Joyeux anniversaire, Radio-Classique ! Par Réjean Beaucage
/ 4 juin 2003
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Logés dans le Parc Jean-Drapeau
de l'Île Notre-Dame à Montréal, les studios principaux de Radio-Classique, CJPX
99,5 FM, avec leur vue imprenable sur le bassin olympique, semblent presque
déserts lorsque j'y arrive en compagnie de son directeur musical, François Paré.
L'espace, largement vitré, baigne dans le soleil de ce premier bel après-midi de
mai. Le directeur technique, Pierre-Paul Coallier, nous a aperçus et vient nous
saluer, alors que nous entrons dans le studio de diffusion, où ne se trouve
aucun animateur, aucun technicien.
La programmation automatisée à
l'aide du système Dalet donne à ces studios l'allure étrangement calme d'un
endroit inhabité, vu le personnel extrêmement réduit. Comme tout est programmé à
l'avance, l'atmosphère y est au beau fixe, chacun vacant simplement à ses
occupations dans une ambiance feutrée.
Le 25 juin 2003, il y aura cinq ans que Radio-Classique diffusait sa première
œuvre. François Paré se souvient : « À 9 h 50 du matin, CIME a laissé la place à
Radio-Classique et Marjo a laissé la sienne à André Mathieu. Nous tenions à
ouvrir la station avec la musique d'un compositeur québécois, un disque d'ici.
Alors, ce fut avec l'Adagio du Concerto de Québec, interprété par Philippe Entremont
et l'Orchestre du Capitole de Toulouse, chez Analekta, une œuvre qui tourne
encore régulièrement. On peut d'ailleurs dire à ce sujet que si le CRTC exige un
minimum de 10% de contenu canadien, nous ne sommes jamais en dessous de 34%. »
Les choses n'ont pas toujours été aussi bien avec le CRTC : « En effet, poursuit
François Paré, il a fallu trois tentatives à Jean-Pierre Coallier, qui avait
commencé ses démarches en 1968, avant que le CRTC accepte l'idée d'une radio qui
diffuserait de la musique classique accessible et mélodieuse. Chaque fois, le
contexte était défavorable, pour diverses raisons, et je pense qu'au CRTC on ne
croyait tout simplement pas à la viabilité du projet. Personne n'imaginait
l'impact qu'a eu Radio-Classique dès son ouverture. Les premières cotes d'écoute
officielles indiquaient 450 000 auditeurs, et nous en avons été les premiers
étonnés.»
On ne syntonise pas
Radio-Classique pour en apprendre davantage sur l'origine des musiques qui y
sont diffusées, l'animation des émissions y étant limitée à sa plus simple
expression, mais pour entendre le « top 10 » des plus belles mélodies du
répertoire classique. François Paré commente : « Lors de nos premières
diffusions, l'installation du studio n'était pas tout à fait complétée. Nous
n'avions qu'un seul micro destiné à l'enregistrement des publicités. Sur les 200
premiers appels que nous avons reçus, il a bien dû y en avoir 190 de personnes
qui nous ont félicités de faire enfin une radio "qui ne parle pas". Ça nous a
surpris et nous avons choisi de continuer dans cette voie, puisque ça semblait
remporter la faveur du public. Par la suite, nous avons tout de même développé
une façon de nommer les pièces que nous présentons.»
Le succès de Radio-Classique est évidemment dû en grande partie à sa
programmation. Mais quelle est donc la recette du directeur musical ? « J'ai une
expérience radiophonique de musique populaire depuis 1970 et, en gros, j'essaie
d'appliquer au corpus de la musique classique les critères de programmation
d'une station de musique pop. Par exemple, faire revenir les pièces les plus
demandées à tel moment de la journée plutôt qu'à tel autre, selon une certaine
fréquence, et selon un ordre bien précis à l'intérieur de chaque heure. Bien
sûr, le temps d'établir notre son, nous avons diffusé pendant deux mois les
canons les mieux établis du genre, tels le Boléro de Ravel ou le
Quintette pour cordes et piano, « La Truite », de Schubert, mais nous avons depuis
sensiblement élargi notre banque d'œuvres et nous y ajoutons chaque semaine des
nouveautés. » Et tout semble indiquer qu'il s'en ajoutera ainsi encore longtemps
et que Radio-Classique fêtera bien d'autres anniversaires.
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