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La Scena Musicale - Vol. 5, No. 1

Comment choisir un instrument?

1 septembre 1999


Comment choisir un instrument? par Dominique Olivier Lorsqu'on songe à faire apprendre la musique à ses enfants, ou lorsqu'un adulte a des temps libres lui permettant l'apprentissage d'un instrument, le choix s'avère parfois difficile. À moins d'avoir toujours rêvé de voir son enfant devenir le spécialiste mondial de l'accordéon de concert, ou d'avoir ardemment désiré apprendre la bombarde ou le cornet à pistons, on se retrouve devant une multitude de possibilités, toutes aussi attrayantes les unes que les autres. Piano ou violon sont souvent les premiers noms qui viennent alors à l'esprit. Il va de soi que ces instruments ont un répertoire qui les rend d'emblée extrêmement attirants. Toutefois, les maîtriser demande de nombreuses années de pratique assidue et leur apprentissage doit souvent débuter dès la petite enfance. Si l'on s'intéresse aux percussions, il faut bien sûr tenir compte du bruit généré par la pratique. Hormis cet inconvénient, la grande variété d'instruments au sein de cette famille est stimulante. Outre la très bruyante batterie, on y retrouve une pléthore d'autres moyens de produire des sons en faisant résonner une membrane ou en heurtant des objets, l'inconvénient étant que l'apprentissage se trouve alors orienté uniquement vers le rythme. Heureusement, toute une gamme d'instruments à claviers, tels le xylophone, le marimba et le vibraphone, qui font également partie de la famille des percussions, permet d'apprendre les hauteurs de son. Certaines avenues s'ouvriront aisément pour celui ou celle qui désire faire vibrer ses cordes vocales. Participer à des chorales, que ce soit pour un jeune enfant ou un adulte, qu'il sache ou non lire la musique, est une activité très formatrice et surtout, très agréable! De nombreuses chorales d'amateurs se réunissent à Montréal, et beaucoup d'entre elles présentent régulièrement des concerts. La Maîtrise des Petits chanteurs du Mont-Royal, qui existe depuis 43 ans, a formé quant à elle beaucoup de paires d'oreilles aguerries! Par contre, il est déconseillé d'entamer un apprentissage purement vocal avant la fin de l'adolescence, c'est-à-dire tant que la voix n'a pas atteint sa pleine maturité. D'autres instruments peuvent apporter rapidement satisfaction au jeune ou au moins jeune musicien en herbe, et lui permettre de participer à des événements de groupes. Les fanfares, les harmonies, les quintettes de cuivres ou les quintettes à vent offrent des possibilités intéressantes. Quand à la flûte à bec, qui fut longtemps un des instruments préférés des amateurs, elle possède un répertoire très vaste de solos, duos, trios, etc. Elle permet aussi d'apprivoiser sans trop de difficultés le langage musical, puisqu'une bonne partie de son répertoire était réservée aux non-musiciens. Du côté des cuivres, le tromboniste de réputation internationale Alain Trudel, maintenant professeur au Conservatoire de musique de Montréal, a accepté de situer les choses pour nous : « Il y a un avantage à jouer d'un cuivre pour quelqu'un qui ne veut pas nécessairement faire une carrière. Il y a beaucoup de mélomanes qui ne font pas d'un instrument, et parfois, ça leur manque. Je parle souvent à des gens, les chauffeurs de taxi, par exemple, qui me disent qu'ils aimeraient bien faire de la musique, mais que ça n'est pas pour eux, qu'ils sont trop vieux, ou pas assez cultivés. Pourtant, ils adorent en écouter! Avec les cuivres, ce qu'il y a de bien, c'est que tu n'es pas obligé d'avoir investi dix ans de ta vie pour jouer et avoir du plaisir. Tu peux commencer à 30 ou 40 ans et en faire une fois par semaine dans le band de l'Armée du salut. Ça ne sonne pas mal du tout! J'en connais qui le font, et qui constatent que ça ajoute une dimension qu'ils ne soupçonnaient même pas à leur vie. » Il existe cependant une contrainte d'âge qu'on ne peut ignorer, sous peine de se retrouver avec des frustrations majeures. « Il y a un petit trombone – un instrument miniature – qui est sorti il y a quelques années. Dans des pays comme la Norvège, on a constitué des classes de trombone dans le genre Suzuki. Je dois avouer que je suis en désaccord avec ça. Il y a des règles physiques qu'on ne peut pas transcender. Les jeunes peuvent développer des traumatismes, en particulier en produisant les aigus, parce qu'ils n'ont pas la résistance physique nécessaire, en tout cas pas avant 12, 13 ou même 14 ans. » Pascal Véraquin, luthier en instruments à vent, confirme les dires d'Alain Trudel. « Tous les instruments à vent sont très "physiques", et la grosseur de l'instrument peut être un handicap pour un jeune enfant. À l'exception de la flûte traversière : il existe un modèle avec une tête recourbée, ce qui rapproche la flûte du corps. Il y a même à Montréal une classe de flûte Suzuki, où les enfants commencent à peu près à l'âge de cinq ans. C'est la seule exception. À part ça, le saxophone, la clarinette, le hautbois, le basson, ce sont des instruments trop gros pour un enfant avant l'adolescence. » Véraquin détient, pour sa part, une maîtrise combinée en flûte, saxophone et clarinette. Mais si un parent venait le voir, et lui demandait quel instrument faire apprendre à son enfant? « C'est sûr que la réponse la plus automatique, c'est le piano, répond Véraquin. Parce qu'en même temps on peut apprendre le langage musical de façon plus générale. Par contre, il y a des jeunes qui commencent à la flûte à bec, qui demeure un instrument à vent pas cher, léger et facile d'approche. » Pour un adulte qui ne connaît pas la musique, il est possible de commencer sur l'instrument de son choix, et d'apprendre la théorie et la pratique simultanément. Quant aux débouchés pour les musiciens en herbe, Véraquin et Trudel sont formels : les fanfares et les harmonies sont un moyen merveilleux de faire de la musique avec d'autres. « J'ai commencé à 13 ans dans une fanfare qui s'appelait les Rythmics, se souvient Alain Trudel. C'était surtout pour être avec mes copains! À l'époque, je n'avais pas vraiment d'ambitions musicales... Dans une harmonie, il y a de la place pour tout le monde, souligne Véraquin. Généralement, pour quelqu'un qui fait de la musique en amateur, que ce soit à l'école ou ailleurs, c'est l'harmonie qui donne le plus de possibilités. » Que ce soit avec les cuivres, les bois ou les percussions, d'autres styles musicaux sont également accessibles, comme le jazz, la musique populaire, la musique de danse, en particulier si on joue du saxophone. Toutefois, si on songe à une carrière en musique pour sa progéniture, le choix du piano ou d'un instrument à cordes reste très valable puisqu'il permet - et exige! - de commencer très tôt, d'autant plus qu'il peut mener, à n'importe quel moment, vers un autre instrument aux débouchés plus évidents. À vous de choisir!

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