises en
scène que Robert Lepage produisait il y a 10 ans pour Le Château de
Barbe-Bleue de Béla Bartók et Erwartung d'Arnold
Schönberg à la Canadian Opera Company.
Le Festival réussira sans doute l'un de ses beaux coups en invitant le
compositeur américain Howard Shore à venir diriger l'Orchestre symphonique du
Festival pour l'interprétation de sa symphonie Le Seigneur des Anneaux, dont les airs
sont connus par le volet cinématographique de l'oeuvre, qui connaît un succès
important.
Le choeur VivaVoce et son chef
Peter Schubert invitent la contralto Marie-Nicole Lemieux et le pianiste Michael
McMahon pour un concert intitulé Romantisme X-trême. On y entendra des oeuvres
de Schubert, Brahms, Reger et Schoenberg.
La soprano Barbara Hendricks
revient au festival, après en avoir partagé la présidence avec José Carreras en
2002, pour présenter un récital d'airs de jazz avec le Magnus Lindgren Quartet
de Suède, pays dont elle est maintenant citoyenne. Au programme : K. Weill, C.
Porter, D. Ellington et G. Gershwin.
Le pianiste Alain Lefèvre se
produit dans un récital « doublement solo » puisqu'il y interprétera sa propre
musique, que l'on connaît déjà par les disques Lylatov et Carnet de notes, parus
ces dernières années chez Audiogram. Le compositeur s'y révèle d'un romantisme
exacerbé, comme le répertoire auquel le pianiste nous a habitués.