Agnes Grossmann dirige l'Orchestre symphonique de Montréal Par Dominique Olivier
/ 1 décembre 1999
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Pour la chef de choeur et d'orchestre Agnès Grossmann, autrichienne de
naissance et montréalaise d'élection, un nouveau chapitre commence. En
1996, après avoir été directrice artistique de l'Orchestre Métropolitain, la
musicienne reprenait le flambeau paternel en prenant la tête des Petits
chanteurs de Vienne. Elle devenait ainsi la première femme à occuper ce
poste, en 500 ans! Durant sa courte période à la tête de l'institution, elle
dirigeait d'ailleurs une série de concerts célébrant le demi-millénaire des
Petits chanteurs, à Vienne, aux États-Unis et au Canada. Toutefois,
certaines incompatibilités l'amènent à quitter son poste, dès 1998. Le
litige entre le Conseil d'administration et la directrice artistique porte
principalement sur la question de l'autofinancement et des réformes
souhaitées par cette dernière. « Ça a été une décision très difficile à
prendre, nous confiait récemment Agnès Grossmann, de retour à Montréal.
J'ai reçu des lettres très touchantes des enfants. Mais ce qui se passe
maintenant est aussi très stimulant. »
Heureusement pour nous, la chef d'orchestre revient dans son pays
d'adoption avec une foule de projets, prête à insuffler une nouvelle énergie
à la vie musicale québécoise et canadienne. D'emblée, elle a accepté de
reprendre son poste de directrice artistique du Centre d'Arts Orford,
laissé vacant par le départ de Yuli Turovsky. « Ce n'était pas prévu, mais
j'ai pensé que ce serait intéressant, parce que les budgets ont augmenté. »
Constamment orientée par une vision sans frontière du monde musical,
Agnès Grossmann souhaite à nouveau travailler sur la vocation
internationale du Centre d'Arts. Un autre projet qui lui tient à coeur est le
développement -- avec son mari, Raffi Armenian -- d'une école supérieure
affiliée au Conservatoire de musique de Montréal. « Cette école donnera
aux musiciens la possibilité de continuer d'étudier après avoir obtenu un
premier prix. Elle aura pour but de ne pas perdre le potentiel local, en
faisant venir ici les grands maîtres afin que nos jeunes aient accès à leur
enseignement sans avoir à s'exiler. C'est incroyable, le talent qu'il y a au
pays! Nous voudrions être associés à d'autres grandes écoles au monde qui
ont le même mandat. Je crois que c'est une idée vraiment importante pour
l'avenir musical du pays, et j'espère que ça va se réaliser! » Débordante
d'enthousiasme et de passion, Agnès Grossmann semble immunisée contre
le pessimisme et la déprime. Pianiste à l'origine, la musicienne avait
amorcé une brillante carrière, recevant en 1972 le Prix d'interprétation
Mozart, à Vienne, faisant des tournées internationales sous l'égide du
Columbia Artists Management. En 1973, une blessure à la main droite
l'oblige à annuler tous ses engagements et à revoir ses priorités. Elle
s'inscrit alors aux études en direction à la Hochschule für Musik de Vienne,
avec Karl Österreicher et Günther Theuring. Sa carrière débute en 1979,
alors qu'elle est chef assistante du choeur des Jeunesses musicales de
Vienne. Cette femme admirable ne se laisse jamais abattre par l'adversité
et navigue avec énergie de réussites en projets, de projets en réussites.
Tour à tour ou simultanément, elle est directrice artistique de la Wiener
Singakademie, des Chamber Players de Toronto, de l'Orchestre
Métropolitain de Montréal, du Centre d'arts Orford, des Petits chanteurs de
Vienne... Parallèlement, elle poursuit une carrière de chef invitée qui
l'amène un peu partout dans le monde, plus particulièrement au Japon.
Malgré plusieurs années passées à la tête de l'Orchestre Métropolitain, la
chef d'orchestre n'avait jamais été invitée à diriger l'Orchestre
symphonique de Montréal. Ce n'est que depuis son retour dans la métropole
québécoise qu'elle a été sollicitée pour y faire ses débuts. On la retrouvera
au podium pour la présentation annuelle du Messie de Handel de l'OSM, les
14 et 15 décembre prochains à la basilique Notre-Dame. Mais auparavant,
elle fera ses réels débuts à l'Orchestre le 5 décembre, avec le Requiem de
Mozart dans le cadre d'un événement très particulier en hommage aux
victimes de l'École polytechnique. « J'ai plusieurs fois dirigé le
concert-hommage aux victimes de l'École Polytechnique, souligne Agnès
Grossmann. Quand je dirigeais l'Orchestre Métropolitain, nous avions la
mère d'une des victimes dans le choeur. Mais ça sera la première fois avec
l'OSM. C'est très spécial parce que le 5 décembre est le jour anniversaire
de la mort de Mozart, et aussi le jour de la mort de mon père, pour qui j'ai
déjà dirigé le Requiem, à Vienne, à la même date. »
Les solistes que nous entendrons dans le Requiem de Mozart sont la
soprano Kathleen Brett, la mezzo Lynn Comtois, le ténor Benjamin
Butterfield et la basse Gary Relyea. Dans le Messie de Handel, toujours
avec l'OSM, les solistes seront Henriette Schellenberg, soprano, Sonia
Racine, mezzo, Richard Clément, ténor et Gary Relyea, basse. Agnès
Grossmann sera donc au pupitre de l'OSM le 5 décembre, ainsi que les 14 et
15 décembre, à la basilique Notre-Dame. English Version... |
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