Winter & Winter : une compagnie de disque des plus originales Par Dominique Olivier
/ 1 décembre 1999
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Connaissez-vous le violoncelliste Paolo Beschi? Et le Trio La Gaia
Scienza? Si oui, c'est grâce à la compagnie allemande Winter & Winter, qui
a su débusquer le génie de ces jeunes interprètes et leur donner la chance
d'entamer une carrière discographique internationale. Depuis ses débuts,
Winter & Winter surprend. Interprètes à l'approche originale, musiques
rares ou improvisées, pochettes au design magnifique où l'on privilégie
l'image au détriment du texte : voici quelques-unes des caractéristiques
uniques de cette compagnie qui ne fait rien comme les autres, et où le
moteur principal est toujours l'enthousiasme. Son directeur, Stefan
Winter, nous a accordé une entrevue à l'occasion de son passage à
Montréal, en septembre dernier.
La diversité musicale que l'on retrouve dans les enregistrements de
Winter & Winter est frappante, et reflète bien le bagage de son fondateur :
« Mon background est, d'un côté, la musique ancienne, puisque j'ai étudié
avec Konrad Ruhland et, de l'autre, le jazz. J'ai travaillé 10 ans pour une
étiquette de jazz appartenant à Polygram, et j'ai eu envie de devenir
indépendant, d'avoir ma propre étiquette, où je pourrais produire plusieurs
styles musicaux. » Pas de chapelle chez Winter & Winter, qui se veut
stylistiquement éclatée et ouverte à tout. « Pour moi, ce qui est
important, c'est de réaliser des projets très spécifiques. Pas de présenter
un style musical en particulier. » Les différentes séries que l'on retrouve
au sein de la compagnie -- Basic Edition, New Edition et Artist Edition,
Special Edition -- servent essentiellement à faciliter les tâches de
commercialisation et de distribution. « Quand je réalise un projet, je n'y
pense même pas, confie le directeur. C'est seulement au moment de
l'étiquetage que je classe les enregistrements. »
Stefan Winter associe souvent ses produits à l'art cinématographique. «
J'essaie de voir les productions musicales de la même façon que le
cinéma, explique-t-il. Dans chaque album, j'essaie de raconter une
histoire. Je suis comme un réalisateur qui fait un film : d'un côté, j'ai le
script, qui est la partition, et,de l'autre, les musiciens, les interprètes,
qui sont comme les acteurs. Et puis, il y a le temps et l'espace. Il faut
mettre tout ça ensemble et produire ce que j'appelle parfois des
audio-films. » Les disques de Winter & Winter sont d'ailleurs des objets
d'art complets, associant le sonore au visuel, allant même jusqu'à inclure
l'aspect tactile... « J'ai horreur du plastique! Vous pouvez sentir le coffret
avec vos doigts, et ça aussi, c'est important. » De fait, les coffrets
cartonnés de la compagnie sont si agréables à toucher qu'avant même
d'avoir entendu l'enregistrement, on entre déjà en relation sensuelle avec
son emballage. « Je veux aussi créer des objets qui ne soient pas des
pièces de musée, mais des choses vivantes », souligne Stefan Winter.
Amateurs de notes explicatives claires et précises, s'abstenir. Le
directeur de Winter & Winter préfère laisser s'épanouir l'imagination de
l'auditeur, à partir d'images ou d'extraits de textes de compositeurs. « J'ai
un peu peur d'expliquer en mots, parce que ça limite l'imagination. Je ne
veux pas systématiquement documenter un enregistrement, mais plutôt
raconter de vraies histoires qui soient reliées à la musique. » De même
qu'il souhaite travailler avec des artistes enthousiastes de ses projets,
Stefan Winter désire aussi que les distributeurs soient emballés pas ses
produits. Étant en accord avec l'image de la compagnie, ils épousent ainsi
son côté novateur, constamment à la recherche de nouvelles idées pour
stimuler l'auditeur. Stefan Winter parle avec un plaisir manifeste de ses
prochains « bébés », un coffret de cinq disques sur un voyage à la Havane
-- Winter & Winter nous faisant constamment voyager -- et un disque sur
la cornemuse! English Version... |
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