Le Festival international de duo-piano du Québec sous le signe de la continuité Par Jacques Desjardins
/ 1 juillet 1999
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par Jacques Desjardins
Les 18 et 19 août prochains se
tiendra à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau le quatrième Festival
international de duo-piano du Québec. Le Conseil québécois de la musique a reconnu
l'apport exceptionnel du Festival en lui attribuant en novembre 1998 le Prix Opus du
diffuseur de l'année.
Deux concerts seulement sont présentés cette saison, faute d'avoir
obtenu toutes les subventions souhaitées. «En cette année de restructuration au Conseil
des arts et lettres du Québec, aucune aide financière n'a été accordée aux nouveaux
demandeurs», a déclaré Dominique Morel, présidente et fondatrice du Festival.
Toutefois, le CALQ a financé les voyages que madame Morel a effectués en Russie et en
Europe de l'Est pour l'aider à recruter de nouveaux duettistes et faire de la recherche
de nouveau répertoire. Le Festival a notamment reçu une subvention du Conseil des arts
de la Communauté urbaine de Montréal et coproduira ses concerts avec la Société
Radio-Canada. Bien en verve, Madame Morel m'a expliqué qu'il valait mieux organiser moins
d'événements et en assurer l'excellence plutôt que de multiplier les activités au
détriment de la qualité.
Cette année, le Festival
reçoit deux des plus grands duos de piano de Russie. Le concert d'ouverture sera assuré
par le duo d'Elena Sorokina et d'Alexandre Bakhchiev qui interpréteront des ¦uvres de
Mozart, Weber, Czerny, Schubert et Rachmaninov. Madame Sorokina est présidente de
l'Association russe de duo-piano, tandis que Monsieur Bakhchiev, quasi inconnu ici, jouit
d'une immense réputation dans son pays et a même reçu les éloges du grand Sviatoslav
Richter. Dominique Morel me le décrit comme le plus fidèle représentant de la tradition
d'élégance et de raffinement du Conservatoire de Saint-Pétersbourg, dans le sillage
d'Anton Rubinstein, d'Alexandre Siloti et de Serge Rachmaninov, par opposition au jeu
réputé plus costaud de l'école de Moscou.
Le concert du 19 août mettra
en vedette trois duos de piano. On pourra réentendre le duo Sorokina-Bakhchiev, et
découvrir le duo formé de Gennady Pystine et d'Igor Tsygankov. Les hôtes du Festival,
Dominique Morel et Douglas Nemish compléteront le programme de la soirée. La Sonate
pour deux pianos de Poulenc partagera l'affiche avec deux raretés : la Suite
«Gogol» et le Concerto pour piano à quatre mains et orchestre de chambre de
Schnittke. L'Ensemble I Musici, augmenté d'instruments à vent et sous la direction de
Yuli Turovsky, accompagnera les duettistes. Il est à noter que monsieur Turovsky a connu
Elena Sorokina au conservatoire, pendant leurs années d'études, et qu'il retrouvera avec
plaisir sa vieille camarade de classe.
Dominique Morel n'hésite pas
quand je lui demande pourquoi elle tient tant à organiser un festival de duo-piano
malgré le manque de connaissance et d'intérêt du public pour ce type de formation
musicale. «Les duos de piano sont très nombreux et très reconnus en Europe de l'Est.
Les enfants commencent très tôt à jouer en duo et deviennent plus tard des interprètes
de premier plan du vaste répertoire pour deux pianos, inconnu ici et qu'il vaut la peine
de faire découvrir.» Madame Morel a la foi et son enthousiasme contagieux saura gagner
les sceptiques à sa cause. Elle me cite une longue liste de festivals, depuis celui de
Tallinn, en Estonie, jusqu'à celui d'Oulan-Bator, en Mongolie. Son souhait le plus cher
serait de faire de Montréal une étape obligée d'un circuit international de festivals
de duo-piano.
Parmi ses projets, Dominique
Morel envisage l'ouverture d'un volet «musique contemporaine», l'organisation d'un
concours et le retour des classes de maîtres. Elle souhaite aussi présenter à Montréal
un aperçu des différentes tendances en duo-piano qu'elle a observées au cours de ses
nombreux voyages. Ce serait, pour ainsi dire, un volet «tendances nationales». Au bout
du fil, je sens Dominique Morel fébrile à la veille de l'édition 1999 de «son»
festival. Ses ambitions pour le rendre plus dynamique ne seront freinées que par le
manque de moyens financiers. Il faut souhaiter que les organismes subventionnaires et les
commanditaires répondent favorablement l'an prochain à ses demandes, car il serait
dommage de perdre le plus original des festivals musicaux d'été. En voilà un qui vise
d'abord à faire découvrir des trésors cachés de la musique et des interprètes de
calibre international méconnus chez nous. C'est un rendez-vous.
Festival international de
duo-piano du Québec : les 18 et 19 août 1999 à la salle Pierre-Mercure du Centre
Pierre-Péladeau, 300, rue de Maisonneuve Est. Billets : 514-987-6919.
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