Michael McMahon: l'accompagnateur Par Réjean Beaucage
/ 3 septembre 2003
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Michael McMahon est sans aucun doute parmi les
accompagnateurs les plus recherchés au Canada. Natif de Montréal, il a étudié
avec Charles Reiner à l'Université McGill avant d'aller se perfectionner à
l'Académie d'été internationale du Mozarteum de Salzbourg ainsi qu'à Vienne, à
l'Institut Franz-Schubert et à la Hochschule für Musik und darstellende Kunst,
où il a obtenu un diplôme en accompagnement vocal.
Il est revenu à l'Université McGill à titre de
professeur et il y est responsable de la classe d'interprétation en chant. Il
est également répétiteur à l'Atelier lyrique de L'Opéra de Montréal et au Centre
d'Art de Banff.
La liste des artistes lyriques canadiens avec
lesquels il a travaillé est longue et compte les noms de Nathan Berg, Manon
Feubel, Maureen Forrester, Karina Gauvin, Wendy Nielsen et Brett
Polegato.
On peut goûter son extrême sensibilité dans
l'accompagnement sur des enregistrements réalisés avec la soprano Lyne Fortin
(étiquette Analekta), la mezzo-soprano Catherine Robbin (étiquettes Marquis et
CBC Records) et le baryton Kevin McMillan (étiquette CBC Records).
Le métier d'accompagnateur est quelques fois ingrat
car le public a souvent tendance à porter son attention davantage sur la mélodie
qui occupe le premier plan, reléguant dans son esprit le travail du pianiste à
de la décoration. Cependant, comme le confirme cet entretien avec Michael
McMahon, il n'y a pas de petit rôle dans ce pas de deux musical qu'est, à toute
fin pratique, le duo piano-voix. Le pianiste nous offre ici les secrets de l'art
subtil de l'accompagnement.
« Je n'entrevois pas mon rôle d'accompagnateur
comme étant celui de quelqu'un jouant derrière la vedette, précise-t-il, mais
plutôt comme un partenariat musical dans lequel chacun des rôles ne saurait
exister sans l'autre. En fait, le pianiste joue littéralement le rôle de
l'orchestre, ce qui n'est pas une mince tâche ! Bien sûr, nous sommes limités
aux qualités propres du piano, mais nous devons arriver à suggérer l'idée de
l'orchestre, nous devons penser comme le chef de cet orchestre imaginaire et le
mettre au service de la voix au meilleur de nos capacités. Il faut que la
sonorité du piano soit assez présente, mais pas trop, il faut aussi s'assurer
que le phrasé permette au chanteur ou à la chanteuse de respirer.
L'accompagnateur doit connaître les œuvres qu'il interprète à l'endroit comme à
l'envers afin de s'assurer un maximum de flexibilité dans le dialogue avec la
voix tout en demeurant fidèle à la musique. La préparation de l'accompagnateur
est donc très importante, parce qu'il doit idéalement comprendre la langue dans
laquelle est chanté le texte, afin de savoir ce qu'il raconte ; il doit aussi
être sensible à la respiration du chanteur, à la force de sa voix, ses capacités
techniques, et il faut être très attentif afin d'être avec lui à chaque moment,
ce qui requiert d'être très à l'aise avec la partition de piano. »
Mais ce rôle particulier de l'accompagnateur
demande-t-il des qualités spécifiques ? Y a-t-il un tempérament « de soliste »
et un tempérament d'accompagnateur ? « Certaines personnes préfèrent jouer de la
musique en soliste afin d'avoir un contrôle total à chaque moment du déroulement
musical. Dans le cas de l'accompagnateur, je crois qu'il faut avoir un goût pour
le dialogue, savoir apprécier la présence de l'autre et prendre plaisir à la
mise en commun des talents. »
Évidemment, l'accompagnateur doit s'adapter à
chaque nouvel interprète avec qui il coopère. Puisqu'il travaille aussi bien
avec des étudiants qu'avec des artistes en pleine possession de leurs moyens
artistiques, Michael McMahon a l'occasion de mesurer toute l'étendue des risques
du métier... « J'ai habituellement le plaisir de travailler avec des artistes
professionnels qui sont d'excellents musiciens, dit-il, cependant mon rôle est
alors bien différent de celui que je dois jouer lorsque j'accompagne des
étudiants, car, dans ce cas, j'ai une responsabilité beaucoup plus grande au
chapître de la direction. Évidemment, c'est chaque fois différent. Certains
chanteurs connaissent si bien les œuvres que tout semble aller de soi. Il suffit
alors de s'installer et de jouer ! »
Qu'en est-il des artistes avec qui il partagera la
scène lors du concert et du progamme qu'a choisi le public pour l'occasion ? «
Je n'ai malheureusement jamais eu le plaisir de rencontrer Mirela, mais j'en ai
entendu parler, bien sûr, et j'ai hâte de travailler avec elle. Par contre, je
connais John depuis de nombreuses années, alors qu'il était étudiant à
l'Université McGill, et je suis très heureux de voir la tournure que prend sa
carrière. C'est aussi le cas pour Annamaria, dont j'ai suivi le parcours de
McGill... jusqu'à la Scala ! Quant au programme, il y a quelques pièces avec
lesquelles je suis moins familier, mais je les ai toutes déjà interprétées. Je
crois que nous aurons une très belle soirée ! »
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