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La Scena Musicale - Vol. 3, No. 3

Le laryngologue vous répond

Par Dr. François P. Chagnon / 1 novembre 1997


Les dysfonctionnements respiratoires mineurs, que la population en général tolère assez bien, peuvent constituer un sérieux handicap pour l'artiste interprète. Ils affaiblissent le « support » de l'interprète et peuvent provoquer des tensions musculaires faciales, de la gorge, de la mâchoire, de la langue et du cou. En conséquence, les interprètes qui jouent d'un instrument à vent se plaignent de douleurs aux lèvres et à la gorge, de difficultés à tenir les notes longues et de fatigue générale. Quant aux chanteurs, ils peuvent ressentir des difficultés à atteindre les plus hautes notes. Un certain nombre de contingences peuvent affaiblir le soutien respiratoire, notamment une technique déficiente, le manque d'exercice ou un conditionnement aérobique défectueux. Une formation appropriée en technique respiratoire et en support abdominal augmente le volume d'air respiré et réduit la rétention pulmonaire au cours de la performance.

La dysfonction pulmonaire, en particulier l'asthme non diagnostiqué, entraîne les mêmes effets que si l'interprète n'avait pas respiré suffisamment d'air. Les symptômes classiques de l'asthme (dyspnée, respiration bruyante, quintes de toux, serrements de poitrine) peuvent être déclenchés par des allergies ou des exercices et peuvent être exacerbés par une sinusite ou une bronchite. L'interprétation musicale elle-même constitue une forme d'exercice qui peut déclencher l'asthme. Dans un cas typique, l'essoufflement apparaît 30 ou 40 minutes après le début de la performance. Les tentatives de compensation de l'affaiblissement du soutien respiratoire par des artifices techniques peuvent amener des nodules ou des polypes vocaux.

La susceptibilité à l'asthme peut être diagnostiquée par des tests pulmonaires spécialisés. Le traitement par des drogues anti-inflammatoires ou dilatatrices des bronches sera adapté aux conditions saisonnières, environnementales ou aux circonstances particulières de la performance. Une seule exposition à un allergène peut aggraver l'asthme pendant plusieurs jours, ce qui exige de se conformer exactement au traitement suggéré. Le traitement d'allergies nasales concomitantes peut également prévenir l'asthme. Les dysfonctionnements pulmonaires, même légers, doivent être traités afin d'optimiser la fonction respiratoire en cours de performance.

François P. Chagnon est la directrice du Laboratoire de la voix de l'Hôpital général de Montréal


(c) La Scena Musicale 2002