La Guilde des musiciens du Québec : nouvelle administration Par Réjean Beaucage
/ 10 octobre 2003
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Gérard Masse est président de la Guilde des musiciens du
Québec depuis le 2 mars 2003, alors qu'il était élu à la tête de l'organisme
avec 926 voix, contre 328 pour son adversaire, le président sortant Émile
Subirana. Ce dernier avait fait beaucoup parler de lui dans le dossier de «
l'affaire Dutoit », ses commentaires virulents ayant littéralement précipité la
démission du chef en avril 2002. Gérard Masse est percussionniste depuis l'âge
de 14 ans et c'est son travail de musicien avec des formations rock, jazz ou
avec des orchestres symphoniques qui l'a naturellement conduit à s'intéresser à
la défense des intérêts des musiciens, une cause qu'il a embrassée en 1970,
alors qu'il était élu au Conseil d'administration de la section de Québec de la
Guilde. Nous nous sommes entretenus avec lui afin de mieux connaître cet
organisme.
Qu'est-ce donc, au juste, que la Guilde des musiciens
?
La Guilde, comme l'explique
bien la définition de ce mot, c'est une association d'artistes qui se réunissent
pour se donner des conditions de travail, en d'autres mots, c'est un syndicat
professionnel. Nous sommes reconnus comme tel en vertu de la loi sur les
syndicats et nous sommes accrédités comme étant les seuls et uniques
représentants des musiciens au Québec, des membres comme des non-membres.
Évidemment, les membres peuvent profiter de plus de services que les
non-membres.
La Guilde est une section locale (nº 406) de la Fédération américaine des
musiciens des États-Unis et du Canada (American Federation of Musicians of
the United States and Canada). Il y a une trentaine de sections locales au Canada et un
peu plus de 100 aux États-Unis. Nous sommes donc un chaînon d'une organisation
syndicale qui représente près de 100 000 musiciens et musiciennes en Amérique du
Nord, et cela, depuis un peu plus de 100 ans. Dans ce cas-ci, le terme «
musicien » n'englobe pas les chanteurs, qui eux, relèvent de l'Union des
artistes.
Souvent, les jeunes musiciens
en début de carrière ont un grand besoin d'information, mais ils n'osent pas
contacter la Guilde parce qu'ils ne sont pas membres et craignent d'être mal
reçus. Je ne dirais pas que c'est uniquement par ignorance, parce que nous
sommes coupables aussi si l'information ne passe pas, mais au sens de la loi,
nous les représentons aussi, et nous sommes heureux de les recevoir à nos
bureaux afin de les informer. On peut dire que le ton de la Guilde des musiciens
a changé récemment à cet égard, mais c'était un grave défaut de notre part
d'avoir eu une attitude différente envers les non-membres puisque juridiquement,
depuis 1988, nous représentons tous les musiciens. Depuis que la nouvelle équipe
est en poste, nous multiplions les conférences dans le milieu scolaire pour
expliquer ce que nous faisons.
Mais quand doit-on devenir membre ?
Hé bien, quand c'est le temps
! Lorsqu'il y aura quelqu'un qui vous offrira du travail, que vous sentirez que
vous êtes sur le point d'émerger en tant qu'artiste et que vous voudrez mieux
connaître les conditions de travail des musiciens ou que vous aurez besoin d'une
organisation pour vous représenter, alors ce sera le temps de vous renseigner
sur l'adhésion. Si quelqu'un doit se produire dans le cadre d'un festival
important, ça peut aussi être un indice et il aurait intérêt à se renseigner. Ça
peut éviter de payer des permis de travail temporaires, parce qu'à partir de ce
moment, on peut s'attendre à devoir faire plusieurs autres concerts. Cependant,
nous avons déjà fait des changements du côté des permis de travail. Auparavant,
ils étaient valables pour une période de trois mois. Nous avons maintenant
étendu leur durée à six mois et nous sommes en discussion pour l'étendre
davantage. De cette façon, quelqu'un qui fait peu de concerts peut se satisfaire
d'un permis temporaire. Pour devenir membre, les frais d'inscription sont de 175
$, payable une seule fois, puis la cotisation annuelle est de 180 $. Ces
montants sont en grande partie déductibles de l'impôt, puisqu'il s'agit d'une
cotisation syndicale.
La Guilde a beaucoup fait parler d'elle à cause de ce qui était
perçu comme une intransigeance à l'égard des jeunes musiciens qui se produisent
dans de petites salles de spectacles ou des bars.
Évidemment, certains secteurs
de l'activité musicale sont mieux structurés que d'autres ; on peut penser à la
musique classique, par exemple, où les tarifs sont clairs quelle que soit
l'activité à laquelle doit se prêter le musicien : répétition, enregistrement,
concert, etc. Dans les bars, par contre, c'est un peu n'importe quoi, selon le
sérieux de l'entreprise. Il y a des propriétaires de petites salles qui n'ont
pas d'entente avec la Guilde et qui paient très bien les musiciens, mais il y en
a d'autres qui les paient mal ou pas du tout et il y en a même qui font payer
les musiciens pour l'utilisation de leur scène... Moi, j'ai étudié au
Conservatoire et à l'époque, il y a une trentaine d'années, ça coûtait 40 $ par
année ; aujourd'hui, c'est beaucoup plus dispendieux, et dans tous les domaines.
Alors, payer en plus pour « avoir la chance de jouer », ça semble exagéré. Bien
sûr, c'est un dossier dans lequel l'intransigeance de la Guilde lui a coûté
beaucoup de crédibilité et si on dit parfois que la pente est difficile à
remonter, dans notre cas, on peut parler d'une montagne... Alors, nous sommes en
train de la monter cette montagne. Nous avons un comité qui travaille
précisément pour les musiciens débutants et les endroits où ils se produisent,
mais nous sommes en poste depuis à peine six mois et dans six mois nous aurons
plusieurs belles choses à annoncer.
La Guilde a beaucoup fait parler d'elle au moment de « l'affaire
Dutoit »...
Je dirais que la Guilde a
connu une période sombre. Mais il faut voir que ce type de conflit peut survenir
dans n'importe quel organisme et à n'importe quel moment, et si on en arrive à
un résultat aussi malheureux, c'est souvent dû à un problème de gestion. Je
pense qu'entre adultes, lorsque la pression semble sur le point de tout faire
éclater, on devrait être capables de prendre une pause avant de reprendre les
débats. On a connu, vers la même époque, deux autres situations de crise très
similaires à celle de l'OSM, et, finalement, tout a pu être réglé, parce que
chacun y a mis du sien. Cette situation nous a forcés à nous rendre compte une
fois de plus que nous devons représenter tout le monde. M. Dutoit était membre
de la Guilde des musiciens et d'après nos règlements, il est clair qu'un membre
n'a pas le droit d'en dénigrer un autre, peu importe son statut. Alors, dans une
répétition de l'OSM, on devrait se parler de membre à membre et, en ce qui nous
concerne, nous devrions veiller aux intérêts des musiciens comme à ceux du chef.
C'est là une façon de faire que nous ne comptons pas perdre de vue.
La Guilde des musiciens du Québec, comme les autres associations qui s'occupent au Canada de la défense
des intérêts des artistes, (que l'on pense à la Saskatoon Musicians' Association
ou à la Vancouver Musicians' Association) négocie les tarifs de base qui doivent
être payés à ses membres pour leurs services. C'est déjà important, mais il y a
beaucoup plus et les services qu'offre l'organisme sont nombreux. La Guilde
fournit bien sûr des contrats types pour les diverses activités auxquelles
peuvent participer les musiciens et offre un service d'aide juridique pour les
histoires qui finissent mal. Les membres bénéficient aussi d'un fonds de pension
et d'un fonds de vacances administrés par la Guilde ; les employeurs versent
pour chacun des contractuels qu'ils emploient 7 à 10 % du cachet de base (selon
le type d'engagement) au fonds de pension et 4 % au fonds de vacances, ce
dernier étant versé annuellement à chacun des membres. Ceux-ci bénéficient aussi
d'une assurance-vie de base et d'une assurance collective (salaire, accident,
maladie, soins dentaires, etc.). De plus, la Guilde offre des ententes
avantageuses avec de nombreux fournisseurs (location de véhicule, chambre
d'hôtel, produits divers) et offre des services de consultation pour chacun des
aspects de la vie du musicien. www.guildedesmusiciens.com
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