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La Scena Musicale - Vol. 6, No. 5

Musique contemporaine toutes générations confondues

Par Lucie Renaud / 1 février 2001

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L
année 2000 s’est avérée bien remplie pour l’Ensemble Contemporain de Montréal et sa fondatrice et directrice artistique, Véronique Lacroix. La Scena Musicale l’a rencontrée au retour de la première tournée canadienne de l’ECM, qui a sillonné le pays du Nouveau-Brunswick à la Colombie-Britannique dans le cadre des ateliers Génération 2000.

1. Emily Doolottle
2. Andriy Talpash
3. Gordon Fitzell
4. Jean-François Laporte
5. Rose Bolton
Génération 2001

Pour la première fois depuis 1994, le concours Génération a été ouvert l’année dernière aux compositeurs de tout le Canada, grâce à la collaboration de divers diffuseurs de musique contemporaine. Les cinq compositeurs choisis (Andriy Talpash, Rose Bolton, Gordon Fitzell, Emily Doolittle et Jean-François Laporte) devaient d’abord cibler leur démarche lors d’ateliers préliminaires suivis avec intérêt par un public grandissant. Après un travail avec l’Ensemble et sa directrice, l’œuvre était ensuite retravaillée pour être présentée en concert à l’automne, précédée de points de repère élaborés par le compositeur. « Devoir synthétiser son idée pour le public, que ce soit à l’étape préliminaire ou au concert aide à faire le focus. Ce à quoi aspire un compositeur est souvent sans fin. Il faut parfois faire des choix pratiques », résume Véronique Lacroix.

L’Ensemble, en résidence au Conservatoire de musique de Montréal depuis 1995, désire stimuler les jeunes créateurs en leur proposant divers contextes de création. On s’assure également que les collaborations avec les compositeurs visent le long terme. « Au Québec, précise la directrice artistique, les compositeurs peuvent envisager de faire carrière même s’ils sont débutants. On leur promet 3 ou 4 commandes en 10 ans.; ailleurs, les compositeurs espèrent être joués dans 10 ans.! Quand on amorce une collaboration, on suit la carrière du compositeur dans son évolution. Ces compositeurs sont ceux de notre génération et nous resterons toujours sensibles à ce qu’ils ont à dire. »

Une fascination pour l’inconnu

L’interprétation et la diffusion de la musique contemporaine ont toujours coulé de source pour Véronique Lacroix. En 1987, alors jeune étudiante en direction d’orchestre au Conservatoire, considérant essentiel de participer à la vie musicale de son époque, elle fonde l’Ensemble, composé de collègues étudiants. La chef se souvient avec précision de leur premier concert, lequel mariait dans un contexte thématique un octuor de Mozart et une création d’Anthony Rosankovik. Les musiciens de l’ECM sont maintenant de jeunes professionnels reconnus pour leurs qualités d’instrumentistes mais Véronique Lacroix continue de jumeler compositeurs de demain et d’hier. « Comme interprète, pour bien comprendre la musique contemporaine, il faut aussi connaître ce qui la précède », assure-t-elle.

Quatre-vingts œuvres nouvelles plus tard, la création stimule encore et toujours Véronique Lacroix. « Je ne me lasse pas d’observer le processus de création, confie-t-elle. J’aime son côté déstabilisant. Le défi ne consiste pas seulement à mettre en forme les notes et le rythme d’une œuvre mais aussi à lui donner vie. »

Le concert reste un instant unique pour la chef..: « Un concert est un événement, une fête, un moment où l’auditoire se concentre sur l’écoute de l’œuvre. Ça démultiplie la qualité d’écoute. La présence des musiciens sur scène donne lieu à des moments plus électriques...» Véronique Lacroix veut à tout prix éviter de sombrer dans les habitudes, ce qui explique sans doute la variété unique de la programmation de l’ECM. « Avec les ateliers de Génération, on passe par l’analyse rationnelle en expliquant le processus créatif. Le concert thématique avec son programme hybride classique-contemporain et son aspect extramusical est un moyen de rejoindre un public de non-initiés. Il transporte l’auditeur ailleurs sans qu’il s’en rende compte, simplement par l’émotion. Tout le monde peut ainsi y trouver son compte en autant qu’il accepte de s’abandonner , conclut-elle. De passionnantes découvertes en perspective!

Les jeunes compositeurs voulant faire parvenir leur dossier pour participer à l’atelier Génération 2001 ont jusqu’au 15 février pour le faire. Détails sur le site Web de l’Ensemble à l’adresse.: www.ecm.qc.ca .

Sacrée Véronique.!

Sacrée Landowska, présenté le 20 février prochain à Montréal (et égalementen tournée), s’insère dans la tradition des concerts thématiques que l’Ensemble présente régulièrement. « Un fil conducteur, dans ce cas-ci la claveciniste remarquable qu’était Landowska, permettra au public de situer l’inconnu dans le connu », explique Véronique Lacroix. L’Ensemble juxtaposera ainsi une œuvre de Bach — compositeur que Landowska avait permis aux auditeurs de la fin du xixe siècle de redécouvrir —, le concerto de Manuel de Falla, — commandé à l’époque par Landowska —, une nouvelle œuvre du jeune compositeur Inouk Demers et le théâtre musical de John Rea, Sacrée Landowska, Mémoires modernes (d’outre-tombe). « L’ECM aime flirter, rigole la chef, explorer les autres disciplines artistiques. Ça stimule les compositeurs et ça renouvelle le processus de création. » Le théâtre musical sera parsemé de musique et de textes qui reprennent les confidences imaginaires de Landowska à un public qui serait en coulisses. Le personnage, qui sera interprétée par la claveciniste Catherine Perrin, devient ainsi une allégorie. Le clavecin deviendra seul maître à bord et colorera ainsi le spectacle dans son entier ou presque.

L’ECM s’associera en mars avec la chorégraphe Isabelle Van Grimde pour huit représentations de Trois vues d’un secret à l’Agora de la danse.

 


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