Off Jazz 2015 : Musiques d’ici ... et d’ailleurs aussi Par Marc Chénard
/ 1 septembre 2015
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« Un festival doit grandir, mais ne jamais grossir. »
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- Bernard Lubat |
En 2010, l’Off Festival de jazz de Montréal avait reporté son événement à l’automne. Cinq ans plus tard, ses organisateurs semblent avoir bien compris la portée de la remarque ci-dessus. L’auteur de cette perle, Bernard Lubat, batteur et pianiste hexagonal, en sait quelque chose, car il tient la barre d’un événement comparable dans son hameau d’Uzeste en Aquitaine, et ce, depuis des lustres. L’Off, pour sa part, a « grandi » depuis sa création en l’an 2000, sa programmation misant sur la scène locale, mais n’excluant pas la participation d’invités du reste du Canada, des États-Unis, voire d’Europe. Depuis ses premières éditions ambitieuses, où il a effectivement grossi, l’événement a rajusté son tir, question de mettre l’accent sur la qualité plutôt que sur la quantité, sans oublier les contraintes financières avec lesquelles le secteur culturel doit composer de nos jours.
À l’encontre de ses rendez-vous annuels récents, qui se sont déroulés sur deux longs week-ends, sa seizième édition s’étalera en continu, soit du jeudi 1er octobre (Journée internationale de la musique, au cas où vous ne le sauriez pas) au samedi 10. En tout et partout, 27 événements sont inscrits à l’affiche, répartis entre neuf lieux dont deux maisons de la culture, des salles connues des festivaliers (Lion d’Or, Café Résonance) et deux nouveaux espaces (La Vitrola, rue Jean-Talon, et le Club Soda, qui prend la relève de l’ancien Cabaret du Mile End pour sa soirée de clôture, voir plus bas).
Pour ouvrir le bal (jeudi 1er, 20 h, Lion d’or), l’Orchestre national de Jazz – Montréal poursuit sa lancée de concerts amorcés durant l’été en reprenant la musique de son premier disque, bonifiée en cette occasion par un nouveau mouvement. En effet, Marianne Trudel a composé une autre pièce pour sa suite Dans la forêt de ma mémoire, celle-ci s’intitulant Plein Ciel, conçue spécialement pour mettre en évidence l’un de ses solistes vedettes, le saxophoniste André Leroux. Si vous l’avez manqué durant la dernière saison, c’est le moment ou jamais de l’entendre sous tous ses feux.
Une affaire de générations
Soucieux de rassembler des musiciens de générations différentes, le festival engage autant des noms établis que de jeunes talents. Parmi les premiers, nul n’a besoin de présenter Jean Derome et son groupe phare, les Dangereux Zhoms (augmenté de neuf autres musiciens pour son spectacle du mercredi 7 au Lion d’or). Tout aussi connue chez nous, la chanteuse Karen Young offrira une prestation intimiste le dimanche 4 à la Maison de la culture Côte-des-Neiges avec deux complices de longue date, Sylvain Provost (gtr.) et Normand Guilbeault (cb.).
À l’envers de la médaille, le festival offre une vitrine de choix à notre relève. Signalons d’abord le retour du groupe d’Andy King, trompettiste qui a obtenu en 2014 le prix François-Marcaurelle pour une performance électrifiante (jeudi 8, à la Vitrola). Le mardi 6, un collectif d’artistes réunis sous la bannière de la maison de disques Multiple Chord Music (MCM) se produira à la Casa del Popolo. Créée en 2011 par le Parc-X Trio, cette étiquette rassemble des talents majoritairement issus de notre relève, Andy King par exemple ou encore sa consœur trompettiste Rachel Therrien, lauréate du plus récent concours de jazz au FIJM. Gabriele Vinuela-Pelletier, pianiste du Parc-X trio, codirecteur de MCM et membre du comité de programmation de l’Off, précise que cette soirée comportera des prestations de neuf groupes, chacun se produisant pendant une vingtaine de minutes. Un beau marathon en perspective...
Invités de marque
Cette année, l’Off élargit son mandat un tant soit peu en accueillant plus d’invités étrangers que par le passé. Ainsi, il organise pour la première fois un atelier d’improvisation avec un musicien américain, soit le guitariste Joe Morris. Enseignant au New England Conservatory de Boston, Morris se tient à l’écart des formules convenues du jazz, voire de la guitare électrifiée, préférant une expression musicale beaucoup plus libre, à la fois très disciplinée et inventive. À ne pas manquer pour les praticiens en herbe de cet instrument... et autres aussi (dimanche 4 octobre, 14h, la Passe, 1407 de la Montagne). Le lendemain soir, il se produira à la Vitrola avec le Grill, collectif de musique improvisée de Rimouski.
En soirée de clôture (samedi 10, Club Soda), l’Off reçoit deux contrebassistes invités, le premier une grande pointure dont la réputation n’est plus à faire, Miroslav Vitous, la seconde étant une nouvelle venue qui fait de plus en plus parler, Linda Oh.
Miroslav Vitous est certes l’un des grands, pas juste sur son instrument, mais aussi physiquement – il frise les deux mètres. Membre fondateur du désormais légendaire groupe fusion Weather Report, il l’a quitté sur le tôt pour se lancer dans ses propres projets (on pensera au remarquable quartette avec John Surman). En 1985, le vibraphoniste Jean Vanasse l’a contacté à la recommandation d’un collègue musicien. Cette même année, et la suivante aussi, le duo se produisit en concert un peu partout au Québec, prélude à l’enregistrement du disque Nouvelle Cuisine, paru chez Justin Time en 1987. Quelque trente ans plus tard, et huit ans après leur dernière tournée festivalière au pays, ces messieurs se retrouvent sur les planches de l’Off, coup d’envoi d’une tournée provinciale cet automne.
Dans la jeune trentaine, Linda Oh est un bel exemple de l’internationalisation du jazz. Née en Malaisie, élevée et formée en Australie, se perfectionnant chez l’Oncle Sam et résidente de New York, cette contrebassiste défraie de plus en plus la chronique, à l’instar d’une certaine Miss Spalding quelques années auparavant. Outre le fait d’être impliquée dans des projets du trompettiste Dave Douglas, elle a aussi trois disques à son actif, le plus récent étant Sun Pictures qu’elle présentera en concert. On la retrouvera en quartette avec trois jeunes comparses, différents toutefois du disque, dans une formation comprenant guitare, saxophone et batterie. Une soirée faite sur mesure pour les amateurs du « gros violon ».
Pour la soirée MCM : www.multiplechordmusic.com
Infos, billetterie : 514-524-0831 (info@lofffestivaldejazz.com)
Programmation en ligne, dès le 8 septembre : www.lofffestivaldejazz.com English Version... | |