La classification des voix Par Dr. Françoise P. Chagnon
/ 1 septembre 1998
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La classification de la voix
préoccupe souvent les jeunes chanteurs à la recherche d'un
répertoire. Souvent, on les envoie chez un laryngologue dans
l'espoir que l'anatomie de leurs replis vocaux et de leur gorge les
éclaire à ce sujet. Les novices entretiennent habituellement l'idée
préconçue que la longueur des replis vocaux détermine le type de la
voix. Or, la classification doit également tenir compte de la
qualité de la voix et de sa hauteur (l'étendue des fréquences
perceptibles), et non pas seulement de la fréquence fondamentale
produite par la vibration des replis.
En général, les replis plus longs chez les
hommes (18 à 24 mm) que chez les femmes (14 à 19 mm) correspondent à
des voix plus profondes. Déterminer la longueur des replis par un
examen direct n'est pas une tâche facile. On ne doit considérer que
sa membrane vibrante et rendre compte des variations de longueur
dues à la contraction des muscles vocaux. Modifier la longueur des
replis n'est pas le seul facteur qui influence la hauteur de la
fréquence fondamentale dans le chant; les changements de tension des
muscles vocaux sont aussi en cause.
La forme et le volume des cavités buccales
résonantes sont également importantes puisqu'elles colorent la voix.
Théoriquement, pour une longueur de repli donnée, la voix est perçue
comme plus sombre (grave) si l'appareil vocal est plus long. Jusqu'à
un certain point, les chanteurs peuvent contrôler la longueur de
leur appareil vocal résonant en soulevant ou en abaissant leur
larynx, ou en contractant leurs lèvres.
En conséquence, on doit fonder la
classification de la voix sur des paramètres physiologiques
dynamiques. Il n'existe aucune méthode scientifique rigoureuse pour
y arriver. Toutefois, il y a un consensus sur les critères suivants
:
1) La tessiture. C'est l'étendue des notes
qu'un chanteur peut produire avec le maximum d'aisance, soit de do3
à do5 pour les ténors, de la2 à la4 pour les barytons, de mi2 à mi4
pour les basses, de do4 à do6 pour les sopranos, de la3 à la5 pour
les mezzo-sopranos et de mi3 à sol5 pour les altos.
2) Le passage. C'est l'étendue des
fréquences où s'effectue le changement de registre, soit de mi4 à
fa4 pour les ténors, de ré4 à mi4 pour les barytons et de do4 à ré4
pour les basses. Pour les voix féminines, le passage se situe à une
octave au-dessus de celui des voix masculines.
3) Le spectre général de l'énergie
acoustique dans la voix. Le son de la voix comporte des fréquences,
générées par les replis vocaux, qui forment des crêtes (formants)
sous l'action de l'appareil vocal résonant. Cleveland (1978) a
proposé une classification de la voix chantée masculine basée sur la
moyenne des formants mesurés à partir de l'interprétation d'un long
extrait. L'analyse objective des formants permettent des
classifications hybrides fondées sur la combinaison de petites
cordes vocales avec un long appareil vocal et vice versa.
La classification des voix vise à orienter
les chanteurs vers le répertoire qui convient le mieux à leur
potentiel anatomique et physiologique. Mais il faut éviter une
classification prématurée car la tessiture et l'étendue vocale d'un
chanteur inexpérimenté ne sont pas suffisamment développées.
C'est le professeur de chant qui peut le
mieux classer la voix. Les laryngologues peuvent quant à eux fournir
une aide en corrigeant les pathologies nuisibles des replis vocaux.
L'analyse acoustique constitue une aide pédagogique en soulignant
l'importance de l'action des résonateurs vocaux dans le
développement des formants et l'enrichissement de la production
sonore. En somme, la classification juste de la voix découle de la
mise en valeur de la réalité physique du chanteur par un bon
apprentissage vocal. English Version... |