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La Scena Musicale - Vol. 9, No. 4

CAMMAC : 50 ans de vitalité

Par Wah Keung Chan / 6 décembre 2003

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Tous les arts enrichissent la vie et les gens ont toujours éprouvé le besoin fondamental de faire de la musique » dit, à l'age de 80 ans, Madeleine Little, cofondatrice de CAMMAC (Canadian Amateur Musicians / Musiciens amateurs du Canada). Voilà un peu plus de 50 ans, entre Noël et le jour de l'An, pendant une tempête de neige qui sévissait depuis quatre heures autour de leur retraite dans les Laurentides, Madeleine Little, son mari George, son beau-frère Carl et sa femme Frances élaborèrent l'idée de créer un lieu où les gens pourraient venir faire de la musique dans un endroit calme et exempt de compétition. En partant du principe que lorsqu'on joue de la musique ensemble, un lien se crée qui transcende l'âge, la langue et les différences culturelles, le quatuor continua l'élaboration de son idée dans le train qui le ramenait à Montréal.

L'organisation compte maintenant plus de 2000 membres, dont 30 % vivent à l'extérieur du Canada. Avec sa campagne de collecte de fonds qui va bon train, CAMMAC espère transmettre à longueur d'année sa vision aux amoureux de la musique.

Durant son premier, été en 1953, CAMMAC reçut 26 personnes pendant deux semaines de musique (chant choral, solfège, cours de théorie, de français et d'anglais) à Otter Lake, à Huberdeau au Québec. « Nous n'avions pas d'argent et nous avons convaincu l'hôtel de nous donner un tarif réduit à la fin d'août, raconte madame Little. Nous avons emprunté 200 $ pour imprimer des dépliants et les poster aux personnes que nous croyions intéressées par la musique. L'année suivante, nous avons reçu deux fois plus de personnes et chaque année, ensuite, les présences ont doublé. Nous avons alors ajouté d'autres activités comme la musique de chambre, l'orchestre et la danse folklorique pendant une période de trois à quatre semaines. De nombreux bénévoles, nous aidèrent et l'organisation reçut des cadeaux et des prêts sans intérêt. Maintenant, 1000 personnes participent chaque été aux programmes hebdomadaires durant la période de deux mois.

« Dès le début nous avons cru que le camp devrait être bilingue et que la pratique de la musique en amateur ne fait pas de vous un être inférieur : le mot amateur vient de "amore" qui signifie "amour". Maureen Forester et Louis Quilico ont donné l'un de leurs premiers concerts ici. »

La force qui mène CAMMAC provient de l'héritage musical des frères George et Carl. « Depuis notre tendre enfance, la musique a joué un rôle important dans la vie de notre famille, a écrit Carl Little dans le magazine CAMMAC. Notre modeste piano droit était installé dans un petit boudoir et résonnait du matin au soir. La vie sans musique nous serait apparue singulièrement vide. » George et Madeleine ont également transmis leur amour de la musique à leurs trois filles, dont deux sont des musiciennes professionnelles (Margaret, violoncelliste qui joue aussi de la viole de gambe, est fondatrice des Voix humaines ; Elizabeth, l'actuelle directrice artistique de CAMMAC, est professeur de musique au Cégep Lionel-Groulx). « Nous avons toujours cru que le secret d'une vie heureuse et réussie est de travailler à ce que l'on aime », dit Madeleine Little.

« CAMMAC est orientée vers la famille. On y trouve des activités pour les adultes, les adolescents et les enfants. Il n'est pas inhabituel d'y retrouver quatre générations en même temps; les enfants d'hier reviennent avec leurs enfants. » Des histoires d'amour s'y sont également épanouies. Margaret Little y a rencontré son futur mari Réjean Poirier, doyen de la Faculté de musique de l'Université de Montréal; Isolde Lagacé, directrice du Conservatoire de musique de Montréal y a rencontré pour ensuite l'épouser Douglas McNabney, directeur artistique du Domaine Forget.

Il est particulièrement stimulant et réjouissant de passer une semaine d'été à pratiquer de la musique en compagnie de musiciens passionnés de tous les âges, dans un décor boisé agrémenté d'un lac. Les sections régionales de CAMMAC étendent les occasions de faire de la musique au-delà des mois d'été. La section de Montréal, par exemple, organise six séances de lecture à vue durant l'année. Récemment, ce fut l'Oratorio de Noël de Bach avec Christopher Jackson, un orchestre de 50 membres qui se rencontrent hebdomadairement et, plus récemment, un chœur d'adolescents. Ces activités fonctionnent grâce à des bénévoles, car le budget est limité et les activités ne sont pas beaucoup publicisées.

De l'aide pourrait venir dans la foulée d'un projet spécial que l'organisation met sur pied pour rebâtir ses locaux. Lorsqu'elle a finalement déménagé dans son lieu actuel au lac MacDonald, à une heure en voiture de Montréal, le chalet de White Forest n'était pas isolé pour l'hiver. Après 43 ans de service, le vieux chalet principal, qui a 93 ans, a besoin d'être rénové. Plutôt que de le rénover, l'organisation a choisi de bâtir un édifice qui sera accessible durant toute l'année. « George voulait en faire un centre ouvert à tous les arts et nous offrons maintenant du dessin et de la danse, dit madame Little. Avec le projet de reconstruction, ce rêve pourra se réaliser. »

Ce projet a reçu un encouragement concret en septembre 2003, lorsque la ministre d'Héritage Canada, Sheila Copps, a annoncé une subvention de 250 000 $ destinée à la construction d'une salle de concert de 240 sièges au lac MacDonald, là où les concerts ont habituellement lieu. On retrouvera de plus 60 chambres, un studio d'enregistrement, un grand studio et un autre de moyenne grandeur, deux petites salles de pratique et un plancher de danse au revêtement adéquat. La campagne de financement va bon train : sur un budget de 4,1 M$, 2,7 M$ sont assurés par le gouvernement et le reste proviendra de sources privées. Si tout va bien, les travaux débuteront en septembre 2004. Selon Raymond Sealy, directeur de CAMMAC, « plusieurs groupes (orchestres des jeunes, chœurs communautaires et ateliers spécialisés) utilisent les lieux à l'automne et au printemps pour des activités de fin de semaine et des ateliers. Nous avons reçu de nombreuses demandes pour avoir un centre d'arts qui serait ouvert toute l'année. Nous sommes favorables à diverses possibilités. » Avec ce nouvel édifice vert qui ouvrira en juin 2005, les cinquante prochaines années de pratique musicale chez CAMMAC s'annoncent rayonnantes.

[Traduction par Michelle Bachand]

Site Web: www.cammac.ca


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