Le Montréal Jazz Big Band joue Tchaïkovski et Gershwin à LanaudièreJamais deux sans trois ! Par Réjean Beaucage
/ 13 juillet 2004
Le Montréal Jazz Big Band est un secret
trop bien gardé... Je ne l'ai découvert moi-même que le 29 juin 2001, alors
que l'ensemble participait au Off Festival de Jazz, une prestation qui lui a
valu le Prix Opus du Conseil québécois de la musique pour le Concert de l'année,
catégorie « Jazz et Musiques du monde ». Cependant, son histoire remonte
beaucoup plus loin. J'en ai parlé avec son fondateur, le trompettiste Philippe
Hudon.
« J'ai commencé vers l'âge de huit ans à faire de
la musique, mais tout en suivant un cheminement scolaire régulier, jusqu'au
moment d'entrer au Conservatoire de musique. J'ai ensuite participé à
l'Orchestre mondial des Jeunesses Musicales et, au retour, je me suis rendu
compte que d'être trompettiste au sein d'un orchestre symphonique ne pourrait
pas me satisfaire ; je ne pouvais pas me résoudre à attendre 333 mesures avant
de jouer deux ou trois notes ! J'avais à l'époque une conception sans doute
assez étroite du rôle de la trompette à l'orchestre, mais bon, c'était ma
perception. Je me suis donc tourné vers le droit, que j'ai étudié et pratiqué
jusqu'en 1984, quand j'ai découvert que l'on enseignait le jazz à McGill, chose
impensable quelques années auparavant. Comme je me sentais plus ou moins à
l'aise dans la peau d'un avocat, j'ai décidé de retourner à l'Université. En
1989, j'ai décidé d'abandonner complètement la pratique du droit pour fonder un
big band, naïf, mais enthousiaste ! »
La dure réalité allait se charger d'émousser un peu
cet enthousiasme, l'enfilade de galas et de concerts auto-produits ne suffisant
guère à assurer à l'ensemble une reconnaissance pourtant méritée. Évidemment, ça
coûte cher un big band, et les promoteurs ne font pas la file pour engager
l'ensemble, malgré toutes ses qualités.
« Je peux certes remercier le CALQ, poursuit
Philippe Hudon, qui nous soutient depuis 1994, symboliquement, à vrai dire, mais
le soutien est là. C'est tout de même grâce à ça que, petit à petit, les
diffuseurs prennent conscience de notre existence. Je tire mon chapeau au
Festival de Lanaudière, qui nous accueille pour une troisième année consécutive
et qui n'hésite pas à investir pour le faire, parce que le répertoire que nous y
interpréterons nécessite un minimum de trois répétitions, ce qui coûte de
l'argent. Casse-Noisette (Tchaïkovski) et Porgy And Bess
(Gershwin), en 13 mouvements, avec un orchestre qui n'est pas standard, ça ne se
joue pas tout seul. Les saxophonistes doivent sortir leurs flûtes (remerciements
à Twigg Musique pour le prêt des flûtes !) et clarinettes basses. À ma
connaissance, c'est la première fois au Québec qu'un diffuseur met ça au
programme ! »
Gil Evans a arrangé Porgy and Bess en ayant
en tête la trompette de Miles Davis. C'est l'excellent trompettiste Bill Mahar
qui occupera la place de soliste à Lanaudière, un moment qu'il attend
impatiemment. Philippe Hudon, qui dirige l'ensemble, pourra être entendu en
soliste dans le magnifique arrangement qu'a réalisé Duke Ellington de l'œuvre de
Tchaïkovski. Le concert s'ouvrira d'ailleurs sur un autre arrangement du Duke,
celui de Perdido (Juan Tizol). Un très beau dimanche après-midi en
perspective !
Festival de Lanaudière : 1er août 2004, 14 h, à
l'Amphithéâtre de Joliette, www.lanaudiere.org
3
|
|