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Sir Georg Solti :
Memoirs Alfred A. Knopf, 1997. 258 pp. ISBN
0-679-44596-X
The late Sir Georg Solti’s
autobiographical memoirs were completed within days of his death in
September 1997, just short of his 85th birthday. These excellent
reminiscences (ghost-written by Harvey Sachs, author of good
biographies of Toscanini and Artur Rubenstein) are a fascinating
final legacy to Solti’s many fans and to anyone curious about the
modern history of classical music.
Georg Solti was born György
Stern to a Jewish family on Oct. 21, 1912 in Buda, Hungary. His
father Germanized young György’s given name to Georg and changed his
family name to Solti, to shield his son from anti-semitism. World
War I impoverished the Stern family, and the young Solti apprenticed
as a pianist and repetiteur in Hungarian opera houses, though as a
Jew he was forbidden to conduct. In 1939 the rise of Nazism drove
him to Switzerland, where he survived by coaching singers. His
father died a natural death during the war; his mother was driven
mad by years of hiding from the Nazis in a cellar. By 1945 Germany
was in Allied hands and Solti took over the music direction of the
Bavarian State Opera. Solti gives a more honest explanation for his
return to Germany than any excuse given by Karajan or Furtwängler
for their pro-Nazi activities: "The desire to conduct was an
irresistible force in me ... Sometimes, I think, like Faust, I would
have been prepared to make a pact with the Devil and go to hell with
him in order to conduct." Solti was a relatively inexperienced
conductor but he learned quickly and made valuable contacts before
de-Nazified German conductors returned to their posts. The rest of
Solti’s career follows a gentle rise, with pauses at the Frankfurt
Opera, the Vienna Philharmonic (with whom he recorded his wonderful
Ring Cycle), the Royal Opera House, Covent Garden, and the Chicago
Symphony.
Solti’s
memoirs are precious not just because he was at the centre of
European and North American musical life for over half a century,
but also because he was always aware of the historical context and
trajectory of his activities. He regularly steps back from the
narrative to clarify, judge and, occasionally, confess. In countless
asides, without getting technical or mystical, he illuminates the
craft of conducting. His digressions on music, art and psychology
are fresh and valuable, the fruit of lived experience. Solti also
has a sharp sense of humour, supplying many funny and irreverent
celebrity anecdotes. It has been many years since a musician wrote
such an interesting and entertaining book. Philip
Anson Charles Rosen : Aux Confins Du Sens: Propos Sur La
Musique. Paris : le Seuil (La Librairie du XXe siècle),
1998. Traduit de l’anglais par Sabine Lodéon.
Charles Rosen, pianiste
américain réputé et auteur de plusieurs essais sur la musique,
partage son temps entre les États-Unis et Paris, ce qui explique que
ses livres soient souvent traduits en français. Celui-ci, traduction
de The Frontiers Of Meaning : Three Informal Lectures On Music, se
compose du texte de trois conférences prononcées à Rome en mars
1993, et dont l’objectif commun, comme le dit la préface (laquelle,
pour des raisons inexplicables, manque dans la version française),
était d’en finir avec l’idée reçue qu’il existe un "code secret que
nous devrions apprendre pour comprendre la musique." Le premier
texte (Aux frontières du non-sens) pose directement la question de
fond : "Qu’est-ce que comprendre la musique?" Rosen répond que
"comprendre la musique, c’est tout simplement ne se sentir ni
dérouté ni agacé par elle."
Le troisième
essai (Expliquer ce qui va sans dire) reprend le même problème, à
l’inverse, par la question de l’analyse : cette fois-ci, il s’agit
de voir ce que c’est que de faire comprendre la musique. L’essai se
divise en deux parties, (1) théorique et (2) illustrative, dont la
deuxième consiste en une série d’analyses magistrales de morceaux
particuliers, y compris des Lieder de Schubert. Malheureusement,
c’est aussi dans ce chapitre que l’on ressent le plus clairement les
limitations inhérentes à la lecture silencieuse du texte (truffé de
citations musicales) d’un exposé-concert destiné à être entendu : la
dimension sonore est en effet indispensable pour emporter la
conviction de la lecture face à la thèse principale, qui veut que
"l’analyse motivique" d’un morceau musical n’ajoute vraiment rien à
notre "compréhension", son rôle se limitant à expliciter ce que
l’oreille a déjà entendu de toute façon. Par ailleurs, l’autre thèse
de l’auteur, selon laquelle seule l’analyse historique apporte
quelque chose de réellement neuf, est affaiblie du fait que son
concept de l'histoire semble se réduire à la biographie, l’histoire
générale, l’histoire de la culture, etc...., en faisant l’économie
de l’évolution du langage musical lui-même. Dans le deuxième essai
(Comment devenir immortel), Rosen assure la transition entre les
deux autres textes en se penchant sur les discours que des
contemporains tiennent sur une musique nouvelle (dans ce cas-ci,
celle de Beethoven) qu’ils sont encore en train d’essayer de
"comprendre" et de "s’expliquer" les uns aux autres. L’ennui est
qu’il est également proposé de mettre cet examen au service d’un
objectif plus général, soit de "tenter de dissiper certains des
mythes sur la façon dont se forme (la) tradition (musicale)", sans
jamais cependant se donner la peine de définir en quoi précisément
consistent ces mythes ou même de dire que c’est là son objectif, en
dehors de la préface (absente de la traduction française!). En
conséquence, ce chapitre, par ailleurs très lisible et même
passionnant, souffre d’un grave défaut de clarté de la visée
argumentative qui n’est pas sans affecter l’ensemble de l’ouvrage.
L’édition française comprend une courte notice biographique, une
bibliographie et une discographie de Rosen. La traduction faite sous
la supervision de ce dernier, est très bonne, en dépit de quelques
anglicismes. Pierre M. Bellemare
Réal La Rochelle :
Callas, l’opéra du disque Christian Bourgois Éditeur 1997
(370 pages)
À l’occasion du
20e anniversaire de la mort de Maria Callas et du 100e de la firme
phonographique EMI, le professeur et critique de cinéma québécois,
Réal La Rochelle nous invite à examiner un aspect de la vie de la
cantatrice peu discuté dans les biographies: sa carrière
phonographique, ante et post mortem. Ce livre n’est ni une
biographie, ni une critique de ses enregistrements. Il s’agit
principalement d’une revue détaillée de sa carrière en studio et
d’une analyse plus générale de l’industrie du disque (production et
diffusion).
La première partie, "Callas
et la machine fantasmagorique du disque", est une sorte
d’introduction qui traite de divers sujets indirectement reliés: le
mythe culturel de la Callas, le marketing des rééditions de ses
enregistrements studio, et enfin, la visite de l’auteur en 1964 aux
sessions d’enregistrement de Tosca qui a semé en lui une passion qui
dure encore.
La deuxième partie, "Histoire
d’une carrière phonographique", décrit le travail en studio de
Callas pour EMI et Cetra, la relation entre ces deux compagnies, les
problèmes de contrat, le choix des oeuvres, en comparant Callas à
Renata Tebaldi en particulier. Cette partie est complétée par "La
mise en scène sonore d’opéra", qui rassemble propos techniques et
observations personnelles (dont celles de la diva elle-même) au
sujet des séances d’enregistrement.
La troisième partie, "Passé
le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre", traite des tentatives
et de l’échec d’EMI à enregistrer une Traviata avec Callas parce
qu’elle avait enregistré cet opéra pour Cetra en 1953; du succès des
enregistrements live ou piratés; des rééditions posthumes; et de la
publication de bandes qui avaient été rejetées à l’époque.
Malgré que l’ancêtre de cet
ouvrage soit une thèse de doctorat, ce livre est loin d’avoir un
style académique. Outre les renseignements factuels, l’auteur
présente un grand nombre de petits détails, entremêlés d’extraits
d’entrevues, de citations d’autres commentateurs socio-culturels, et
de rapprochements conceptuels avec d’autres domaines artistiques,
dont le cinéma et le rock-pop des années 80 (Klaus Nomi est
mentionné à quelques reprises). Les annexes regorgent de détails
discographiques et de références bibliographiques précieuses. Pour
ceux qui veulent tout savoir sur la Callas, ou sur l’industrie du
disque classique, c’est un complément d’information
indispensable. Eric Legault
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