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La Scena Musicale - Vol. 3, No. 2 Octobre 1997
Emma Albani, la diva, la vedette mondiale
Michelle Labrèche-Larouche
Collection "Les Grandes Figures"
XYZ éditeur, Montréal, 1997 (195 pages).

Le 1er novembre prochain, on fêtera le 150e anniversaire de naissance d’Emma Albani, la première étoile lyrique internationale canadienne. Une nouvelle biographie de la cantatrice vient de paraître chez XYZ éditeur.

Née à Chambly, dans le Bas-Canada d’alors, Emma Lajeunesse commença très jeune à étudier le piano, le chant et la harpe avec ses parents, tous deux professeurs de musique. Elle donna ses premiers concerts à l’âge de huit ans. Elle se rendit à Paris en 1868, puis à Milan en 1869, pour étudier avec les plus grands maîtres du chant. Pour payer ses études, on avait organisé des concerts-bénéfices où elle était accompagnée au piano par sa soeur Cornélia. C’est en Italie qu’elle prit le nom "Albani", plus propice à une carrière lyrique en ce pays.

Emma fit ses débuts en Sicile en 1870 dans La Sonnambula de Bellini. Elle s’installa en Angleterre en 1871 et fut pendant longtemps la principale soprano de Covent Garden, dont elle épousa le directeur en 1878. Elle fut adulée dans tous les grands théâtres d’Europe et dans ses nombreuses tournées outre-mer. Son public et ses collègues appréciaient sa personnalité charmante et irréprochable, sa musicalité et son professionnalisme. Son répertoire varié comprenait non seulement des rôles coloratures italiens et français, mais aussi des rôles wagnériens; elle encouragea les Anglais à ouvrir leurs portes à ce nouveau répertoire. Elle fut également appréciée pour son interprétation d’oeuvres sacrées; Gounod, Dvorak et Sullivan composèrent des oratorios et cantates pour elle. Après sa retraite, suite à de mauvais investissements, la diva dut vendre les nombreux bijoux qu’elle avait reçus de ses admirateurs et de ses amis, dont la reine Victoria. Elle reçut aussi plusieurs décorations officielles. Elle mourut en Angleterre en 1930.

L’Albani a fait quelques enregistrements en 1904-07, après un sérieux déclin vocal. Dans la compilation "Les grandes voix du Canada" chez Analekta, on trouve, en plus de sa photo en couverture, l’air "Souvenirs du jeune âge". La voix est instable mais sans vibrato, et la couleur est d’une pureté qui semble aujourd’hui impossible à reproduire.

Les livres de la collection "Les Grandes Figures" sont des biographies romancées, c’est-à-dire qu’on y présente des propos et pensées inventés mais vraisemblables, relatifs à des événements véridiques. Ils se veulent à la fois légers, divertissants et éducatifs. Chaque volume comprend une bibliographie et un tableau chronologique détaillés, mais pas d’index. Les puristes préféreront peut-être un style plus analytique et académique, mais les deux approches ont chacune leurs mérites.

Pour se documenter, l’auteure est allée à la source, entre autres, au fonds d’archives Albani de la ville de Chambly et aux archives de Covent Garden. Heureusement la diva nous avait laissé ses Mémoires (Forty Years of Song, 1911; traduits et annotés par Gilles Potvin, 1972), desquels l’auteure s’est inspirée pour faire revivre son personnage. Le récit est parsemé de nombreux détails qui nous aident à comprendre le contexte social, culturel et matériel dans lequel Emma a vécu. La traduction de tous les termes étrangers (en notes de bas de page) est une touche rafraîchissante.

Incidemment, la pièce de Simon Fortin, Le pays dans la gorge (1991), qui dépeint la relation entre Emma Albani et sa soeur Cornelia, sera présentée au Théâtre du Rideau Vert, du 20 janvier au 14 février prochain.  Eric Legault

(c) La Scena Musicale