Initiation à la musique - L'origine des premières formes musicales en Occident Par Sarah Choukah
/ 31 janvier 2003
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Pour esquisser le tableau de
l'histoire des formes, un retour en arrière s'impose, plus particulièrement aux
débuts du Moyen-Âge. Jusqu'à la fin cette époque en effet, le développement et
la diffusion de la musique sont reliés de façon inhérente à la pratique des
offices religieux. Le chant sert en premier à marquer les rites de la fraction
du pain (la Cène) ainsi que les différents rassemblements de pratique du culte.
La musique, en ces circonstances, se veut la plus simple et la plus pure
possible, justifiant ainsi le choix du chant monodique (à une seule voix) et au
rythme non mesuré (il ne le sera qu'au XIIIe siècle). Toujours très dépouillée
et se suffisant à elle-même, la musique liturgique s'enrichit grâce à l'apport
de l'évêque de Milan, saint Ambroise, au IVe siècle. Il découvre les modes
orientaux, plus précisément les hymnes des rites religieux de Byzance, qui
empruntent leurs modes à la musique grecque. Les intervalles étant plus petits,
saint Ambroise les insère dans la messe liturgique. Le chant devient alors plus
fluide et souple, il se sépare déjà des modes grecs classiques.
Diffusé dans toute l'Europe, le rite « Ambroisien » connaît un succès qui lui
vaut presque sa déformation dans les contrées lointaines. Il est modifié sous
l'influence de régionalismes langagiers et de modes musicaux différents, ce que
l'Église veut empêcher, soucieuse de préserver le caractère universel et pur de
sa musique. La notation neumatique sur papier voit le jour au VIIe siècle
utilisant divers signes pour codifier la façon de chanter à l'église. D'abord
aide-mémoire, elle se perfectionne pour donner la notation
proportionnelle, utilisant quatre lignes dans une portée et des notes en
forme de carrés ou de losanges.
L'élément essentiel qui permettra l'élaboration et l'étude des formes que
l'on trouve à partir cette époque est la cadence. Leo Stein la définit comme «
un point de repos marquant la fin d'une phrase ou d'une section. [...] Le mot
"cadence" est dérivé du latin cadere, tomber, puisqu'un sentiment de césure ou de
repos est implicite dans le son d'une note grave suivie immédiatement par une
note plus aiguë ». Cette analogie avec les phrases chantées puis verbales est
importante puisqu'elle permet une meilleure compréhension de la construction
formelle.
La musique religieuse du
Moyen-Âge, soucieuse de son intégrité, ne connaît pas beaucoup de développement
dans les églises mais elle influence beaucoup la musique profane. La cadence
étant utilisée pour rythmer les chants religieux et donner des repères, elle
sert d'élément de ponctuation et d'organisation des chansons dans la musique
populaire. Ainsi, les chansons, très simples aux niveaux mélodique et rythmique,
se composent de couplets courts sur lesquels les textes diffèrent. L'invention
de la barre de mesure, attribuée aux troubadours et aux trouvères (ménestrels de
l'époque), confère unité rythmique et précision à celle-ci. La barre de mesure
donne progressivement un coup de grâce au plain-chant, mais constitue un autre
élément important générateur de la forme écrite.
La
forme devient plus complexe
Avec ces progrès, la musique est prête à devenir plus complexe. Dans The
Evolution of musical form (Presse de l'Université d'Oxford, Londres, 1943), Edward C.
Bairstow désigne certains pivots de l'évolution de la forme : « Les oeuvres
d'art montrent des caractéristiques qui peuvent être divisées en deux groupes :
celui qui exprime l'unité et celui qui donne la variété. De façon générale, les
éléments qui unifient sont communs à toutes les oeuvres.[...] Certains d'entre
eux, comme les patrons rythmiques, ont été communs à la musique de tous temps. »
Les figures rythmiques étant les éléments les plus aisément simulés par la
mémoire auditive, on ne s'étonne pas qu'elles puissent également servir à
différencier les thèmes mélodiques. Thèmes qui, par le biais du contraste et de
la répétition, servent de base à l'élaboration des parties d'une
oeuvre.
La plus connue des formes
musicales est certainement la forme A B A, ou A désigne la première section
principale, et B, une section contrastée dans une autre tonalité. Cette forme à
servi à des milliers d'arias d'opéra, oratorios et cantates, et pour plusieurs
pièces instrumentales. La petite forme ternaire (A B A') est, quant à elle, à
l'origine de plusieurs formes de danses. Menuet, marches, valses et scherzi
comportent cette même organisation tripartite mais sont différenciés par exemple
par leurs traits rythmiques, le nombre de reprises qu'elles comprennent ou les
changements d'harmonie.
L'apport de ces petites formes
de danses est loin d'être négligeable. Elles précèdent l'élaboration des grandes
formes telles que la forme sonate ou de petites formes agrandies par des
répétitions. Support à la création de nombreux compositeurs, elles inspirent
également les analystes et les théoriciens qui ne cessent de fournir de
nouvelles interprétations aux monuments de notre histoire
musicale.
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