Choisir son rythme de vie Par Guy Marceau et Réjean Beaucage
/ 5 novembre 2003
P>Louis
Charbonneau - Maître ès timbales
Quand Louis Charbonneau a obtenu le premier « Premier
prix en percussion » au Conservatoire de musique de Montréal, la Place des Arts
n'était encore qu'un rêve d'architecte et Wilfrid Pelletier n'avait pas encore
prêté son nom à la salle qui allait devenir la deuxième demeure du doyen des
timbaliers québécois. C'était en 1950 et Louis Charbonneau venait tout juste
d'avoir 18 ans et d'obtenir le poste de timbalier dans ce qui allait devenir
l'OSM. C'est d'ailleurs la même année, et à l'invitation de Pelletier, que
Charbonneau a mis sur pied la classe de percussions au Conservatoire afin de
préparer et d'assurer la relève. Après presque un demi-siècle en poste à l'OSM,
et 25 ans d'enseignement, Louis Charbonneau peut être fier d'avoir formé
plusieurs générations de musiciens à une école qui lui a toujours tenu à coeur :
celle du travail constant et de l'excellence.
Louis Charbonneau avait
pourtant débuté par l'apprentissage du piano. « Je n'avais pas de grande
affinité avec les choses apprises par coeur... Mon père, contrebassiste, m'avait
acheté une batterie sur laquelle je m'éclatais pas mal ! À la suggestion de mon
père, je suis entré au Conservatoire en batterie jazz... Dans les années 40, la
chose était assez marginale. Mais quand j'ai eu ma première leçon de timbales,
j'ai tout de suite su que je deviendrais timbalier. »
Louis Charbonneau relate qu'il
assistait aux répétitions d'orchestre et aux prestations radiophoniques où
jouait son père et que, sans faire de bruit, il se plaçait toujours derrière le
timbalier, fasciné déjà par ces « gros tambours ». Louis Decair, qu'il a
remplacé au poste de timbalier de l'orchestre des Concerts symphoniques de
Montréal (aujourd'hui l'OSM), fut un de ses maîtres, ainsi que le virtuose et
grand pédagogue Saul Goodman, timbalier du Philharmonique de New York, alors
sous Toscanini.
Même s'il a souvent joué de la batterie dans les boîtes de nuit, c'est plutôt
pour le public sélect des salles de concert et devant ses timbales que Louis
Charbonneau allait exprimer son art. Au sein de l'Orchestre symphonique de
Montréal, il aura vécu 49 ans de sa riche histoire. Partant en tournée en Europe
et en Asie, il a côtoyé chez nous une pléiade de chefs aussi prestigieux que
Dutoit (évidemment), Mehta, Klemperer, Münch, Beecham, Markevitch et Stokowski,
pour ne nommer que ceux-là, et qui ont tous eu de bons mots pour le musicien. Il
a participé à plusieurs centaines de musiques de film à l'ONF et, chaque semaine
durant 15 ans, a présenté un répertoire semi-classique en direct à l'émission
Les petites symphonies, à la radio d'État. Et la liste est trop copieuse pour
mentionner tous ses bons coups.
En parallèle, Louis Charbonneau
enseignera pendant 25 ans aux conservatoires de Montréal et de Québec, formant
ainsi plusieurs générations de timbaliers et percussionnistes, dont Pierre
Béluse, Ian Bernard, Paul Picard (depuis 15 ans auprès de Céline Dion !),
Marc-André Lalonde (timbalier solo de l'OSQ), et son successeur à l'OSM, Andreï
Malashenko. « C'est parmi les réalisations dont je suis le plus fier, avec celle
d'avoir tout fait pour amener mon métier à un degré d'excellence. Tous les
timbaliers d'aujourd'hui au Québec ont soit été formés par moi, ou par mes
propres élèves. »
D'ailleurs, de quelle étoffe
est fait un bon timbalier ? « Il doit travailler, travailler, travailler, avoir
une oreille parfaite, posséder un sens parfait du rythme -- et avoir le talent.
Mais ça, on l'a ou on l'a pas. » Et le répertoire ? « Évidemment, les oeuvres de
Bartók, par exemple, toutes assez difficiles, sont fascinantes pour les
percussionnistes. Il utilise notamment la timbale comme instrument mélodique, ce
qui compote plusieurs pièges pour l'interprète. Berlioz, Mahler, mais aussi
Brahms et Schumann, ont également bien garni leurs partitions, qui exigent trois
ou quatre timbales, et souvent deux timbaliers. Richard Strauss a aussi des
pièces de choix. »
La musique contemporaine a aussi bien servi la percussion. « Elle en a
parfois abusé même, tempère-t-il. Il fut une époque où on a utilisé la
percussion avec moins de discernement... mais on me consultait régulièrement
pour valider la faisabilité de certains traits musicaux. » Mentionnons que Louis
Charbonneau a participé à la création de Pantomime de Pierre Mercure
(1949), de Concertante nº1 de Otto Joachim (1957) et du Concerto pour
deux pianos et percussion de Roger Matton (1958). Aujourd'hui, âgé de 71
ans, retraité depuis 1998, le « timbalier solo emeritus » a changé de rythme,
profite de la vie et fait seulement ce qu'il aime. Étrangement, il n'écoute pas
beaucoup de musique, sauf celles qu'il adore (les germaniques, dont Bruckner,
Mahler et Bach). « Au sein d'un orchestre, on doit jouer tout le répertoire au
programme, même ce qui n'est pas toujours valable, que ce soit des grands
classiques ou la musique d'aujourd'hui. Maintenant, j'écoute uniquement la bonne
musique. » Guy Marceau
Julien Grégoire - Choix multiples
Julien Grégoire est le
percussionniste attitré du Nouvel Ensemble Moderne (NEM) depuis sa fondation,
mais on le voit aussi fréquemment à la Société de musique contemporaine du
Québec (SMCQ) ou avec son propre ensemble, le duo Traces, qu'il forme avec le
flûtiste Guy Pelletier. Improvisateur, compositeur, interprète ou professeur, on
peut dire que sa vie tourne autour de la percussion, mais il s'en est fallu de
peu qu'il devienne plutôt... guitariste !
« À l'époque du cégep, je me
sentais davantage prêt à m'inscrire en guitare classique qu'en percussion, parce
que je ne connaissais à peu près rien aux instruments de percussion, je n'avais
aucune technique. Je jouais de la batterie en autodidacte, mais sans plus. Je
pense que ce qui m'a amené à la famille des percussions, c'est sa diversité,
même si je n'en avais à l'époque qu'une idée très approximative. J'avais des
cours de musique au secondaire, ce qui m'a permis d'apprendre à lire, mais je
pensais d'abord m'inscrire au cégep en graphisme. Finalement, j'ai eu la chance
d'être mal orienté, je suppose, et j'ai atterri en musique ! »
Drôle de destin que celui de ce
guitariste et batteur du dimanche qui découvre les instruments de percussion sur
le tard et abandonne presque complètement ceux avec lesquels il avait d'abord
connu la musique. « Il faut bien dire, explique-t-il, que "batterie" et
"percussion" sont deux choses assez différentes. La batterie est devenue une
telle spécialité qu'il s'agit presque d'une famille en soi. Un bon
percussionniste n'est pas nécessairement un bon batteur, et l'inverse est vrai
aussi. Au niveau professionnel, il faut choisir le poste dans lequel on veut se
spécialiser. Bien sûr, il m'arrive encore de jouer de la batterie à l'occasion.
Si, par exemple, une partition que j'interprète avec le NEM requiert une
batterie, je pourrai l'interpréter, mais je n'irais pas m'immiscer au sein d'un
ensemble de jazz professionnel. Je laisse ça aux "vrais" ! Avec les trois
techniques de base des instruments de percussion, soit la caisse claire, les
timbales et les claviers, on a amplement de quoi s'occuper. »
Ce n'est qu'à l'Université de
Montréal, où il a complété son baccalauréat et sa maîtrise auprès de Robert
Leroux, que Julien Grégoire a véritablement pu voir les chemins qui s'offraient
à lui pour la suite. « J'étais entré au cégep sans trop savoir où je me
dirigeais, il faut bien le dire. J'ai su ce qu'étaient des timbales lorsque j'en
ai vu au cégep et même, lorsque j'ai vu un marimba dans la classe, je me suis
dit : "Tiens, ça fait partie de ce qu'il faut apprendre, ça aussi !".
J'associais "percussion" à "baguettes" et à "peaux". Mais au fur et à mesure,
l'engouement m'a gagné et ça n'a pas cessé depuis. »
À la sortie de l'université se
sont suivis les engagements les plus divers, parmi lesquels on compte l'ensemble
de la SMCQ, à l'époque de Serge Garant, et la société de musique nouvelle Les
Événements du Neuf, qu'a dirigée Lorraine Vaillancourt entre 1978 et 1989. « En
1989, comme on le sait, Lorraine Vaillancourt a mis de côté Les Événements pour
fonder le NEM. J'ai été très heureux le jour où elle a pensé à moi pour le poste
des percussions, parce que ça rencontrait parfaitement mes aspirations et que le
répertoire contemporain allait me permettre d'assouvir ma passion de
touche-à-tout. Je ne me verrais pas limité à un poste comme on peut l'être à
l'orchestre, où l'un s'occupe des timbales, un autre, des claviers, etc., un
fonctionnement immuable depuis aussi longtemps que le concept d'orchestre
symphonique. »
Julien Grégoire revient tout juste d'Europe avec son comparse du duo Traces,
Guy Pelletier. Le duo se charge en effet d'interpréter la musique que Zack
Settel a composée pour l'opéra Pacamambo, une production de Chants Libres
vouée à un beau succès. Cette aventure en duo lui permet par ailleurs d'exercer
ses talents d'improvisateur et de s'adonner à la composition, une activité qu'il
pratique pour le moment à petite dose, gardant plusieurs projets dans ses
tiroirs, mais dont on trouve aussi une... trace sur le disque Percumania qu'a
fait paraître l'ensemble de percussion de l'Université de Montréal. « Pour
l'instant, il s'agit surtout d'un travail d'équipe avec Guy. On a actuellement
plusieurs projets de disques et je vais aussi enregistrer une pièce solo,
Deux baguettes dans un presto, d'André Hamel, que j'ai déjà jouée à la
SMCQ. » Des activités sur lesquelles, bien sûr, nous reviendrons. Réjean
Beaucage
À un rythme d'enfer - Aldo Mazza
Arrivé à neuf ans à Ottawa en
provenance du sud de l'Italie, Aldo Mazza commença sa carrière de musicien au
clairon dans la fanfare locale, qui n'avait malheureusement pas de poste de
percussionniste à combler. Cela n'empêchait pas le jeune Aldo de s'exercer
sur... la batterie de cuisine !
C'est à l'adolescence qu'il a
pu rejoindre l'orchestre de son école à titre de percussionniste. « Je crois que
j'ai toujours été attiré par le son des instruments de percussion, jusqu'au soir
où, vers l'âge de 12 ans, j'ai découvert... les Beatles ! » Ce déclencheur l'a
poussé à former un groupe avec des amis : « J'étais avec d'excellents musiciens,
dont plusieurs ont d'ailleurs poursuivi une carrière par la suite, et les choses
allaient très bien pour nous. Nous étions un peu les Beatles locaux ! J'ai
participé aux premiers enregistrements du groupe, mais ayant décidé de devenir
un musicien professionnel, je me suis inscrit à l'Université d'Ottawa, où mon
professeur, Ian Bernard, m'a conseillé de me rendre à Montréal pour étudier avec
Pierre Béluse. Il m'a arrangé une audition avec lui, alors qu'il était en ville
avec l'Orchestre symphonique de Montréal, et il m'a accepté. Alors, j'ai pris le
chemin de l'Université McGill. »
Avant d'arriver à Montréal,
Aldo Mazza avait déjà participé à un camp intensif de percussion organisé par
l'Université du Wisconsin. Il y avait fréquenté des percussionnistes d'horizons
très différents, comme le vibraphoniste Gary Burton ou celui que l'on appelait «
Mr. Percussion », Bobby Christian. C'est là qu'il a découvert la discipline : «
Je n'avais jamais songé que l'on puisse s'isoler pour pratiquer durant six ou
sept heures... Pour moi, c'était un concept absolument nouveau ! Je voyais bien
que je devais le faire aussi, mais je ne savais pas comment m'y prendre. Lorsque
je suis arrivé à Montréal, cependant, j'ai pratiquement coupé tous les ponts et
je m'enfermais très régulièrement pour le faire. Pierre Béluse avait une très
grande influence sur nous, c'était notre gourou ! Il était un magnifique batteur
de jazz, mais aussi un percussionniste très recherché pour l'interprétation de
musique contemporaine. Il faisait partie, avec Louis Charbonneau et Guy
Lachapelle, de la meilleure section de percussion en Amérique, celle de l'OSM !
Il ne reconnaissait aucune barrière stylistique et pouvait exceller dans tous
les genres musicaux. C'était une expérience fantastique que d'apprendre le
métier avec lui. Et puis, au Québec, on avait la particularité d'apprendre aussi
bien selon la méthode de l'Américain Saul Goodman que selon celle du Français
Jacques Delécluse, une combinaison unique ! »
En 1976, deux membres de
l'ensemble Répercussion, à l'origine un sextuor basé à Québec, vont poursuivre
leurs études à McGill et y rencontrent Aldo Mazza. Ce dernier se joindra à
Chantal Simard, à Robert Lépine et à Michel Drapeau pour continuer en quatuor
l'aventure de cet ensemble qui aura 30 ans en 2004 (Michel Drapeau, qui a quitté
Répercussion en 1982, a été remplacé par Luc Langlois). « Depuis ce moment, nous
essayons de poursuivre la tradition d'éclectisme que Pierre Béluse nous a
transmise. Pour nous, il s'agit avant tout de "jouer de la musique", plutôt que
de "jouer des percussions". Quand nous interprétons une transcription d'un
quatuor à cordes de Bartók, nous pensons comme des violonistes ! Nous adorons
explorer l'univers infini que nous offre la très vaste famille des percussions.
Nous pouvons être un quatuor à cordes, mais nous pouvons aussi être un ensemble
électrique comme Weather Report ! Nous avons choisi Répercussion comme véhicule
pour notre plaisir, un véhicule qui transporte toutes nos influences. Il serait
peut-être plus facile de faire la promotion d'un ensemble qui se limite à un
style, que ce soit le jazz ou la musique contemporaine, mais nous préférons de
loin mélanger les genres. »
Aldo Mazza a lui-même prêté talents à une variété impressionnante d'artistes
au cours de sa carrière et il a également développé une passion pour
l'enseignement, ce qui l'a amené à fonder KOSA, un organisme qui offre depuis
plusieurs années à Castleton, dans le Vermont, des ateliers internationaux de
percussion et un festival. « C'est l'occasion de passer une semaine de
perfectionnement très intensive entre percussionnistes. On y croise autant le
percussionniste du Philharmonique de New York qu'un professeur japonais de
taiko, des joueurs de tablas, des batteurs de rock, et parmi les meilleurs ! Je
pense que même les débutants doivent avoir accès aux meilleurs professeurs, aux
maîtres de l'instrument qu'ils veulent apprendre à jouer. » L'expérience
fonctionne si bien que KOSA s'est également implanté récemment à Cuba, un lieu
de prédilection pour la percussion. Ce mois-ci, Aldo Mazza ouvre à Montréal
l'Académie KOSA, un lieu où les débutants comme les percussionnistes chevronnés
pourront trouver professeurs et conseils. Pour en savoir plus, visitez
ou contactez info@kosamusic.com (1 800 541-8401 ou 514
482-5554). Réjean Beaucage
Marie-Josée Simard - Profil d'une battante
Marie-Josée Simard est
l'exemple parfait de la battante fonceuse qui ne s'en laisse pas imposer. Après
25 ans de carrière, sa force de frappe n'a d'égal que sa volonté d'explorer
toujours un peu plus loin la musique de percussion, mais surtout d'exercer son
art sur scène, ce qu'elle aime le plus au monde.
Élevée dans la musique dès la
tendre enfance, elle tâte le piano à l'âge de 9 ans sous la tutelle de sa mère,
Geneviève, pianiste, chanteuse et compositrice. À Baie-Comeau, où elle a grandi,
on fait de la musique en famille. Déjà, âgée de 11 ans (jusqu'à 17 ans), elle
aborde le vibraphone dans l'orchestre de ses parents, sur l'instrument de sa
mère. Ensemble, ils multiplient les spectacles (variété, classiques aux
arrangements jazz) dans leur patelin (son frère Chantal fait aujourd'hui partie
de l'ensemble Répercussion). « Quand je suis entrée au Conservatoire de Québec,
j'avais déjà une technique naturelle avec des trucs bien à moi, comme ce legato
au vibraphone, plus simple à faire qu'à enseigner ! »
Mais Marie-Josée Simard a fait
ses classes et les a réussies haut la main. Elle fut la première femme à
décrocher un premier prix en percussions au CMQM en 1979. Spécialisée dans les
claviers de percussions (xylophone, vibraphone, marimba), elle s'est taillée une
place et une réputation qui a aujourd'hui dépassé nos frontières. « Une femme en
percussions... À l'époque, il faut avouer que je dérangeais. Ceux à qui je
parlais tout haut de mes objectifs de carrière, de jouer en solo plutôt qu'au
sein d'un orchestre, riaient de moi et disaient : Oublie ça ! » Après son
premier prix du conservatoire, elle fut choisie parmi les six lauréats (sur 800
participants) du Concours Les Étoiles du Maurier pour participer à trois
émissions diffusées sur les ondes de la télévision d'État, ainsi qu'à une
tournée en Ontario, question de faire voir et entendre les talents de l'heure. «
J'étais un peu la Canadian Idol ! »
Partout où elle jouait,
Marie-Josée Simard en a profité pour faire des contacts, rencontrer des gens du
milieu, et inviter des personnes-clés aux concerts. « Il ne faut pas se leurrer,
tout ça n'a pas été facile. Pas tellement parce que j'étais une femme, mais pour
toutes sortes de raisons matérielles (équipements et frais de transport
dispendieux). S'il y a plus de femmes en percussions aujourd'hui, la donne est
la même pour tout le monde. Tu ne peux jamais t'asseoir sur un succès. Tu dois
savoir te renouveler, créer ton propre boulot et foncer, même si tu es la seule
à y croire. » Elle est aujourd'hui une artiste « Yamaha », ce qui ne nuit
pas.
Marie-Josée Simard a
perfectionné son art avec des maîtres aux États-Unis (technique à quatre
baguettes au marimba), en Europe (timbales), multiplié les concerts et les
collaborations et débuté l'enseignement. Durant les quelque 12 années où elle a
été professeure au conservatoire, elle tenait ce discours : « Beaucoup sont
comme moi, et veulent jouer en formation de chambre ou comme soliste. Je les ai
toujours encouragés à faire la même chose : étudier à l'étranger, voyager et se
faire entendre... ailleurs. » Si Marie-Josée Simard a dû ralentir la cadence
(sans jamais arrêter, insiste-t-elle) le temps de fonder une famille, elle
profitera de cette période d'accalmie pour se ressourcer et réfléchir à ses
nouveaux projets. Au disque comme au concert, on distingue nettement une
préférence : les collaborations avec d'autres musiciens, les commandes d'oeuvres
aux compositeurs contemporains et les projets spéciaux.
« En 25 ans, j'ai créé 12
concertos canadiens pour marimba ou vibraphone (dont ceux de Jacques Hétu, Serge
Arcuri, Rachel Laurin, Tim Brady). J'ai joué en duo (entre autres !) avec la
violoniste Anne Robert, la flûtiste Lise Daoust, et bientôt, l'incroyable
accordéoniste Vladimir Sidorov... Et je joue en duo depuis 13 ans avec le
flûtiste Marc Grawels. On fera d'ailleurs une tournée québécoise en novembre
(elle tâtera aussi du zarb et des bongos), ainsi qu'une autre tournée en
Espagne, celle-là en 2005. Beaucoup de répertoire contemporain au programme avec
des oeuvres de Michel Lysight, Keiko Abe, Denis Gougeon, Ravi Shankar,
Piazzolla... »
Aujourd'hui, Marie-Josée Simard se nourrit de ses passions. Elle quitte
l'enseignement cette année, notamment pour se consacrer à ses projets, mais
aussi par déception du milieu institutionnel « qui ne valorise pas beaucoup la
reconnaissance du talent ». Ses derniers bébés : « la création, en novembre,
d'une superbe pièce pour flûte basse, marimba et vibraphone, Ode to
nature, de la jazzwoman Karen Young, et celle, en février prochain, de la
Suite tango de Richard Hunt (Quartango), pour violon (Anne Robert) et
marimba, et le projet de commander une oeuvre au pianiste et compositeur jazz
François Bourassa pour Vladimir Sidorov et moi. » Quand la percussion dépasse
les frontières du classique... M'est avis que la musicienne est fin prête pour
un autre 25 ans ! Guy Marceau
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