Dans la deuxième
partie , nous avons vu comment un signal MIC (modulation par codage
d’impulsions, graphique 1) est produit à partir de la représentation analogique du signal audio. L’une des faiblesses du système tient au fait que la fréquence maximale pouvant être numérisée est limitée à la moitié de la fréquence d’échantillonnage (appelée fréquence de
Nyquist). Il faut donc filtrer le signal d’entrée pour éliminer toute
information de haute fréquence avant qu’elle n’arrive au convertisseur en
utilisant un filtre passe-bas antirepliement. En général, nous aimerions
néanmoins avoir autant de contenu de haute fréquence que possible et, ainsi, ce
filtre est habituellement conçu de manière à ce qu’il laisse passer toutes les
fréquences jusqu’à la fréquence de Nyquist et élimine toute fréquence
supérieure.
Autrefois, ces filtres étaient conçus et construits comme des appareils analogiques. Les designs étaient compliqués (donc coûteux) et utilisaient des combinaisons particulières de résistances, d’inducteurs et de condensateurs qui filtraient, comme par magie, les signaux selon les besoins. Malheureusement, ces filtres avaient plus souvent qu’autrement tendance à altérer la qualité des signaux audio résultants. Les systèmes numériques s’étant améliorés, il fut décidé d’effectuer ce filtrage en utilisant un traitement numérique du signal. Au lieu de faire passer le signal dans un filtre antirepliement analogique et d’effectuer les mesures de niveaux directement à la sortie, un nouveau système supérieur et plus économique fut créé.
Dans ce système, maintenant utilisé dans presque tous les appareils d’enregistrement numérique, le signal analogique (graphique 2) est d’abord converti en train binaire en utilisant une méthode autre que la MIC. Cette méthode, appelée modulation - (sigma-delta) ou SDM, utilise un seul chiffre binaire en
alternant très rapidement entre des valeurs hautes et basses (0 et 1) pour
représenter le niveau du signal audio analogique. Contrairement à la forme
d’onde MIC, qui ressemble à une simplification en escalier, le résultat du
convertisseur - est une curieuse onde en carré (graphique 3), où la moyenne des
chiffres binaires adjacents dans le flux constitue le niveau de la forme d’onde
originale. Par conséquent, lorsque le niveau analogique est élevé, il se trouve
plus de 1 que de 0 dans le train numérique. Lorsque le niveau analogique est
nul, les 1 et les 0 sont en nombre égal.
Dans le système MIC, ce train - est, par la suite, filtré en utilisant un processeur de signal numérique (DSP), puis converti en une représentation MIC avant d’être stocké sur un disque DVD audio ou audionumérique. Toutefois, il y a environ deux ans, certains ingénieurs se sont demandé si une telle conversion en MIC était nécessaire. Pourquoi ne pas simplement stocker le train numérique du convertisseur SDM? Le résultat fut ce que nous appelons maintenant le Direct Stream Digital
ou DSD, l’encodage utilisé dans les disques compacts super audio (SACD). Le
signal stocké sur le disque est le train de chiffres binaires simples qui serait
normalement utilisé comme matière première à partir de laquelle le signal MIC
est produit.
Ce système a l’avantage d’éliminer le filtrage
considérable requis pour produire la conversion MIC; un filtre beaucoup plus fin
suffit, lequel altère beaucoup moins le signal audio à enregistrer. En outre, le
système offre cet autre avantage technique d’utiliser un seul bit (au lieu des
16 bits du disque audionumérique ou des 24 bits du DVD audio) pour représenter
le niveau de chaque échantillon. Le désavantage technique est qu’un signal DSD
doit être échantillonné à une fréquence sensiblement plus élevée qu’un signal
MIC. En fait, pour un SACD, la fréquence d’échantillonnage est 64 fois celle
d’un compact -- soit 2822400 échantillons par seconde, ou environ 2,8 MHz.
Comme ses concurrents DVD audio, le SACD a aussi été
conçu en fonction du consommateur et du détaillant. Les fabricants savent que
les consommateurs en veulent encore aux maisons de disques de les avoir obligés
à acheter des compacts pour remplacer leurs vinyles et seraient probablement
très mécontents s’ils devaient répéter l’exercice pour remplacer leurs compacts.
Ainsi, les SACD sont «rétrocompatibles». Cela signifie que, non seulement on
pourra faire jouer ses compacts sur son lecteur SACD, mais que, très souvent, on
pourra également faire jouer ses SACD sur son «vieux» lecteur compact. En effet,
un SACD peut compter deux niveaux d’information différents -- comme un gâteau à
deux étages! Le premier niveau contient l’information lue par un lecteur
compact, lequel, en fait, ne se rend même pas compte qu’un SACD est en train de
tourner. Toutefois, ce niveau est semi-transparent et permet à un lecteur SACD
de lire la couche sous-jacente à travers la première. Cette deuxième couche à
«haute densité» peut stocker au-delà de six fois plus d’information que la
couche supérieure et comprendre deux versions différentes du même
enregistrement, une en version stéréo (à deux canaux) et une en version
ambiophonique à six canaux, en plus d’une certaine quantité d’éléments
graphiques: images, vidéo ou texte. En outre, puisque la plupart des disques
compacts contiennent maintenant un signal MIC résultant d’un encodage DSD, la
couche CD sur un SACD peut être produite en utilisant l’enregistrement DSD pour
la couche à haute densité, ce qui simplifie la tâche des techniciens et des
fabricants de matériel de studio.
En quatrième partie, le mois prochain, nous aborderons
les grandes questions suivantes: «Comment est la qualité du son?» et «Que
devrais-je acheter: un DVD audio ou un SACD?»
[Traduction d’Alain
Cavenne]