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La Scena Musicale - Vol. 3, No. 9 July - August 1998

Books / Livres

Sir Georg Solti : Memoirs
Alfred A. Knopf, 1997. 258 pp.
ISBN 0-679-44596-X

SoltiBook.jpg - 49932 BytesThe late Sir Georg Solti’s autobiographical memoirs were completed within days of his death in September 1997, just short of his 85th birthday. These excellent reminiscences (ghost-written by Harvey Sachs, author of good biographies of Toscanini and Artur Rubenstein) are a fascinating final legacy to Solti’s many fans and to anyone curious about the modern history of classical music.

Georg Solti was born György Stern to a Jewish family on Oct. 21, 1912 in Buda, Hungary. His father Germanized young György’s given name to Georg and changed his family name to Solti, to shield his son from anti-semitism. World War I impoverished the Stern family, and the young Solti apprenticed as a pianist and repetiteur in Hungarian opera houses, though as a Jew he was forbidden to conduct. In 1939 the rise of Nazism drove him to Switzerland, where he survived by coaching singers. His father died a natural death during the war; his mother was driven mad by years of hiding from the Nazis in a cellar. By 1945 Germany was in Allied hands and Solti took over the music direction of the Bavarian State Opera. Solti gives a more honest explanation for his return to Germany than any excuse given by Karajan or Furtwängler for their pro-Nazi activities: "The desire to conduct was an irresistible force in me ... Sometimes, I think, like Faust, I would have been prepared to make a pact with the Devil and go to hell with him in order to conduct." Solti was a relatively inexperienced conductor but he learned quickly and made valuable contacts before de-Nazified German conductors returned to their posts. The rest of Solti’s career follows a gentle rise, with pauses at the Frankfurt Opera, the Vienna Philharmonic (with whom he recorded his wonderful Ring Cycle), the Royal Opera House, Covent Garden, and the Chicago Symphony.

Solti’s memoirs are precious not just because he was at the centre of European and North American musical life for over half a century, but also because he was always aware of the historical context and trajectory of his activities. He regularly steps back from the narrative to clarify, judge and, occasionally, confess. In countless asides, without getting technical or mystical, he illuminates the craft of conducting. His digressions on music, art and psychology are fresh and valuable, the fruit of lived experience. Solti also has a sharp sense of humour, supplying many funny and irreverent celebrity anecdotes. It has been many years since a musician wrote such an interesting and entertaining book. Philip Anson

Charles Rosen : Aux Confins Du Sens: Propos Sur La Musique.
Paris : le Seuil (La Librairie du XXe siècle), 1998.
Traduit de l’anglais par Sabine Lodéon.

Charles Rosen, pianiste américain réputé et auteur de plusieurs essais sur la musique, partage son temps entre les États-Unis et Paris, ce qui explique que ses livres soient souvent traduits en français. Celui-ci, traduction de The Frontiers Of Meaning : Three Informal Lectures On Music, se compose du texte de trois conférences prononcées à Rome en mars 1993, et dont l’objectif commun, comme le dit la préface (laquelle, pour des raisons inexplicables, manque dans la version française), était d’en finir avec l’idée reçue qu’il existe un "code secret que nous devrions apprendre pour comprendre la musique." Le premier texte (Aux frontières du non-sens) pose directement la question de fond : "Qu’est-ce que comprendre la musique?" Rosen répond que "comprendre la musique, c’est tout simplement ne se sentir ni dérouté ni agacé par elle."

Le troisième essai (Expliquer ce qui va sans dire) reprend le même problème, à l’inverse, par la question de l’analyse : cette fois-ci, il s’agit de voir ce que c’est que de faire comprendre la musique. L’essai se divise en deux parties, (1) théorique et (2) illustrative, dont la deuxième consiste en une série d’analyses magistrales de morceaux particuliers, y compris des Lieder de Schubert. Malheureusement, c’est aussi dans ce chapitre que l’on ressent le plus clairement les limitations inhérentes à la lecture silencieuse du texte (truffé de citations musicales) d’un exposé-concert destiné à être entendu : la dimension sonore est en effet indispensable pour emporter la conviction de la lecture face à la thèse principale, qui veut que "l’analyse motivique" d’un morceau musical n’ajoute vraiment rien à notre "compréhension", son rôle se limitant à expliciter ce que l’oreille a déjà entendu de toute façon. Par ailleurs, l’autre thèse de l’auteur, selon laquelle seule l’analyse historique apporte quelque chose de réellement neuf, est affaiblie du fait que son concept de l'histoire semble se réduire à la biographie, l’histoire générale, l’histoire de la culture, etc...., en faisant l’économie de l’évolution du langage musical lui-même. Dans le deuxième essai (Comment devenir immortel), Rosen assure la transition entre les deux autres textes en se penchant sur les discours que des contemporains tiennent sur une musique nouvelle (dans ce cas-ci, celle de Beethoven) qu’ils sont encore en train d’essayer de "comprendre" et de "s’expliquer" les uns aux autres. L’ennui est qu’il est également proposé de mettre cet examen au service d’un objectif plus général, soit de "tenter de dissiper certains des mythes sur la façon dont se forme (la) tradition (musicale)", sans jamais cependant se donner la peine de définir en quoi précisément consistent ces mythes ou même de dire que c’est là son objectif, en dehors de la préface (absente de la traduction française!). En conséquence, ce chapitre, par ailleurs très lisible et même passionnant, souffre d’un grave défaut de clarté de la visée argumentative qui n’est pas sans affecter l’ensemble de l’ouvrage. L’édition française comprend une courte notice biographique, une bibliographie et une discographie de Rosen. La traduction faite sous la supervision de ce dernier, est très bonne, en dépit de quelques anglicismes. Pierre M. Bellemare

Réal La Rochelle : Callas, l’opéra du disque
Christian Bourgois Éditeur 1997 (370 pages)

Rea_La_Rochelle.jpg - 72206 BytesÀ l’occasion du 20e anniversaire de la mort de Maria Callas et du 100e de la firme phonographique EMI, le professeur et critique de cinéma québécois, Réal La Rochelle nous invite à examiner un aspect de la vie de la cantatrice peu discuté dans les biographies: sa carrière phonographique, ante et post mortem. Ce livre n’est ni une biographie, ni une critique de ses enregistrements. Il s’agit principalement d’une revue détaillée de sa carrière en studio et d’une analyse plus générale de l’industrie du disque (production et diffusion).

La première partie, "Callas et la machine fantasmagorique du disque", est une sorte d’introduction qui traite de divers sujets indirectement reliés: le mythe culturel de la Callas, le marketing des rééditions de ses enregistrements studio, et enfin, la visite de l’auteur en 1964 aux sessions d’enregistrement de Tosca qui a semé en lui une passion qui dure encore.

La deuxième partie, "Histoire d’une carrière phonographique", décrit le travail en studio de Callas pour EMI et Cetra, la relation entre ces deux compagnies, les problèmes de contrat, le choix des oeuvres, en comparant Callas à Renata Tebaldi en particulier. Cette partie est complétée par "La mise en scène sonore d’opéra", qui rassemble propos techniques et observations personnelles (dont celles de la diva elle-même) au sujet des séances d’enregistrement.

La troisième partie, "Passé le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre", traite des tentatives et de l’échec d’EMI à enregistrer une Traviata avec Callas parce qu’elle avait enregistré cet opéra pour Cetra en 1953; du succès des enregistrements live ou piratés; des rééditions posthumes; et de la publication de bandes qui avaient été rejetées à l’époque.

Malgré que l’ancêtre de cet ouvrage soit une thèse de doctorat, ce livre est loin d’avoir un style académique. Outre les renseignements factuels, l’auteur présente un grand nombre de petits détails, entremêlés d’extraits d’entrevues, de citations d’autres commentateurs socio-culturels, et de rapprochements conceptuels avec d’autres domaines artistiques, dont le cinéma et le rock-pop des années 80 (Klaus Nomi est mentionné à quelques reprises). Les annexes regorgent de détails discographiques et de références bibliographiques précieuses. Pour ceux qui veulent tout savoir sur la Callas, ou sur l’industrie du disque classique, c’est un complément d’information indispensable.  Eric Legault

(c) La Scena Musicale