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La Scena Musicale - Vol. 9, No. 2

Le Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec : la jeunesse de ses 60 ans

Par Lucie Renaud / 10 octobre 2003


Le Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec (cmadq) souffle cette année ses 60 bougies. Tout au long de l'année scolaire 2003-2004, les 7 conservatoires de musique (Montréal, Québec, Trois-Rivières, Gatineau, Saguenay, Val-d'Or et Rimouski) et les 2 conservatoires d'art dramatique (Montréal et Québec) présenteront des événements spéciaux, témoignage vibrant du dynamisme de cette institution.

Un vieux rêve

Le rêve de la mise sur pied d'un Conservatoire d'État date du xixe siècle. Calixa Lavallée avait même proposé en 1878 la fondation d'une école qui aurait pu se comparer au Conservatoire de Paris. Il n'a malheureusement pas convaincu les politiciens de l'époque de la pertinence d'une telle entreprise. Le chef d'orchestre Wilfrid Pelletier, promoteur convaincu du talent québécois, revient à la charge quelques décennies plus tard et fait adopter, le 29 mai 1942, la Loi instituant le Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec. Grâce au prestige de Pelletier, mais surtout à sa ténacité, le Conservatoire ouvre ses portes dès l'année suivante. Appuyé par une « équipe du tonnerre », dont Claude Champagne et Jean Vallerand font partie, il plonge dans l'aventure et négocie avec succès les critiques premières années.

Encore de son temps

Six décennies plus tard, le Conservatoire adopte toujours la ligne tracée par Wilfrid Pelletier : former des interprètes (musiciens ou acteurs) doués mais surtout dotés des ailes nécessaires à la poursuite d'une carrière importante. Le constat ne peut être que positif, témoigne le directeur général, Nicolas Desjardins : « Si on regarde ce que les anciens du Conservatoire ont accompli, leurs succès ne se sont jamais démentis. Nous pouvons être très fiers : plusieurs anciens sont maintenant des têtes d'affiche, tant en musique qu'au théâtre. »

Nicolas Desjardins connaît bien le Conservatoire puisqu'il l'a lui-même fréquenté de 1970 à 1977. Il évoque les chefs avec lesquels il a travaillé et les professeurs qui lui ont transmis leur savoir, mais surtout une passion inextinguible pour l'interprétation de haut niveau. Après cinq ans passés à sa tête, il soutient d'ailleurs que, malgré les temps parfois difficiles, le corps professoral reste la plus grande force du Conservatoire. « Les professeurs ont toujours assuré la survie de l'institution », n'hésite-t-il pas à affirmer.

 

Des festivités grandioses

Des concerts seront d'ailleurs présentés en hommage à trois professeurs qui ont marqué les dernières décennies du Conservatoire de Montréal : le violoniste et chef d'orchestre Raymond Dessaints (le 2 novembre), le tromboniste Joseph Zuskin (le 7 janvier) et la soprano Marie Daveluy (le 24 janvier). Les festivités ne s'arrêteront pas là et s'étendront à toutes les régions touchées par l'organisme. À Montréal, par exemple, Électrop-chaud mettra en vedette la classe de musique électroacoustique d'Yves Daoust le 13 décembre. Du 13 au 21 février, le Studio d'opéra, un ensemble instrumental et les élèves de deuxième année du Conservatoire d'art dramatique créeront Hermione et le Temps, un opéra de Denis Gougeon sur un livret de Normand Chaurette, d'après Le Conte d'hiver de Shakespeare. Il ne faut pas oublier le grand retour, après 3 ans d'absence, de l'Orchestre réseau, formé des 100 meilleurs musiciens des 7 conservatoires, le 1er février, à la Salle Wilfrid-Pelletier. Des organismes de prestige, tels l'Orchestre symphonique de Montréal, l'Orchestre Métropolitain du Grand Montréal, l'Ensemble Amati, la Société de musique contemporaine du Québec et l'Ensemble contemporain de Montréal (ensemble en résidence), ont également choisi d'inclure dans leur programmation une soirée hommage au CMADQ.

Un souhait

Nicolas Desjardins ne cache pas la fierté qu'il éprouve et souhaite avoir les moyens de poursuivre l'excellence qu'on associe maintenant à ses conservatoires. Il n'ose formuler qu'un seul souhait pour les prochains 60 ans : « Que le Conservatoire continue d'avoir la visibilité et la reconnaissance nécessaires pour former des artistes qui se retrouveront sur les scènes importantes... Continuer dans la même veine, quoi ! » La discipline, la persévérance et le travail intense ne seront heureusement jamais démodés.


(c) La Scena Musicale 2002